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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 18:42

 

 

 

Après le départ des anglais

La Syrie, terre cosmopolite

Voilà les Anglais partis de la Syrie  pour voler au secours de l’Egypte. Leur passage, qui n'aura été que de durée relativement courte, trop longue a notre gré, n'aura fait qu’ajouter pour quelque temps un élément de plus à la population des territoires syriens, qui est extrêmement variée. C'est, en effet, un, reste de tous les dépôts des différents peuples, des différentes races qui, au cours des âges ont possédé ou traversé la Syrie.Grecs, Arabes, Turcs, Arméniens, Juifs, Francs, Maronites, Druses, Métottalis; Ansarieh, Bédouins, Turkomans, Kurdes et, naturellement, Européens, le mélange est complet. Les Arabes, dont la langue est l'idiome principal du pays, composent la majeure partie de la population des villages. Les Turkomans habitent de préférence les plaines d'Antioche, les Kurdes sont fixés dans le Gahour, les Bédouins sur la limite de leurs déserts.

 

Dans les monts du Liban vivent les Maronites, les Métoualis et les Druzes.

 

Les Juifs ne sont qu'en minorité dans le pays qu'ils considèrent pourtant comme leur patrie. Des 15 millions d'Israélites répandus de par le monde, 40.000 à peine vivent en Palestine. Outre les chrétiens, les musulmans et les Juifs qui peuplent la Syrie, il y a beaucoup de tri­bus qui ont des cultes particuliers, notamment les Druzes, les Métoualis et les Ansarieh. On peut y ajouter les Maronites, bien qu’ils se rattachent aujourd'hui à l'église romaine.

Les Druses sont monothéistes et leur morale est très pure. Les Métoualis sont polygames, adorent Ali, sont fanatiques, s'écartent des chrétiens et ont la réputation d’hommes belliqueux mais généreux.

Les Ansarieh sont d'origine judaïque. Leurs femmes sont exclues de toute instruction religieuse….. Leur religion est un mélange de sabéisme et de christianisme.

Quant à l'église arménienne, elle a un patriarche à Jérusalem, où la communauté arménienne possède un grand couvent….

 

 

 

 

Notre Empire

Les mouvements antifrançais

La Syrie déchirée.

On ne peut exactement comprendre le drame qui se joue en Syrie et au Liban qu'en se reportant à l'avènement du Front populaire.

Cette formation électorale est composée de trois partis politiques : radical, socialiste et communiste. Seul, le premier s'est rallié depuis quelques années à l'idée coloniale. Les deux autres, les plus puissants et les plus actifs, la combattent. Ils sont anticolonialistes. Leurs doctrinaires, leurs orateurs, leurs journalistes considèrent la colonisation comme un moyen d'exploitation du capitalisme et de la bour­geoisie. Pour eux, il n'est en la matière qu'une formule : l'émancipation immédiate, la « libération » ; autrement dit, l'abandon. C'est à cela que tendent leurs efforts. Il convient de ne pas l'oublier si l'on veut saisir le sens exact de nos déboires coloniaux dans le Proche- Orient.

 

Les socialistes déjà

 

Lorsque, en mai 1936, le Front populaire, sur un coup de dé électoral, prend le pouvoir, le second empire colonial du monde par une invraisemblance sans pareille dans l'Histoire, se trouve donc aux mains de gens qui en tous temps et en tous lieux se font les champions de sa dislocation.

Vont-ils mettre leurs projets à complète exé­cution ? L'envie ne leur en manque pas. Mais le morceau est un peu gros et les radicaux, d'ailleurs, ne marcheraient pas. Cependant, socialistes et communistes ont besoin, pour leur clientèle électorale — celle de France et d'outre-mer — d'un geste specta­culaire d'abandon.

Ce sera la Syrie qui fera les frais de cette haute trahison.

 

.....Cette situation engage entièrement la re­sponsabilité du ministère Blum, soit qu'il ait péché par ignorance, soit que ses créatures l'aient exploitée pour des fins personnelles. Ce qu'un avenir prochain nous apprendra.

 

Quand l’étranger se dispose à prendre notre place

Absorbée par des difficultés intérieures sans précédent, l'opinion publique française ne trouve ni le temps, ni le goût de se passionner pour ce qui serait pourtant susceptible de lui assurer une incomparable prospérité : son em­pire colonial.

Mais d'autres y pensent pour elle. Et il n'est pas peu désagréable de constater que dans le Proche-Orient toutes les nations inté­ressées procèdent comme si nous étions cata­logués « démissionnaires ».

 

L'Angleterre a été discuté, contesté, parfois même ridiculisé. Ce sont des choses qui ne se pardonnent pas de l'autre côté de la Manche.

C'est pourquoi, au premier signe de notre fléchissement, la Syrie est devenue un champ de luttes pour Rome et Londres : chacun vou­lant prévenir notre départ éventuel. Les livres et les lires sont tombées soudainement aux bons endroits. Et de cette agitation, bien entendu, c'est nous qui avons fait les frais.

L'Italie, solidement installée dans le Dodé­canèse, rêve de trouver sur la côte syrienne la base maritime qui ferait face à Chypre — de plus en plus fortifiée par les Anglais — et qui serait le pendant du port de guerre britannique de Haïfa, en Palestine. L'Italie rêve aussi de l'indispensable pétrole.

 

L'Angleterre, elle, sait que la Syrie com­mande géographiquement l'Irak, source du pré­cieux liquide nécessaire à la Home Fleet évo­luant en Méditerranée.

Elle sait que la route des Indes, grâce à l'avion, suit, comme il y a mille ans, le- chemin direct des caravanes, par le Levant et la Perse.

La Syrie et les terres voisines sont devenues le champ clos d'une lutte fantastique. Un champ clos retiré et silencieux comme ces pro­priétés aux abords des grandes villes où, au petit matin, adversaires et témoins se retrou­vent, loin de toute publicité, pour régler, le fer à la main, d'irréductibles haines.

Le malheur veut que ce champ clos, tout le monde s'apprête à oublier qu'il est d'abord français.

 

 

Il y a aussi le problème juif.

On dira : que « la Palestine ne nous regarde pas». Voir !

Les Anglais ont là une épine entre chair et peau qui est de taille. La finance juive, qui leur a arraché en pleine guerre la fameuse note Balfour contre espèces sonnantes et tré­buchantes, n'est pas disposée à lâcher ce gage merveilleux. Les Arabes non plus. Et l'Angle­terre éprouve pour le moins autant le besoin d'être bien avec eux durant la paix qu'elle eut celui de l'être avec l'argent juif durant les hostilités. La solidarité arabe est bien connue. Elle est, par une forme inattendue des nationa­lismes modernes, de plus en plus vive et active. Se brouiller avec les Arabes de Palestine, ce serait perdre l'amitié nécessaire de tous ceux qui, de Suez à Aden et jusqu'au Bengale, par­ticipent à cette prodigieuse et toute convention­nelle arme politique : la route des Indes.

Mettre d'accord, sur notre dos, Arabes et Juifs n'est plus, aujourd'hui, une pure vue de l'esprit. On apprend, en effet, que pour met­tre fin à l'antagonisme arabo-juif, les Anglais auraient décidé de scinder la Palestine en deux.

Cette opération, malgré les protestations de façade des Israélites, est évidemment tout à l'avantage de ces derniers puisque, d'une part, elle réalise leur grande aspiration, la création de la République de Sion, et que, d'autre part, elle se fait sur le dos des Arabes auxquels on arrache une partie de leurs terri­toires. Avec quelles compensations ? On a écrit un peu partout dans la presse française : « En rattachant la Palestine restée arabe au royaume de Transjordanie. » Mais toute la presse du Proche-Orient, d'Istanbul au Caire, a été beaucoup plus explicite et beau­coup plus compréhensible. Elle a ajouté :

... Et la Syrie du Sud...

 

 

 

Choix de textes et mise en forme 

Jean Aikhenbaum

- sources Je suis partout – Au Pilori – l’Humanité ‘années 1937 – 1938)

 

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