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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 15:08

Rester jeune éternellement !

peut-on enfin  faire la nique au temps ?

un petit éventail de ce que nous propose l’arsenal thérapeutique....

Réparer l’usure du Temps

Depuis l’aube des temps, l’homme est hanté par son vieillissement et la décrépitude qui le guette inéluctablement. La recherche de moyens, de remèdes miraculeux pour retarder, conserver ou mieux encore retrouver sa jeunesse a fait parallèlement  rêver le bon populo... et la fortune des charlatans.

Buffon  ne s’y trompait pas, puisque sur ce sujet, il s’exprimait ainsi : les moyens proposés pour rajeunir ou immortaliser le corps sont tout au moins aussi chimériques, que la fontaine de jouvence est fabuleuse.

 

Combattre les effets du temps n’est pas chose facile, à ce jour, la pilule miracle fait toujours recette... le bonheur des laboratoires et de leur tiroir caisse. Etre jeune a son prix, on vous vante la petite pilule miraculeuse qui va vous faire retrouver ou conserver éternellement votre jeunesse. Qu’en est-il réellement ? que peuvent nous apporter toutes ces nouvelles substances. Pour ce faire, nous sommes allés sur les bases de données scientifiques pour  savoir ce qu’il en était. 

Au cours de ces dernières décennies, bon nombre de théories accompagnées de traitements adéquats ont vu le jour, tous aussi prometteurs les uns que les autres, hélas, qu’il s’agisse du traitement du Dr Aslan, de Voronof, de Niehans qui proposait un traitement à base de cellules fraîches, de placenta etc. aucun n’a su tenir ses promesses.

Pour prévenir ces risques, de nombreux programmes tournent autour de la supplémentation alimentaire par hormones.

 

Et les consommateurs ? satisfaits dans la majorité des cas !

 

La complémentation alimentaire est sur la lice, des produits miraculeux vous allez en trouver dans tous les rayons parapharmacies des grandes surfaces... ça marche, ça marche même très bien. Nous voulons parler du commerce bien entendu. Le reste, c’est autre chose. De toutes façons le client en a pour son argent, puisque lorsque vous interrogez l’utilisateur, il est toujours satisfait.

Les États-Unis sont à la pointe, les nouvelles méthodes se succèdent ou se complètent à un rythme effréné. La mélatonine a eu son heure de gloire et connaît toujours un succès commercial qu’essaient de lui ravir de nouveaux produits.. tous aussi miraculeux.  Un ouvrage en a fait la promotion (traduit de l’américain) avec un titre on ne peut plus racoleur  «Le miracle de la mélatonine», paru dans la collection Réponses chez Robert Laffont. Il est l’œuvre de deux éminents chercheurs, Walter Pierpaoli (qui dirige un laboratoire de recherche à Ancône et fait des conférences sur le vieillissement et le cancer) et William Regelson (qui est professeur de médecine, spécialiste en oncologie, microbiologie et techniques médicales). Avec deux pontes de cet acabit, nous aurions de quoi être rassuré. Dans leur ouvrage, extrêmement bien fait, ces éminents chercheurs nous vantent les mérites de cette hormone qu’est  la mélatonine que nous fabriquons pendant une période de notre vie par l’intermédiaire de la glande pinéale.

Ils se proposent - lorsque celle-ci commence à faire défaut - d’où le début de notre vieillissement, que nous la remplacions par de la mélatonine de synthèse.

Pour prouver les bienfaits de cette substance synthétique, ils se sont livrés à de nombreuses  expérimentations animales, et tous leurs tests se sont à leurs dires révélés concluants, positifs. Rien que des avantages pas de contre-indication. Leur démarche est de faire connaître leurs travaux, afin de mettre à la portée de tous de la mélatonine de synthèse à un prix dérisoire, de façon à ce que nous vivions jeunes et débarrassés des maux qui peuvent nous frapper, lorsque nous prenons de l’âge. Hélas, ce n’est pas aussi simple que cela, en effet, les systèmes de fonctionnement de notre corps sont forts complexes, et il ne suffit pas - loin s’en faut - d’ajouter une substance, qui nous fait apparemment défaut, pour combler le déficit.

 

    Mélatonine petite mise au point  

 

Dès sa découverte par Aaron Lerner en 1969, la mélatonine intéresse de nombreux chercheurs. Ceux-ci s'accordent pour dire que cette hormone, produite surtout par la glande pinéale, joue un rôle clé dans plusieurs processus métaboliques. Elle semble être responsable de la régulation des rythmes biologiques, nous donne la capacité de nous adapter aux différences saisonnières, ainsi que de différencier le jour de la nuit.

Dès la fin du XIXe siècle, on sait que les tumeurs de la glande pinéale des enfants engendrent l'hypogonadisme et la puberté précoce. Cette observation a permis de proposer une hypothèse sur le rôle primordial de la sécrétion de mélatonine dans la reproduction. On a constaté qu'une concentration anormale de mélatonine favorise certaines pathologies mentales ainsi que la maladie de Parkinson. Certains chercheurs supposent qu'elle est le régulateur des régulateurs, c'est-à-dire qu'elle a la capacité d'agir sur plusieurs hormones.

Tous ces résultats et ces hypothèses ont incité les laboratoires à mettre sur le marché la mélatonine à des fins médicales, tout d'abord dans les cas de pathologies graves, pour lesquelles il n'y avait pas de possibilités de traitement connu. L’action de la mélatonine est beaucoup moins efficace que ce que l'on avait préalablement supposé et espéré.

Des équipes de scientifiques japonais et américains, sous la direction du Dr Mory (de l'université de Tokyo) et du Dr Cohen (de New York), n'ont jamais réussi à renouveler les résultats positifs dans le traitement des cancers obtenus par les laboratoires, "promoteurs" de la mélatonine. Le seul point sur lequel les chercheurs soient d'accord, c'est que cette substance reste énigmatique et que, du fait de son importance dans les processus de régulation, il faut l'utiliser avec la plus extrême prudence. Les expériences effectuées sur les animaux démontrent sa puissance. Une dose de 10 µg (dix millionièmes de gramme) a été suffisante pour modifier le système reproductif.

Il ne faut toutefois pas oublier que les informations sur cette hormone sont souvent contradictoires. On sait, par exemple, qu'elle a son importance dans le métabolisme des sucres. Mais certains chercheurs sont "moins optimistes" que d'autres. Attkins et Matty démontrent expérimentalement sa capacité à diminuer considérablement la sécrétion de l'insuline. Elle peut donc avoir une influence dans la genèse du diabète.

Les variations du taux de mélatonine sont caractéristiques lors de la menstruation (ce taux est en général plus important dans la période qui précède et celle qui suit les règles). De par ce simple fait, il est clair qu'un traitement à base de mélatonine va modifier le cycle menstruel avec toutes les conséquences que cette dérégulation peut occasionner. Son utilisation devrait donc se limiter à des cas bien définis.

Aucun laboratoire de recherche n'a réussi jusqu'à présent à démontrer son action rajeunissante. Il est important de souligner que la dégénérescence du système hormonal, qui se trouve liée au processus du vieillissement, est probablement le résultat de la chute du nombre de récepteurs cellulaires (sites où se fixent les hormones) et non de la diminution de capacité que possède l'organisme à synthétiser les  hormones.

De plus, de nombreuses recherches confirment que plusieurs facteurs, tels que les drogues, l'alcool, ou les calmants, modifient la sécrétion de mélatonine naturellement produite par notre organisme.

 

La DHEA

 

N’est délivrée maintenant que sur ordonnance. Cette hormone appelée déhydropiandrostérone (DHEA), bénéficie d’un engouement particulier qui échappe à toute logique. Derrière, il a tout un discours qui se transmet de bouche à oreilles. Cela à tout de la rumeur.   Les chercheurs qui ont mis au point cette substance, il faut le reconnaître sont très discrets sur les pouvoirs que les utilisateurs attribuent à cette hormone, les plus optimistes disent que nous n’avons pas assez de recul. Les plus réalistes quant à eux pensent que les bienfaits tiennent du placebo et que toute manière, si ils existent ils sont loin de compenser les effets néfastes qui commencent à être mis en évidence. L’utilisateur, monsieur et madame tout le monde ne veut rien savoir, on est dans l’irrationnel le plus total.

Aucun test n’a pu démonter son efficacité. Toutes les études confirment que la DHEA ne montre aucune action ni dans la prévention de cancers ni dans la prolongation de la longévité et de la jeunesse.

« La littérature gérontologique est entièrement tournée vers la recherche obsessionnelle de la cause du vieillissement : de préférence, une seule cause, ou, tout au plus, un petit nombre de grandes causes ; Au cours de ma carrière de biologiste, les changements hormonaux, la détérioration du système immunitaire, la dégénérescence nerveuse se sont disputés tour à tour le titre de la Cause, bien qu’aucune séries de résultats convaincants n’ait jamais été avancée pour soutenir l’une ou l’autre de ces théories…. Le vieillissement met en jeu de nombreux systèmes simultanés… il ne sert à rien d’entretenir à grand frais un organe particulier du corps, si les autres organes connaissent une détérioration plus rapide. Réciproquement, il n’est pas judicieux non plus de permettre à quelques systèmes de se détériorer avant les autres…. » Diamond Jared – Le troisième chimpanzé – essai sur l’évolution de l’animal humain NRF essai p. 164. 

 

Si vous êtes vraiment accro, et que vous voulez pas voir votre jeunesse s’envoler, en restant les bras croisés.

 

Il existe quelques trois cents théories différentes qui tentent d’expliquer les processus du vieillissement. Le physiologiste Max Rubner, au début du siècle a démontré que chez diverses espèces animales, la durée de vie était en rapport avec la consommation d’énergie (alimentaire). Ces expérimentations ont été faites sur des animaux totalement différents, puisqu’il utilisa des vaches, des chevaux, des chiens et des cobayes. Chez ces différentes espèces, la dépense énergétique ramenée au gramme de poids corporel de n’importe quel  animal était identique. Ce qui tendrait à démontrer que nous aurions à notre disposition un capital énergétique de transformation alimentaire constant, identique, limité en quantité. Ceci justifierait le vieil adage bien connu qui dit « que l’on creuse sa tombe avec ses dents ». A partir de ces expérimentations d’autres théories ont vu le jour. Des chercheurs ont pu démontrer que le rat et la souris soumis a un régime alimentaire restrictif voient leur espérance de vie prolongée en moyenne de 30 %. La sous alimentation, qui ne faut pas confondre avec la malnutrition augmente effectivement la durée de vie des rongeurs. Chez nos proches cousins les primates, les résultats sont identiques. Les singes sous alimentés, restent jeunes et vigoureux plus longtemps que ceux du groupe témoin suralimenté. Phénomène intéressant, leur taux de glucose et d’insuline est également plus bas, ce qui donne à ces animaux une meilleure protection contre les maladies telles que le cancer, le diabète et les maladies cardio-vasculaires. Les animaux soumis à des régimes restrictifs sont d’un point de vue général en meilleure santé. La restriction alimentaire non seulement stimule les capacités physiques mais elle permet de les conserver jusqu'à un âge avancé. Les chercheurs observent également que chez les rongeurs sous alimentés le système neuro endocrinien est sans cesse en éveil, ils sont à même de mobiliser plus efficacement leurs réponses immunitaires, Ils sont plus endurants, résistent mieux au stress...

Pour étayer cette thèse et l’extrapoler à notre espèce, nous pouvons dire qu’au delà d’un certain âge, le pourcentage de personnes qui présentent des surcharges pondérales est infime.

Le processus du vieillissement est inscrit dans tous les systèmes vivants, nous ne pouvons qu’espérer le retarder. Vouloir faire plus est d’autant aléatoire que nous sommes dans l’incapacité d’en comprendre tous les processus. La seule chose qui nous soit accessible c’est de l’observer. Nous ne connaissons pas non plus les raisons qui permettent à chaque système d’avoir des fonctions différentes. Ce qui est toujours un sujet d’étonnement pour les chercheurs, est de savoir comment les cellules peuvent arriver à s’organiser pour prendre des formes aussi dissemblables à l’intérieur d’un même organisme. L’autre grande question qui n’est toujours pas élucidée est de savoir pourquoi le vivant est  continuellement en transformation. Toutes ces raisons font, que ramener le corps à une machine dont les pièces usagées seraient plus ou moins interchangeables, relève plus du fantasme que de la réalité.  Le corps est une entité propre, complexe, indissociable et ceci, même si nos moyens chirurgicaux actuels réalisent des prouesses et arrivent à pallier quelques une de nos défaillances.  Ceci ne  souffre aucune comparaison avec la fantastique organisation du monde vivant, qui non seulement est étonnante de par sa perfection et qui de plus est inexplicable. Tout au long de notre vie, dans un fonctionnement normal,  l’auto réparation de nos organes est quasi permanente, elle permet non seulement par exemple la cicatrisation de nos plaies, mais également l’élimination de cellules mutantes. Ce n’est que dans des conditions anormales que notre corps tombe malade ; même dans ce cas de figure, c’est toujours le travail d’auto réparation qui prime sur tout autre, les remèdes, les interventions humaines ne sont là (ou ne devraient l’être), que pour lui faciliter la tâche. 

En Suède, l’influence du caractère génétique est très fortement souligné par les chercheurs.

Les découvertes de macrothermodynamique (thermodynamique supramoléculaire) qui étudient les systèmes quasi fermés et les données publiées sur la composition chimique des organismes, confirment l'existence d’une  relation entre la thermodynamique et les processus du vieillissement. Si nous nous référons aux théories thermodynamiques, la valeur spécifique de la fonction de Gibbs de la  formation des structures supramoléculaires a tendance à aller vers le  minimum. Cette tendance explique le changement chimique et morphologique des tissus pendant la phase du vieillissement. La théorie thermodynamique permet de dire qu'il est possible ralentir ces processus à l’aide d’un régime alimentaire approprié. Adjoindre à son alimentation  la consommation de certaines substances est également bénéfique. Ces substances et aliments doivent avoir un caractère préventif sur les  pathologies même considérées comme mineures. La stabilité chimique de la structure supramoléculaire des tissus permet comprendre le point de vue de la thermodynamique, et son explication du vieillissement ainsi que le ralentissement de ces processus.

Gladyhev G. Thermodynamics of aging Izvestiia Akademii Nauk. seria Biologicheskaia. (5) 1998

Samuelsson SM et all. The Swedish Centarian Study: a multidisciplinary study of a five consecutive cohorts at the age of 100. International Journal of Aging &Human Development 45 (3) 1997

Jean Aikhenbaum

Piotr Daszkiewicz  

 

LE MYTHE DE LA JEUNESSE ETERNELLE

 

                "Eos avait obtenue de Zeus que Tithonos devînt immortel mais elle avait négligé de demander pour lui la jeunesse éternelle. Aussi Tithonos, en vieillissant, fut-il accablé d'infirmités. A la longue, Eos l'enferma dans son palais, où il menait une vie misérable. Ou bien, à force de vieillir, il perdit l'aspect d'un homme et devint une cigale toute desséchée."

                Pierre GRIMAL, "Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine"

                p.141 colonne A, éditions P.U.F., Paris 1976

 

le mythe de l’éternelle jeunesse

 

                L'idée d'une éternelle jeunesse a toujours hanté l'esprit humain. L'usure du temps, la perte de la beauté corporelle et de la force physique, la diminution des capacités intellectuelles : ces fléaux inhérents à la condition humaine ont de tous temps frappé les penseurs et les artistes. Le mythe d'Eos, la déesse de l'Aurore, que nous citons en exergue, en est une belle illustration.

 

                Bien entendu, ce sont d'abord les religions qui ont été les grandes consolatrices de l'homme en lui promettant, en contrepartie d'une vie pieuse vouée à la vertu et au bien, la résurrection soit de l'âme soit du corps, soit des deux à la fois. Le mythe de l'éternel retour en est un autre exemple. Notre propos n'est pas d'étudier ici les différents mythes et les différentes religions car toutes prennent en compte l'idée de l'immortalité.

                On trouve dans le Premier livre des Rois (1-1/5) l'épisode de la guérison du roi David qui n'arrivait plus à se réchauffer en dépit des nombreuses couvertures que l'on posait sur son lit. Ses serviteurs eurent l'idée de faire rechercher dans tout le territoire d'Israël une belle jeune fille qui lui donnerait sa propre chaleur en couchant sur sa poitrine. Abishag de Shunem fut choisit. "Cette jeune fille était extrêmement belle; elle soigna le roi et le servit, mais il ne la connut pas".

                Il y a là finalement l'idée d'un échange concret qui permet au roi de récupérer auprès de la jeune fille une partie de sa jeunesse et de sa vigueur et à Abishag de rester dans la mémoire collective comme éternellement jeune et belle. La Bible ne parle d'ailleurs pas de sa vie ultérieure.

                L'oeuvre littéraire classique qui met en jeu l'idée de l'éternelle jeunesse est évidemment le "Faust" (écrit entre 1790 et 1832) de Goethe. En fait Goethe s'est inspiré d'un thaumaturge allemand du XVIème siècle qui exista réellement. Le dramaturge anglais Marlowe en avait déjà donné une version en 1592 intitulée "La tragique Histoire de Faust". De nombreuses variantes furent écrites par la suite en Allemagne, en France (le livret de l'opéra de Charles Gounod en 1859) et ce thème inspira également la peinture (de Delacroix à Ary Scheffer) et le cinéma (notamment le grand metteur en scène expressionniste allemand F.W.Murnau en 1926). Le sujet en est célèbre : Le Diable, à la suite d'un pari avec Dieu, propose au docteur Faust de lui vendre son âme en contrepartie de l'avantage d'une éternelle jeunesse. Il séduit Marguerite, l'abandonne et celle-ci, après avoir tué son enfant, est jetée en prison. Mais le poids du péché et l'amour qu'il éprouve finalement pour elle lui permettent de se racheter. Dans le "Second Faust", ni la science ni la pensée ni l'amour ne peuvent rassurer l'inquiétude de Faust et seule l'action le sauve et lui permet d'échapper à l'Enfer.

                Le personnage de "Melmoth, l'homme errant", inventé par Mathurin et repris par Honoré de Balzac dans un conte fantastique de jeunesse est fortement inspiré de celui de Goethe. Là encore, un homme érudit, âgé et lassé de la vie croit trouver le bonheur en acceptant ce fantastique marché : vendre son âme au Diable en contrepartie d'une jeunesse éternelle. Mais le spectacle des horreurs du monde et la connaissance surhumaine qu'il acquiert ainsi le rendent encore plus malheureux qu'avant et il ne souhaite plus qu'une chose : retrouver l'humaine et humble condition.

 

Du roman à la littérature fantastique  

 

Balzac a approfondit ce thème dans son célèbre roman fantastique "La peau de chagrin". Son héros, un jeune étudiant joueur et passionné, demeure toujours jeune et une peau achetée chez un mystérieux antiquaire vieillit à sa place. Oscar Wilde, vers la fin du XIXème siècle écrit de son côté "Le Portrait de Dorian Gray" qui est sans doute l'oeuvre la plus sublime jamais écrite sur le sujet. Ayant émis le voeux que son portrait vieillisse à sa place, Dorian comprend qu'un Dieu égyptien l'a exaucé. Dès lors, l'assurance que lui procure son état l'entraîne vers la perversion et le mal. Il contemple les stigmates et les dégradations que subit son portrait tandis que son corps demeure inaltérable. Sans révéler la fin étrange du roman, signalons qu'Albert Lewin en a donné la meilleure adaptation au cinéma en 1946, sous le même titre. Le désir d'éternité est nettement teinté de romantisme dans l'oeuvre de Wilde. Conscience du mal, face cachée et sombre de la réalité : Dorian Gray est au fond assimilé au docteur Jeckyll, le personnage inventé par Robert-Louis Stevenson à la même époque.

De Dorian Gray au docteur Jeckyll (et Mister Hyde), la pente nous entraîne finalement vers le personnage du vampire. D'abord légende très vivante en Europe Centrale, il devient héros du roman de Bram Stocker sous le nom du comte Dracula. Le réalisateur Terence Fisher rappelle que l'acteur Christopher Lee et lui étaient d'accord pour mettre en relief dans "Le cauchemar de Dracula" (1958) la tristesse et la solitude du personnage. D'accord aussi pour montrer son absence d'humanité. Le vampire est devenu une créature du Diable. Il n'est plus humain et ne peut éprouver aucune sorte d'amour ou de plaisir. Son unique but est de se prolonger lui-même. Son âme n'est en repos que le jour où il est détruit par les procédés rituels illustrés spectaculairement tant dans le roman que par ses adaptations au cinéma. Alors son aspect physique se transforme et son corps redevient rapidement cendres, tant il est vieux. Le philosophe Baruch Spinoza écrit au XVIIème siècle que "chaque être tend à persévérer dans son être" : le vampire est la parfaite illustration de cette formule qui peut sembler obscure.

La comtesse hongroise Erzebeth Bathori est en revanche bien réelle. Elle se baignait dans le sang des servantes vierges qu'elle faisait travailler comme domestiques dans son domaine. Les villages alentours ne voyaient jamais revenir les jeunes filles qui étaient appelées dans son château. Un film anglais tourné en 1972 par Peter Sasdy avec Ingrid Pitt retrace l'étrange histoire de "La Comtesse sanglante" qui pensait obtenir ainsi une éternelle beauté.

L’avant-dernier film de Terence Fisher, “ Frankenstein must be destroyed “  (“Le retour de Frankenstein” 1969), repose sur l’idée d’un transfert du cerveau d’un grand savant schizophrène dans un nouveau corps. Mais l’expérience, destinée à soustraire à la mort le sujet (il n’aurait put supporter l’opération dans son corps “précédent”) afin qu’il révèle le secret de la technique qu’il a mis au point, engendre d’infernales conséquences. Jean-Marie Sabatier a d’ailleurs justement écrit que ce film était probablement le plus désespéré de l’oeuvre Fishérienne.

 

                Le souhait définitif formulé par Lamartine en 1820 dans son poème "Le Lac":

                "- O temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,

                "                suspendez votre cours !"

                traduit ce que Ferdinand Alquié appelait si bien le “désir d’éternité”.

 

Francis Moury

 

 

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