Vous glissez à merveille sur ce terrible anti-sémitisme ! Comment nous défendre, c’est là
grand point faible… qui n’a pas pesté contre les Juifs ! ce sont les pères de notre civilisation… on maudit toujours son père à un moment donné … leur ai-je fait du mal ?
Rigolade ! m’ont-ils fait du mal ? Hum… pas mal, j’en crève de les avoir insultés….
(entretien 1947 cité dans
Les idées de Céline – Philippe Almérias – Berg International p.265)
Voyage au bout…. De Céline
France - En
consultation chez le Docteur Destouches
Alias Louis-Ferdinand
Céline
Ben quoi ? Céline, c’est moi après
?....
« Ajoutez à ces termes un accent
gouailleur, et vous aurez le « climat » de la réception que l'auteur du Voyage.... nous fit le jour où lui fut décerné le prix Théophraste Renaudot. » Ainsi parla un de mes
confrères.
Un autre encore, qui assista, par quel
miracle à une auscultation du docteur Destouches, rapporte : Il tutoie familièrement tous ses malades, en vrai Bardamu... » Bardamu est le personnage principal du Voyage au bout de la
nuit...
Comme j'achevais le Voyage..., je sombrai
dans une inquiétude vague, persistante, et qui, se répercutant sur mon organisme, m'amena toutes sortes de maux insomnies, inappétence, dégoût général. Je ne prétends pas, aujourd'hui, que cet
état pathologique se dénommait « célineurasthénie », non ; mais ; sur le moment, je le crus.
Et de là à déduire que seul le docteur
Destouches pouvait me guérir...
LA PAILLE ET LA POUTRE
Les Américaines yankees, qu'on entend pousser de tels cris, créer de tels raffuts, d'universels hurlements (lynchages, pétitions procès etc...) dès qu'un
nègre les caresse (en public), comment qu'elles se marient aux Juifs et à toute berzingue et tant que ça peut !
Louis-Ferdinand CELINE.
(Bagatelles pour un massacre.)
Voyage au bout de la banlieue (entretien 1941)
Fief de Louis-Ferdinand Céline
Le moyen de rencontrer Céline ? traversez Paris en métro, à une porte prenez un autobus et offrez
hardiment les tickets bleus de M. Mariage ; ne descendez qu'au lointain terminus, marchez à pied deux bons kilomètres, enjambez deux fois la Seine sur des ponts moitié de pierre, moitié de bois ; au bout, quelque part, s'élève un modeste dispensaire municipal. Là, avec de la chance, vous pourrez apercevoir Louis-Ferdinand Céline, toubib et génial écrivain. A son œuvre énorme qui fit quelque bruit, il vient d'ajouter un nouveau livre, Les Beaux
Draps, lessivage du linge sale de la famille, sans ménagement, à coups de battoir, mais pratiqué avec la grâce et la légèreté dont la tradition par les lavandières de jadis.
La, vie l'a rendu méfiant. Tout de suite, il m'a dit avec une gentille fermeté :
On peut parler du bouquin... si on veut ! faut pas parler de moi ! Je ne suis pas Madame Darrieux ! La
question littéraire, c'est un genre féminin, bêtement féminin ! Et puis, faut pas parler du bonhomme, jamais ! c'est trop moche l'homme !
A la fin de l'après-midi, notre Ferdinand me répétait :
- Il est bien entendu, mon pote, tu l'as juré, que tu ne raconteras rien de ta visite !
J'avais juré, le vrai serment d'Hippocrate, nec visa, nec audicta, nec intellecta ! Parlons du
livre.
L'Ecole des Cadavres était dédiée « à Julien l'Apostat », Les Beaux Draps sont offerts « à la
corde sans pendu ».
T'en as vu, toi, des pendus depuis la débâcle ? interroge Céline goguenard.
Comme si j'étais venu pour être questionné !
Les Beaux Draps vont surprendre plus d'un lecteur, même
parmi les fanatiques !
- Pourquoi ? interroge toujours Céline.
- On dirait une édition expurgée... toutes proportions gardées... bien entendu !
- Les critiques diront — de quoi se taper le derrière —, Louis-Ferdinand Céline le scatologue est
atteint d'essoufflement.
Pour ma joie, Ferdinand, doué d'une prodigieuse grossièreté verbale, dément par ses propos un
diagnostic aussi sommaire.
Pour lui prouver qu'à l'occasion, il possède le sens de l'injustice, je cite un
critique :
« Les lettres ne sont point un divertissement de jeunes filles ni de frères et la vraie bibliothèque
n'est pas rose. » Et encore, à propos de Bagatelles pour un massacre : « Il n'existe pas dans notre littérature, depuis la Ménippée et les poèmes d'Agrippa d'Aubigné, de pareil hurlement de
colère, répercuté par les échos d'une syntaxe parlée, muselée, gaillarde et nue comme une fille du Grand Courbet. Cela, c'est le don effréné, qui ne s'enseigne nulle part qui n'obéit à aucun
zèle.....
les natures modérées, contenues, tièdes et académiques ».
— Sacré Léon Daudet ! s'esclaffe Céline dans un rire fracassant.
Déjà, au temps du Voyage au bout de la nuit, les deux hommes s'étaient reconnus d'instinct, médecins,
cousins du médecin curé de Meudon, François Rabelais. Le trio quoi !
....Il utilise le même acide et tout aussi bien la barre de fer, le burin, la massue, le rire, le
rugissement féroce et joyeux. L'ensemble à l'image de la vie, et du sang chaud, généreux, a de quoi effrayer les « personnes pâles ». C'est l'excuse de M. Robert Desnos, par exemple, ami de feu
Jeanson, qui, fait sa nourriture d'autres pilules, fabriquées naguère par les gendelettres enjuivés et les petits messieurs de la Maison de la Culture, au temps du Front Popu.
- J'empêche personne d'aimer la guimauve, concède
Céline.
Dans Les Beaux Draps, le Juif n'a pas la vedette, et comme je le remarque avec un peu de regret,
Ferdinand ajoute :
- Pour le Juif, j'avais fait de mon mieux dans les deux
derniers bouquins... Pour l'instant, ils sont quand même moins arrogants, moins crâneurs... Faut quand même pas s'illusionner. Le secrétaire des Médecins de Seine-et-Oise s'appelle
Menekietzwictz.
« Aujourd'hui, s'est dressé, menaçant, devant le pouvoir
bourgeois, l'humanisme prolétarien de Marx, de Lénine, de Staline,
vraiment; humain, fondé sur. l'histoire de. la. science, l'humanisme qui a pour fin la libération totale du
peuple travailleur de toutes les races et de toutes les nations des griffes de
fer du capital.
« Cet humanisme révolutionnaire donne au prolétariat le droit,
historiquement justifié, à la lutte irréductible contre
le capitalisme, le droit de ruiner, et de détruire
les fondements de l'odieux monde bourgeois. » (La Culture
et le Peuple, pages 265-266.)
Pour mieux célébrer Gorki et mobiliser les travailleurs pour la défense
de l'U.R.S.S.
Issu du peuple crucifié
par le tsarisme, vous
vous êtes élevé, par votre propre énergie créatrice,
aux plus hauts sommets de
la littérature universelle.
Combien d'écrivains soi-disant avancés, qui n'arrivent pas û
votre cheville, se complaisent d'un régime corrompu jusqu'à
la moelle.
Mais vous, dédaignant les avances et déjouant les pièges
de l'ennemi, vous
êtes resté fidèle il vous-même, a vos origines. plébéiennes, à la grande
cause
des humbles, des humiliés, des déshérités.
Vous méritez ainsi, la fervente et chaude reconnaissance des
prolétaires du monde entier.
«Après la
mort de Lénine celle de
Gorki est la perte la
plus cruelle que subit notre pays et l'humanité »
MOLOTOV
Comme voilà qui diffère
des spéculations stériles de nombreux « intellectuels
». Le mot Homme, pour
Gorki, reprend toute
sa valeur, il « résonne
fièrement » comme il
disait. Pourquoi ?
Parce, que Gorki aimait véritablement l'homme et le merveilleux avenir qui lui est
destiné, car l'homme porte en lui cet avenir.
Le cas Maxime Gorki (1933)
Depuis quelque temps Maxime Gorki parle et fait beaucoup parler de lui. Ses manifestations bruyantes et ses articles en faveur des gens de Moscou et pour la
défense de leur manière de faire ont attiré une fois de plus sur lui, l'opinion mondiale.
Ainsi, tout dernièrement, le journal berlinois, la Deutsche Allgeineine Zeitung s'étonnait que Gorki,
qui a pris sur lui d'être le chef de la propagande bolcheviste à l'Étranger et de peindre en rose tous les méfaits des bourreaux moscovites » préfère au paradis soviétique l'Italie fasciste qui a
une si mauvaise presse dans l'U.R.S.S. Gorki, remarque ce journal, essaie de justifier sa présence en Italie par son mauvais état de santé. Cependant il existe en Crimée et au Caucase des
endroits dont le climat est aussi doux que celui de Sorrente.
Eu vérité, la raison pour laquelle Gorki décline toujours l'invitation de Staline de venir dans
l'U.R.S.S. et continue de rester à Sorrente, c'est que sous la dictature de Mussolini il se sent plus libre et en plus grande sécurité que sous celle de Staline.
Maxime Gorki, il faut le dire, a parfaitement conscience de la fausse position dans laquelle il se trouve placé aussi bien vis à vis de ses amis de Moscou que
de ses admirateurs de l'étranger. Aussi, il essaie de sortir de cettte situation ambiguë, ou tout au moins de l'atténuer par des « rétablissements laborieux ». D'où cette avalanche de lettres
qu'il adresse à la presse soviétique et dont le ton est d'une platitude et d'une servilité qui n'ont de pareils que le morne ennui qui s'en dégage. Voici, par exemple, quelques passages d’une
lettre publiée la Pravda et qui est adressée aux camarades littérateurs et au conseil de rédaction de la Presse soviétique.
« Camarades ! Vous vivez sous de nouveaux ciels, sous des
ciels où volent de grands oiseaux faits de bois et de fer par vos propres mains. La conquête du ciel est considérée comme le triomphe de l'esprit humain. C'est parfaitement vrai. Mais à notre
point de vue vous êtes en train d'accomplir quelque chose d'encore plus grandiose : vous avez déjà conquis presque toute la terre et vous la conquerrez bientôt tout à fait grâce à l'énergie de
votre pouvoir, grâce à votre intelligence. Vous la délivrerez pour toujours des griffes rapaces, de là propriété individuelle. Vous détruirez le terrain qui fait naître continuellement les
exploiteurs du travail d'autrui. En vérité vous faites une nouvelle terre, plus féconde, plus clémente à l'homme, car vous savez très bien, qu'elle exige des soins continuels, une continuelle
attention, comme un organisme vivant qui nous nourrit et qu'on ne petit exploiter aussi bêtement et d'une manière aussi, rapace qu'a été exploité votre travail par vos maîtres d'hier. Entre vos
mains je vois la science, la plus haute expression de l'intelligence humaine en absorbant toutes ses données, vous transformez véritablement la terre, aussi vite que vous en faites surgir
d'immenses fabriques et de colossales usines ».
Textes choisis et sélectionnés par
Jean Aikhenbaum
Sources sélectives : Je suis Partout – l’Humanité
-