2ème partie
Les huîtres et l'iode
L'iode avait (et a toujours) une importance thérapeutique. Mais depuis longtemps on sait que son usage est lié à de nombreux inconvénients. Son administration est difficile. De plus elle peut être liée à diverses complications gastriques. Les médecins du début du siècle ont trouvé une solution originale, faire vivre des huîtres dans des élevages "sur iodés" contenant des algues, qui ont comme particularité d'assurer l'assimilation de l'iode minéral sous formes organiques. Cet élevage a été réalisé dans la station biologique d'Arcachon. Elles étaient utilisées à l'époque pour remplacer l'iodotherapie dans les cas de rachitisme, de lymphatisme, dans les engorgements ganglionnaires, la scrofule, pour les asthmatiques, dans diverses scléroses et dans le traitement de la maladie de Basedow. Une douzaine d'huîtres iodées contenait environ 18 mg d'iode. La cure pour une personne adulte comportait avec 12 à 15 huîtres par jour (pour les enfants 6 huîtres), et se prolongeait jusqu'à l'obtention d'une amélioration.
Anémies
Les huîtres contribuent (grâce au fer, cuivre et manganèse) à la régénération sanguine.
La dose moyenne conseillée est fonction du poids et de l'âge, mais l'on peut considérer qu'une moyenne de 6 à 12 huîtres par jour pendant une durée de 3 semaines représente une base de traitement.
Aphrodisiaques
Plusieurs substances d'origine animales ont été citées au cours de siècles comme ayant des propriétés aphrodisiaques. L'ambre gris est substance provenant des intestins de cachalot est l'une d'entre elles. En Chine on utilisait (et on utilise toujours) des ailerons de requin dont on extrait, après cuisson, une matière filandreuse, qui est consommée telle, ou dans le célèbre potage 'aux ailerons de requin" qui se trouve au menu de la plupart des restaurants asiatiques. C'était l'un des plus chers aphrodisiaques orientaux, on dit que c'était celui qui avait la faveur des dignitaires chinois arrivés à l'automne de leur vie.
Enfin, le prépang est une petite holothurie. La viande de cet animal cuite dans de l'eau bouillante 30 minutes, refroidie, coupée en deux et séchée au soleil puis réduite en poudre est également un aphrodisiaque asiatique. Il se consomme généralement comme assaisonnement dans les plats.
Constipation
Oribiase médecin de Julien conseillait les huîtres dans le traitement de la constipation. Tournefort les appelait "les amis de l'estomac" et dira d'elles "qu'elles entretiennent le ventre libre".
La dose dans ce cas précis est variable. Toutefois la consommation de 6 à 12 huîtres par jour, loin des repas pendant une quinzaine de jours représente une première approche thérapeutique intéressante.
Manque d'appétit
Dans ce cas précis la consommation d'huîtres est vivement conseillée, car elles représentent un apéritif de choix, leur ingestion probablement grâce à la forte quantité de chlorure de sodium contenue dans leur chair et dans leur liquide externe et interne, provoque une importante sécrétion de suc gastrique et a pour résultat la stimulation de l'appétit et des fonctions digestives.
Foie (insuffisance hépatique)
Voilà, là encore une des indications des huîtres à tous ceux et à toutes celles qui souffrent d'hyperfonctionnement du foie. Le Dr Puget pour expliquer l'efficacité des huîtres dans ces pathologies fait appel aux conceptions de l'organothérapie (opothérapie). Entre les deux guerres on traitait les patients atteints de ce type de pathologies avec des extraits de foie sous forme de suc glycériné ou tout simplement par l'ingestion de foie cru. Il écrivait donc "Or, nous savons que le foie de l'huître est très volumineux, puisqu'il peut atteindre jusqu'au 1/10 du poids total de la chair du mollusque en hiver, (...) Ce rapport du poids de la glande hépatique au poids total est rarement atteint dans le règne animal, et constitue un fait intéressant à noter. De plus lorsque nous mangeons une huître, nous ingérons un animal entier et de ce fait, ce n'est plus des extraits hépatiques que nous absorbons mais le foie dans son ensemble, ce qui représente un gros avantage". Même si cette explication basée sur l'organothérapie est pour nous peu crédible nous pensons que par la richesse biochimique des huîtres on pourrait trouver des explications de leurs effets bénéfiques dans les affections hépatiques basées sur les connaissances scientifiques actuelles. Peu importe la théorie expliquant leur action thérapeutique, l'essentiel étant le résultat et dans ce cas précis toutes les observations concordent et attribuent à l'huître une action sur le système hépatobiliaire.
La prise est à adapter à chaque cas précis, on pourra à titre d'exemple commencer par l'ingestion de 6 huîtres par jour assaisonnées au jus de citron et augmenter progressivement les doses, jusqu'à une douzaine, voire une douzaine et demi par jour, pendant des périodes allant de 15 jours à trois semaines. La prise avant les repas, si possible 1 heure avant en améliore les résultats.
Ulcères atoniques
Ambroise Paré conseillait les huîtres en tant que pansements appliqués sur les ulcères atoniques. Il recommandait également l'emploie des huîtres pilées avec leur écailles sur les bubons pestilentiels.
Diverses méthodes peuvent être employées pour en faciliter l'usage. La première façon de procéder est d'utiliser le mélange tel quel, additionné d'un peu d'eau et de faire un bandage afin de le maintenir.
La seconde façon consiste de faire une pâte homogène avec pour base de l'argile que l'on mélange à part égale à la précédente préparation. Ces mélanges s'appliquent à même la peau et se renouvellent toutes les deux heures.
Enfants (croissance)
Le besoin en sels minéraux au moment de la croissance, quand l'ossification est en pleine activité nous fait conseiller la consommation des huîtres aux adolescentes et aux enfants. On rappelle que celles-ci contiennent notamment des vitamines A et D (vitamines essentielles antirachitiques et de croissance).
Les quantités sont fonction dans ce cas précis de l'âge et du poids de l'enfant ou de l'adolescent. Pour les huître de moyenne taille ont peut toutefois considérer que la prise entre 3 et 12 huîtres par jour, nous semble être intéressante. La durée quant à elle est également variable et pourra être de 15 jours à 3 semaines renouvelée.
Faiblesses
De nombreux blessés, affaiblis par des pertes de sang importante ou par des saignées (traitements fréquemment préconisés dans les siècles passés), voyaient leur force rétablie en faisant des régimes ne comportant que des huîtres
Il semble intéressant de noter que René Quinton, obtenait des résultats similaires avec des perfusions de plasma de Quinton (2 volumes d'eau de mer pour 5 volumes d'eau distillée). On peut donc également prendre ce type de traitement par voie buccale à raison de 10 à 40 ml par jour pendant des périodes variables (de 15 jours à 1 mois et même d'avantage) en fonction de la tolérance de chacun.
Ostéoporose
Voilà probablement avec huître le moyen le plus agréable et le plus judicieux pour diminuer notablement les risques liés au vieillissement et à l'ostéoporose en particulier. Riche en sels minéraux la consommation en est fortement conseillée à partir de 55 - 60 ans ceci aura pour effet de diminuer les risques de la raréfaction des travées osseuses et la modification des os.
La consommation pourra se faire par période de cure de 15 jours à 3 semaines (renouvelables) à des doses que l'on augmentera progressivement (de 6 à 18 par jour).
Carences et dénutrition
De par leur immense richesse en micro et macroéléments à leur digestibilité aisée et à leur action apéritive, l'huître est l'aliment de choix dans tous les cas de malnutrition et de carences liées à l'alimentation. Un médecin du dix-neuvième siècle écrivait "les huîtres sont presque le seul aliment qui nous reste, lorsque plus rien ne passe". C'est un aliment conseillé à tous les convalescents dans tous les cas où la maladie a épuisé l'organisme parce que l'huître apporte une grande quantité de substances nutritionnelles et que par ailleurs, elle peut du fait de sa digestibilité être assimilée sans "fatiguer" trop notre tube digestif. Elle s'impose dans le cas des avitaminoses (y compris de carence en vitamine C), mais aussi dans les carences azotées et les carences salines. Le pouvoir bienfaisant des huîtres est connu depuis fort longtemps des marins et des populations qui vivent au bord de la mer. Une histoire relate l'aventure d'une frégate perdue en mer pendant plusieurs semaines dont l'équipage condamné à ne consommer que des conserves furent rapidement de maladies carentielles graves. Les huîtres trouvées sur la côte d'une île inhabitée firent disparaître en peu de temps "miraculeusement" les douleurs, le scorbut, les hémorragies, les oedèmes dont les marins étaient atteints.
Déjà entre les deux guerres les pionniers de la médecine nutritionnelle afin de combattre les régimes carencés conseillaient la consommation d'huîtres aux... mangeurs de conserves et d'aliments cuits afin d'éviter les gingivites, les larges ecchymoses près des grosses articulations, les douleurs osseuses ou articulaires et autres pathologies que déjà à cette époque on appelait le "scorbut moderne" (carences liées aux nouvelles modes alimentaires).
Là également la prise en est variable et doit être adaptée à chaque cas particulier, 6 à 12 huîtres par jour nous semble être une bonne indication de départ, pendant des périodes allant de 15 jours à 3 semaines, renouvelables si besoin. La prise doit se faire de préférence avant les repas et en observant un temps de repos (de 30 minutes à 1 heure).
Le plasma de Quinton peut également compléter ce type de traitement à des doses variables suivant les tolérances particulières de 10 à 40 ml par jour à jeun pendant 15 jours renouvelables.
Troubles gastriques
Le traitement par les huîtres donne toujours de bons résultats dans les cas de dyspepsie hyposthénique (symptômes principaux un appétit capricieux, irrégulier, diminué, la langue est sale, l'haleine est fétide, il peut y avoir de la constipation, mais parfois de la diarrhée, des bouffés de chaleur, de la somnolence, des céphalées). Le Dr Puget conseillait également les huîtres dans les cas de dyspepsie, de cancers gastriques. D'après lui "Ces malades ont perdu appétit, ont de l'anorexie refusent les viandes et les graisses et ont très souvent des vomissements. Ils sont anémiés, asthéniés, présentent une anachlorhydrie totale. Chez eux, l'huître stimulera l'appétit, aidera à la digestion, permettra à l'estomac, en exaltant son énergie, d'être plus tolérant, et à l'état général d'être moins déficient...".
La prise huîtres régulièrement peut être également complétée par le traitement de plasma de Quinton, suivant les indications précédentes.
Entérocolite muco-membraneuse
L'indigestion d'huîtres (ou l'ingestion de produits de la mer d'une manière générale) améliore l'état de santé des malades qui souffrent d'entérocolite. Rapidement on observe une diminution des douleurs, la régularisation de selles etc.
Piotr Daszkiewicz
Jean Aikhenbaum