Article publié dans « Réussir votre santé » - 1996
Faut-il avoir peur des manipulations génétiques ?
En 1975, un groupe de scientifiques, biologistes et chimistes dans un appel : recommandaient la prudence et un certain principe d’éthique dans l’utilisation de nouvelles techniques et principalement la biotechnologie. Paul Berg, inventeur de cette innovation signa cet appel.
Les manipulations génétiques font l’objet de la plus grande inquiétude de la part d’éminents biologistes mondiaux.
Pour la première fois depuis la dynamite et la bombe atomique, une découverte suscitait la peur même chez ses inventeurs.
Depuis bon nombre d’années, on cesse de nous montrer le bénéfice, réel ou imaginaire de la biotechnologie ; en revanche, très rarement on nous parle des risques liés à son application. Afin de mettre en évidence l’importance du choix social concernant les manipulations génétiques, il suffit de rappeler domaines concernés de cette technique :
• la production des antibiotiques, hormones, interférons et autres substances difficilement accessibles à la synthèse chimique classique.
• La création de plantes résistant aux maladies et n’exigeant pas d’engrais.
• Les nouvelles sources d’énergie.
• Les micro-organismes dépolluants.
• L’élimination des maladies génétiques.
• La reconstitution d’animaux disparus.
• Des vaccins sans risque pour la santé.
• La reconstitution de l’histoire de la vie.
• Enfin, le décodage et l’intervention dans notre patrimoine génétique.
Tout d’abord, on constate que la biotechnologie est fort loin de réaliser une faible partie de ses promesses, et en sus, qu’elle subit de nombreux échecs. On suppose qu’une grande partie de ceux-ci est intégralement liée caractère réductionniste de la biotechnologie moléculaire en général. Ceux qui nous ont promis le décryptage de notre ADN oublient d’ajouter que cette information est vide et que seulement quelques pourcentages de cette information différencient l’homme de la bactérie et que ce pourcentage est encore plus faible si l’on se réfère à des animaux.
La science est donc très loin de la découverte du véritable mystère de la vie.
Ce mystère est-il d’ailleurs accessible à l’homme ?
Jusqu’à présent, la biologie n’est même pas capable d’établir la définition de la vie, le propre objet de ses études.
Le gène NIF (nitrogène fixation) fournit l’information selon laquelle certaines bactéries (Clostridium – Azotobacter) peuvent se fixer sans azote atmosphérique. Ces bactéries vivent en symbiose avec certaines plantes la transmission de ce gène de bactéries pourrait éviter l’utilisation des engrais.
Un enjeu économique colossal, qui fait taire toutes les voies dissonantes.
Étant donné l’importance économique et écologique de cette possibilité, plusieurs laboratoires travaillent sur le NIF. Le gène est bien déterminé on a réussi à l’isoler et on a même trouvé un vecteur, c’est-à-dire un complexe transportant le gène à divers organismes. Mais personne n’a réussi à créer une plante capable d’assimiler l’azote atmosphérique ! Peut-être que cette démarche est fausse dès son origine ? Peut-être est-il impossible de réduire les phénomènes de la symbiose et les relations très complexes entre les plantes, les micro-organismes, le sol, en une simple inscription génétique ?
Des risques sous-évalués ?
Il est évident que les risques sont encore plus grands lorsqu’il s’agit de recherches militaires. Rappelons qu’en 1979, l’épidémie de charbon (plus exactement une maladie intermédiaire entre le charbon et le choléra a Svierdlovsk). La poubelle de l’usine militaire, non stérilisée et jetée, causa la mort de plusieurs milliers (dizaines de milliers ?) de personnes.
Une propagation non maîtrisée.
Il suffit bien souvent une petite erreur ou même d’un animal contaminé pour déclencher une catastrophe. En outre, l’arme biologique (les micro-organismes manipulés ou les pathogènes ordinaires) se propage, contrairement aux autres armes, se reproduisent indépendamment de la quantité utilisée. Ajoutons que le coût relativement bas (en comparaison des recherches nucléaires et spatiales) ainsi que la facilité d’accès à l’information rend cette arme accessible a pratiquement n’importe quel laboratoire.
L’écologie bactérienne est très peu connue, il n’existe aucun moyen de contrôler les micro-organismes relâchés. Les gènes suicidaires qui s’auto détruiraient (seule garantie proposée par les généticiens) ne sont pas toujours réellement suicidaires.
De plus, ils ne sont pas capables de prévenir la propagation des informations génétiques – même mortelles – car les nombreux échanges de matériels génétiques typiques du entre les micro-organismes dans la nature.
La diffusion des micro-organismes suscite actuellement de fortes émotions.
Le 24 avril 1987, un premier relâchement eu lieu en Amérique. Après un long procès juridique entre écologistes et promoteurs des bactéries (Pseudomonas recombiné protégeant les plantes contre le gel) on arrêta l’opération.
En cas de contrôle juridique, les producteurs plus exactement les manipulateurs génétiques, utilisent le chantage à la création d’emplois pour imposer leur volonté. Nordisk a quitté le Danemark pour installer son unité de production en Irlande, par ce que la législation danoise est très soucieuse à ce qui touche l’environnement et la santé publique.
Les producteurs « plus prévoyants » choisissent des pays plus conciliants tels que ceux d’Amérique latine ou d’Europe de l’Est, ils sont à peu près surs de s’épargner des procès, des condamnations, une interdiction ou encore une jurisprudence pointilleuse.
La génétique n’a pas de chance avec la politique du XXe siècle. Par deux fois la théorie et la pratique générées par cette science a servi les systèmes totalitaires. Les conceptions racistes de l’Allemagne nazie et le Lissenkisme du communisme sont les cartes noires de l’histoire pour certains biologistes.
Il n’est pas impossible que ces pratiques reviennent. Il y a de cela quelques années, un groupe de politiciens russes soutenus par une équipe de chercheurs de l’Académie des sciences a proposé la conception d’un « gène soviétique commun à tous les habitants de l’ex URSS ». Cette théorie a été créée dans le but de mettre en discussion l’indépendance des pays baltes. Pour cette fois, « la théorie de la génétique » n’était pas appliquée. Même dans les pays démocratiques, la génétique moléculaire peut menacer la liberté de l’individu.
Un risque pour les libertés individuelles.
La connaissance du génome humain (déjà utilisé par certaines agences d’assurances) peut mettre en cause le principe de l’égalité des chances. La discussion sur la génétique, la liberté et l’égalité commençait par Dobzhanski et Mayr il y a de nombreuses années (sur le principe de l’égalité des chances et non sur les résultats) est hélas, toujours d’actualité. Enfin, le fait d’utiliser des empreintes génétiques par l’appareil judiciaire indique bien la faiblesse de l’individu face a la génétique moléculaire. L’empreinte génétique est une méthode d’identification de l’individu par l’analyse de son matériel génétique, ou ADN, avec un très faible pourcentage d’erreur en théorie (en France en 1989 – 200 empreintes génétiques avaient déjà été établies).
Un des principes qui visent la sûreté de la méthode contesté.
L’un des principaux laboratoires commercialisant ce test, la société Lifecode a estimé à 1 pour 10 millions la probabilité que l’empreinte génétique d’un suspect innocent soit identique à celle d’une tache de sang trouvé sur le lieu d’un crime. Eric Lander, de l’université d’Harvard, repris les données et calculé la probabilité d’erreur : un pour 24 selon lui. Le test de multi systèmes (basé sur l’analyse du polymorphisme des protéines) était déjà utilisé par divers laboratoires de médecine légale lorsque, en 1987, une publication recommanda de l’utiliser seulement que pour le polymorphisme flagrant en raison des imperfections de la méthode.
La possibilité de se défendre contre l’injustice génétique est faible, rares sont les personnes qui peuvent s’offrir une contre-expertise, et aussi rares sont les laboratoires qui veulent attaquer le principe de la génétique moléculaire de plus en plus sacralisée par la presse.
Les échecs de la biologie moléculaire ne calme pas à notre inquiétude, les risques liés aux manipulations sont multiples.
Je ne suis pas assez compétent pour m’occuper des questions de la nature éthique concernant la destruction de notre tabou le plus profond : l’intervention dans notre ADN et ses conséquences, j’ai souhaité seulement indiquer quelques implications de la génétique moléculaire.
Le premier genre de risques est fonction de la libération des organismes génétiquement manipulés dans la nature. Il est impossible de prévoir comportement des nouveaux organismes dans l’environnement. L’histoire de l’introduction de certaines espèces animales (surtout en Australie et en Nouvelle-Zélande) montre la gravité que ce type de changement comporte.
Le son genre de risque est lié aux organismes artificiels la succession d’accidents ne peut que nous interpeller :
• 1967, la brucellose dans une usine lyonnaise.
• 1972, la rage dans un laboratoire américain.
• 1976, l’épidémie de grippe aux États-Unis.
Alexandre Bienert - Jean Aikhenbaum
Voir également :
http://www.hstes1.com/article-gene-de-la-connerie-70585272.html
http://www.hstes1.com/article-bio-technologies-procreation-medicale-assitee-ogm-73891758.html
http://www.hstes1.com/article-redouter-terrorisme-faut-il-71926457.html
Sources :
– Sheldom Krimsky, Genetic Alchemy, The Social History of the Recombinant DNA Controversy.
– Biotechnics and Society.
– Peter Neufeld, la science et la justice – pour la science.
– 153/1990 J. Cardenas –Ethical implications of the commercialization of GeneticallyRngineered Products.
– C. Vincent biotechnologie : risque enjeu et communication.
– Haerlin, The risks are unknow- Appel to Reason concerning the Deliberate Realase of Geo.
– Kersti Gustaffon, Ecological Risk Assessment of the Deliberate Release Genetically Modified Organismes.