« Mon but, a-t-il écrit un jour, est mon peuple, son pain, sa liberté, son honneur. Je remplace le simulacre de patriotisme bourgeois par la fermeté nationale de mon parti, et le simulacre du socialisme marxisme par las justice sociale du même parti. Tandis qu’une Allemagne parlementaire tombe en ruine. Une Allemagne nouvelle naît. Guidé par de nouveaux étendards et de nouvelles idées conduit par des têtes froides et des cœurs chauds, le peuple allemand se lève pour remplir sa mission qui sera celle du XX°siècle. »
« De l’article IV à l’article X, le programme esquisse la forme et les conditions du nouvel Etat La question du droit d’être citoyen est nettement posée sur le terrain antisémitique. Ne peuvent être citoyens, que ceux qui sons concitoyens. Ne sont concitoyens que les hommes de sang allemand, et ceci en dehors de toute considération confessionnelle. Les Juifs n’étant pas de sang allemand, ne sont pas concitoyens » (article IV).
Dans son ouvrage le Bréviaire de la Haine, Léon Poliakov rapporte une conversation qui s’est tenue, lors d’un conseil des ministres peu après l’arrivée au pouvoir des nazis entre Goebbels, Heydrich et Goering. Le centre de la discussion était le sort réservé aux juifs allemands. Goebbels fit état de synagogues incendiées et détruites... Goering s’informa en demanda le nombre. Heydrich remis alors son rapport, bilan : 101 synagogues incendiées et 76 autres détruites. Furent également pillés et saccagés pendant ce laps de temps 7500 commerces appartenant à des juifs. Ce furent les toutes premières exactions d'ampleurs, organisées par le régime nazi. Bien d’autres suivront par la suite. Récemment un rabbin (c'était en 2006) à, en évoquant cette période parler d’une défaite pour le peuple juif. Ce terme dans le contexte qui nous occupe est totalement impropre, inadapté. S’exprimer, sur ce point de cette façon, alors que des survivants sont encore présents, est non seulement inacceptable, mais également indécent puisqu’il sous entend, que nous survivants, porterions (la partielle ?) la responsabilité de ce tragique et récent passé. Lorsque le même décisionnaire qualifie la Shoah de défaite pour le peuple juif, on peut s’interroger et se demander sur quoi il se base pour mettre en avant une telle affirmation. La première raison coule de source, nous juifs, n’avons jamais fait la guerre aux nazis. Nous l’avons subi, en avons été victimes ce qui est autre chose. Parler de défaite signifierait également que le camp nazi aurait été vainqueur. Fort heureusement, militairement parlant la victoire est allée aux armées alliées. Nous pouvons également revenir sur les termes couramment employés pour désigner l’innommable : génocide, holocauste, et shoah. Le génocide a pour objectif la destruction totale d’un groupe ethnique, terme récent puisqu’il date de 1944[1](Le Robert). A ceux-ci, je pense qu’il aurait été préférable de conserver ceux dont se sont servis les nazis à savoir : solution finale. Evocateurs, ils ne laissent planer pas la moindre ambiguïté. Les juifs considérés par les nazis comme des hommes inférieurs avec d’autres groupes tels que les tsiganes, slaves, débiles mentaux, homosexuels etc. devaient disparaître, la venue du 3ème Reich millénaire passait par ces impératifs.
Si on utilise le mot défaite, il faut le placer dans le contexte ou une victoire est possible. Les juifs n'ont pas participé à la guerre, ils en ont été victimes, ils l’ont subi. Pour 6 millions de morts, l’armée nazie n’a eu a déplorer que quelques dizaines de victimes et moins de deux cents blessés (en prenant en compte l’insurrection du ghetto de Varsovie). Il n'y a pas eu d'affrontements en tant que tels à quelques rares exceptions entre juifs et nazis[2]. On ne peut du point de vue juif parler de défaite ou de victoire. D'un point de vue nazi, il s'agit d'un échec du moins partiel, puisque la mission dont ils s'étaient investis n'a pu être menée que partiellement à son terme. Il ne s'agit pas non plus d'une défaite, puisque le travail commencé n'est toujours pas achevé, il est en cours... Même, placé dans un contexte spirituel ce type de propos bat quelque peu de l’aile. Aujourd'hui ; les juifs ont un Etat, ils ont des synagogues et sont présents dans le monde, affichent leur judaïté. On le leur reproche assez. Au regard des évènements actuels, la résurgence d'idéologies totalitaristes véhiculées par des fanatiques de toutes obédiences doit nous faire prendre conscience que la solution finale à toujours à quelque époque que ce soit été d'actualité, ça l'a été hier, ça l'est encore aujourd'hui et il est fort probable que ça le soit encore demain. Une petite différence toutefois, pendant nos siècles d’exil, nous avons dû subir, implorer, fuir être dépouillé, tué sans autre alternative, possible. Tuer un juif ou des juifs était sans conséquence. Aujourd’hui, l’antisémitisme a pris de nouvelles formes, en quelque sorte, il s’est adapté aux circonstances, le slogan n’est plus comme hier que l’on retrouvait dans les objectifs du national-socialisme : Le but de cette guerre, une Europe libre de juifs (Rossenberg), mais une Palestine libre de juifs (Mahmoud Abbas).
Poliakov dans sa remarquable analyse dit que dans les projets hitlériens, l'objectif ne consistait pas uniquement à vouloir dominer le monde.
Adolph Hitler rêvait d'un homme nouveau, d'une jeunesse dure, violente, cruelle ayant la force et la beauté de jeune fauve, Il rêvait également d'extirper la chrétienté et de la remplacer par un culte nouveau "par une foi forte et héroïque". Ce discours n’a guère changé, il est copie conforme de celui de tous les totalitarismes.
Hitler ne s’exprimait pas autrement : ... Voici le 1er degré de mon ordre, le degré de la jeunesse héroïque. C’est de là que sortira le second degré, celui de l’homme libre, de l’homme qui est une mesure et le centre du monde, de l’homme créateur, de l’homme-D.ieu, grâce à une sélection appliquée ) la race humaine.
La national-socialisme est plus qu’une religion, c’est la volonté de créer un surhomme. Pour réaliser cette création, il faut que par la lutte et la conquête que le peuple allemand devienne le peuple des seigneurs et que dans le monde entier, les étrangers réduits à l’état d’esclaves modernes travaillent au service du peuple des seigneurs. Il faut être prêt à se sacrifier, et sans craindre d’y sacrifier des millions d’allemands. Quand aux autres peuples les pertes sont sans importance.
La notion essentielle est que dans la vision d’Hitler, le Juif est non seulement inassimilable, c’est un non-peuple, à la différence des nègres, des slaves, il est nuisible, c’est le nuisible par excellence, un parasite qui vit au détriment des autres peuples, la seule perspective envisageable est son élimination. On retrouve cette problématique dans : la question juive et dans le remède à y apporter, Frank, l’un des responsables de la solution finale interprète ainsi les ordres d’Hitler : En ce qui concerne les Juifs, je vous le dirai en toute franchise, il faut qu’ils soient liquidés d’une façon ou d’une autre. Le Führer a dit un jour : si la juiverie réussissait à déclencher une nouvelle guerre mondiale, non seulement le sang de tous ceux qu’elle aura entraînés dans la guerre serait versé – mais le Juif aurait fini d’exister en Europe ”. Je sais que les mesures antijuives appliquées actuellement dans le Reich sont sujettes à critiques. Des rapports relatifs au moral du public il ressort qu’on parle de cruauté, de dureté etc. Avant de continuer mon discours, je voudrais nous mettre d’accord sur la formule suivante : nous aurons pitié seulement des Allemands et surtout des Allemands et de personne d’autre. Les autres non pas eu pitié de nous non plus..... nous n’avons pas besoin des Juifs... Alors liquidez-les vous-mêmes, je dois vous demander de vous débarrasser de tout sentiment de pitié. Nous devons exterminer les Juifs partout où nous en trouverons.... (Raul Hilberg – la Destruction des Juifs d’Europe P.877 –878).
La race aryenne est la race supérieure et la plus pure et parmi les Aryens, les Allemands sont les plus purs. La race supérieure à le droit de dominer et même d’éliminer les races inférieures, parmi celles-ci la race juive est de beaucoup la pire.
L'autre passage que cite Poliakov est également plus que significatif : "Que le nazisme ait été avant tout une religion a été évoqué à maintes reprises, les ingrédients étaient réunis, la perception en un pouvoir supérieur, la soumission à ce pouvoir et l'établissement de relations avec lui. La soumission au Führer, grand prêtre en est l'émanation, il sait exprimer la volonté de la puissance divine...."
Cette démarche fait que chaque juif est un principe d'impureté, il symbolise le mal, les forces diaboliques. Cette dualité essentielle permettait non seulement la désignation du coupable, mais donnait également à la race supérieure tous les moyens de s'exprimer afin de justifier et de mener à bien ses objectifs. La religion des maîtres était enfin taillée à leur mesure. Pour rendre encore le diable plus crédible et palpable il était indispensable de l'entourer d'une horreur sacrée. Plus l'horreur est forte, plus grande sera la foi. Le juif est impur, il souille par son contact, tout ce qui lui appartient et participe de lui... les contacts avec les aryens sont considérés comme des souillures de race, souillure criminelle, autrement pire que l'assassinat. Des peines de prison sont infligées aux délinquants, Julius Streicher (1936) estime que c'est insuffisant, le crime de souillure raciale mérite la peine de mort. Notre devoir certes est de ne pas oublier et de faire référence à ce douloureux passé, chaque fois qu'il est nécessaire.
La difficulté pour le survivant est multiple, il faut qu’il vive avec son douloureux passé, avec ses interrogations, qu’il tente de trouver le pourquoi à sa survivance... insupportable et incompréhensible pour ses contemporains, il est juif aussi, parce qu’Hitler l’a désigné comme tel. Pour ceux qui ont traversé cette période, vouloir relater de tels évènements relève de l’impossible, les mots n'ont aucun pouvoir de signification pour ce qui dépasse l'entendement. L'horreur de la solution finale est l'ordre du ressenti, cette déchirure n'a nul besoin de l'apparat du verbe. De même que les superlatifs dans ce contexte particulier sont superflus, désuets, sans aucune signification. L'horreur chez les survivants est toujours présente, quotidienne, incommunicable, elle a marqué non seulement les victimes, mais les générations à venir. Elle est inscrite de façon indélébile dans chaque juif.
J.Aikhenbaum 05 06
Antisémitisme, antisionnisme ou règlement de compte ?
Dernière minute :
J’ai assisté aujourd’hui vendredi 4 novembre 2011, a une tentative d’agression contre les élèves de l’école ORT à Montreuil 93100.
"Vers
13 heures 30, j’étais rue Raspail à Montreui, lorsqu’une bande d’individus arrivés en voiture à pieds et en scooter, s’en sont pris à des jeunes
(juifs) qui sortaient de l’école. Cette attaque à été préparée, puisque en totalité une quinzaine d’individus composait la bande d’agresseurs. Quitte à choquer la ligue des droits de l’homme et
autres mouvements antiracistes, cette bande était pour l’essentiel composé de noirs et de maghrébins. Je ne connais pas les motifs exacts de cette
attaque, ni si elle a été motivée par un précédent, mais j’ai tout lieu de supposer que la motivation des agresseurs était de bouffer du juif."
Si cette attaque a échouée, c'est grâce à l'intervention quasi immédiate des forces de police.
L’histoire n'est-elle donc qu'un perpétuel recommencement ?
[1] En 1948 : l’ONU définit le génocide – Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Adoptée par l'assemblée générale des nations unies le 9 décembre 1948
Considérant que l’Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies, par sa résolution 96
(I) en date du 11 décembre 1946, a déclaré que le génocide est un crime du droit des gens, en
contradiction avec l'esprit et les fins des Nations Unies et que le monde civilisé condamne;
Reconnaissant qu'à toutes les périodes de l'histoire le génocide a infligé de grandes pertes à
l'humanité;
Convaincues que, pour libérer l'humanité d'un fléau aussi odieux, la coopération internationale
est nécessaire;
Conviennent de ce qui suit :
Article premier
Les Parties contractantes confirment que le génocide, qu'il soit commis en temps de paix ou en
temps de guerre, est un crime du droit des gens, qu'elles s'engagent à prévenir et à punir.
Article II
Dans la présente Convention le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis
dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux,
comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa
destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
Article III
Seront punis les actes suivants :
a) Le génocide;
b) L'entente en vue de commettre le génocide;
c) L'incitation directe et publique à commettre le génocide;
d) La tentative de génocide;
e) La complicité dans le génocide.Considérant que l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, par sa résolution 96 en date du 11 décembre article premier
[2] On peut, au regard des chiffres et du travail accompli, considérer que les pertes nazies que les pertes des nazis, correspondent à celles d’un quelconque“ accident de travail ”. Les juifsne se sont jamais opposés aux nazis, ils se sont soumis. Ils pensaient que d’une manière ou d’une autre, la pression allemande s’émousserait. Cet espoir se fondait sur 2000 ans d’expérience. Les Juifs n’avaient jamais été réellement anéantis par la passé. Les survivants avaient toujours proclamé à l’appui de leur stratégie “ Le peuple Juif vit ” (Ham Israël Haï). Cette expérience était si profondément enracinée dans la conscience juive, qu’elle faisait force de loi. Le Peuple Juif ne pouvait être anéanti. Hilberg Raul - la destruction des Juifs d’Europe p.1922 Folio histoire.