Celui qui méprise sa vie dispose de la tienne
Sénèque
Terrorisme, les armes du futur !
Alexander Brince
Va-t-on assister à la prolifération des armes biologiques
Il y a une trentaine d’années un étudiant américain avait choisi comme sujet de thèse : Comment produire une bombe atomique dans un petit atelier de bricolage. Cet étudiant réussit alors à démontrer qu’il était possible de fabriquer une arme nucléaire, en utilisant les informations et les articles disponibles aux USA. A l’époque ce mémoire fit un grand bruit. Il a servi de base à un grand nombre de déclarations sur la prolifération de l’armement nucléaire et la possibilité de l’apparition d’une nouvelle forme de terrorisme.
La recherche d’effets médiatiques
L'attaque du commando suicide sur les bâtiments publics aux Etas-Unis a causé la mort de plusieurs milliers de personnes. L’objectif recherché est une action antidémocratique, anti occidentale, qui soit très spectaculaire et médiatique. Il est également possible d’envisager que dans le futur des groupes terroristes optent pour des opérations moins médiatiques, moins spectaculaires en apparence, beaucoup plus efficaces sur le long terme. Quelle est la place du terrorisme biologique et de quels moyens disposons-nous pour y faire face ?
Un aspect utilitaire des OGM échappe à nos médias !
Les OGM dans l’agro-alimentaire suscitent beaucoup de controverse, les consommateurs européens à juste raison sont peu enclins à les voir arriver dans leur alimentation. On parle beaucoup moins, et c’est regrettable, de leur utilisation dans l'armement biologique. Pourtant le danger n’est pas purement hypothétique, il est bien présent. L’attaque avec des armes biologiques est différente, difficile à déterminer avec certitude. Là, pas question de voir des tours en flammes, des personnes prisonnières qui se précipitent dans le vide, des pompiers héros applaudi par des foules en pleurs. Les seuls indices auxquels nous auront accès, seront de froides statistiques discutées par d’éminents spécialistes. De plus, en ce domaine nos sensibilités se sont émoussées avec l’apparition de fréquents problèmes de pollution environnementale, de nouvelles maladies (vaches folles - Sida) et la réapparition d’anciennes que l’on croyait éradiquées. Ce n’est un secret pour personne que la variole ou la grippe espagnole peuvent devenir les agents efficaces de chantage entre les mains de groupes de pression et devenir ainsi des armes redoutables.
Ce que le grand public ignore, c’est qu’il est nettement plus facile d’obtenir des bactéries pathogènes résistantes à tous les remèdes actuellement disponibles, que des plantes génétiquement modifiées. Tous les spécialistes savent que manipuler génétiquement des bactéries n’offre guère de difficultés. Le coût est faible et aujourd'hui ce savoir faire est à la portée de n’importe quel laboratoire. N'importe quel groupe terroriste est à même de se procurer un équipement complet et avoir à disposition un arsenal suffisant pour assassiner des centaines voire des milliers de personnes, sans grand risque d’être repérés. Il est même possible de faire de substantielles économies en achetant ce type d’armement prêt à l’emploi, chez les trafiquants d’armes de l'ex URSS.
Les victimes ciblées
Il est même possible de cibler les victimes. Il y a une quarantaine d’années à la suite d’une « panne malencontreuse » dans une usine de vaccins comme les appelaient pudiquement alors les communistes leurs centres de recherche et de production d’armes biologiques, des décès survinrent et frappèrent des hommes qui travaillaient sur le site. Ils étaient âgés de 16 à 50 ans.
Que la résistance de ces organismes passent dans la nature et infeste d’autres organismes ? Ce n’est pas ce qui va arrêter les candidats au terrorisme. Le seul problème qu’ils ont à résoudre, c'est d’arriver donner à leur action une ampleur médiatique suffisante pour créer des climats de panique. De tels actes seront nettement moins spectaculaires que le piqué en direct d’un avion de ligne sur un building. Scénario catastrophe ? Ce n'est pas le pire ; il en existe d’autres, nous pouvons facilement imaginer rendre pathogène voire mortelle d’innocentes bactéries utilisées communément pour...la fermentation laitière. Chaque fromage, chaque verre de lait peut contenir des toxines redoutables. Ne plus boire du lait ? aucune importance, on peut atteindre le même objectif avec les bactéries de l'eau ou de l'air.
La protection ?
Quelles sont nos possibilités de défense contre de telles menaces ? Avons-nous des réponses ? Parmi les risques qui touchent aux OGM, les producteurs redoutent le détournement de cette technologie par les pays pauvres. Ce que craignent les producteurs occidentaux c’est de voir les pays pauvres piller la biotechnologie occidentale sans bourse déliée. En se référant aux bases de données médicales, on constate que nos moyens de faire face à des agents de guerre biologique ordinaires et bien connus depuis des décennies sont peu fiables. Parmi ceux-ci nous trouvons Pasturella tularensis, responsable de pneumonie grave, souvent mortelle, la botuline, substance d'origine bactérienne redoutable était déjà connue pendant la Première Guerre Mondiale. Cette toxine tout a fait naturelle, est l’une des plus puissantes. Ces effets peuvent être dévastateurs. Autrefois, la contamination se faisait principalement après la consommation de charcuterie avariée. Elle peut être dispersée à l’aide d’aérosols ou contaminer l'eau. Bacillus anthracis, l’agent de l'anthrax, qui à, il y a quelques années frappé les USA, est responsable de pathologies graves, n'importe quel spécialiste en microbiologie peut en produire en quelques jours avec un budget insignifiant. Les bactéries du genre Yersinia, posent toujours à l'Institut Pasteur un problème puisqu’il ne parvient pas à mettre à jour leur systématique. Elles n’offrent pas de difficulté de production.
Il n'est pas nécessaire de disposer d’une infrastructure complexe, de logistique d’avions pour contaminer une source d'eau potable, il suffit ...lâcher quelques moustiques porteurs de maladie. Les micro-organismes peuvent ensuite se reproduire.
Les moyens médicaux ?
La médecine est-elle à même de nous protéger contre ces fléaux ? Ni les vaccins ni les antibiotiques connus ne sont d’une réelle efficacité. L’anthrax, est source de très nombreux problèmes souvent insolubles, le traitement est aléatoire. Il est difficile de prouver l'efficacité des vaccins, lorsque l’on sait qu’il existe des mutants de Bacillus anthracis. Les exemples de l’impuissance scientifique abondent. Les tentatives pour tenter de contrôler schistosomias, qui est naturellement présent au Venezuela, ne sont guère encourageantes. Après des dizaines d’années de recherche, de nombreux programmes internationaux et les millions de pétrodollars investis, aucune maîtrise de cette maladie n’a pu être obtenue. Seules les déclarations officielles ont changé, les communiqués tentent de nous faire croire que schistosomias est largement moins présent et que l’incidence de la maladie a largement diminué. Si vous allez sur place, vous constaterez qu’il a quelques raisons de mettre en doute ces rapports. Le Venezuela est un pays qui a fait un grand effort pour combattre ces maux. MANTIS, le premier « an Portable Analyte Identification System » permet grâce à un biocapteur optique de détecter SEB (entérotoxine de staphylocoque), particulièrement dangereuse (et utilisée comme armement biologique) offre l'opportunité de...constater que cette toxine est plus fréquente que d'habitude. Ainsi, si nous nous dotons de ce merveilleux appareil, nous aurons la chance en cas de contamination de pouvoir discerner si nous sommes les victimes d'un attentat terroriste ou d'une " intoxication rare mais connue".
Et l'armée disposent-elle de moyens pour répondre à ce problème. Voici ce que propose, les armées américaine et russe qui disposent de budgets énormes pour tenter de faire front à des attaques par aérosols biologiquement actifs :
En premier lieu détecter l’aérosol par laser et ensuite...faire usage du masque destiné à vous protéger. Question, pendant combien de temps peut-on vivre avec un masque ? Et les civils, à quel moment en auront-ils à disposition, sera-t-on en mesure de satisfaire toute la population ? et combien au préalable compterons-nous de victimes ? Est-il utile de rappeler qu’une attaque terroriste biologique, comme de nombreuses maladies peut se manifester après plusieurs semaines d’incubation. Note optimiste, il semble (sous toutes réserves) que les masques de l'armée américaine modèle M17/M40 soient les plus efficaces.
Même les recherches qui touchent uniquement à la défense contre ces agents sont très problématiques. Les chercheurs américains sont les seuls à en discuter, très souvent ils refusent de participer à ce genre de travaux. Ils évoquent la toxicité des agents utilisés sur des cobayes "volontaires" qui n’ont que des connaissances vagues des risques. Ils évoquent les effets secondaires, de perdre tout contrôle et de laisser filer ces vilaines bactéries dans la nature. Alors que faire ?
Vous pensez être impuissants ? Peut-être pas, commençons par rejeter toute complicité même tacite envers toute forme de terrorisme. Le prix que nous risquons de payer pour une politique myope qui considérerait que nous ne sommes pas tous concernés est beaucoup trop élevé pour que nous l’acceptions.
Alexander Brince
Les accords internationaux pour limiter l’emploi des substances toxiques ne datent pas d’hier. L’emploi de l’ypérite durant la guerre 14-18 violait les déclarations de Bruxelles de 1874 et celles de La Haye de 1899. Ces interdictions ont été par la suite en raison de l’apparition de nouvelles substances renforcées. Différents protocoles ont vu le jour interdisant les gaz asphyxiants et l’utilisation d’armes bactériologiques. La Biological Weapons Convention de 1972 interdit, la recherche, la production leur détention et a exigé la destruction des stocks. Toutes ces mesures ont nullement empêché les différents pays de poursuivre dans cette voie. Ainsi les recherches sur les programmes d’armes biologiques à des fins défensives ont continué, afin de produire en fonction des nouvelles technologies des moyens « de défense » parfaitement adaptés à l’objectif visé. On trouve parmi ceux-ci, la tularémie, le charbon, la fièvre de Queensland, l’encéphalite, la grippe, la dysenterie, le typhus, la peste, la variole etc. Dans le rapport publié en 1970 intitulé : Santé publique et armes chimiques et biologiques, l’OMS a répertorié une soixantaine de micro-organismes sources de pathologies létales ou incapacitantes. Cette liste ne cesse de s’accroître avec le développement de la biotechnologie. Il est devenu possible de créer artificiellement de nouveaux agents pathogènes ou tout simplement de modifier les propriétés immunogènes d’une bactérie tout en conservant son pouvoir pathogène. On peut également conférer à un micro-organisme inoffensif un pouvoir pathogène. Cela demande, un peu plus de travail, l’appareillage est un peu plus sophistiqué, la documentation est disponible et le matériel peut même être acheté à crédit ! Il est également possible de produire des bactéries et virus qui séparément sont totalement inoffensifs et qui deviennent pathogènes lorsqu’ils sont réunis. Il en va de même pour les armes chimiques deux agents chimiques qui seuls n’ont peu ou pas de toxicité peuvent se transformer en une arme extrêmement puissante et dévastatrice lorsqu’ils se mélangent. C’est le cas du Sarin. Il est important de souligner que les agents chimiques employés comme arme sont proches des pesticides utilisés dans l’agriculture !
L’utilisation d’armes biologiques est difficile à démontrer. Au Vietman, pendant le conflit soviéto-américain, l’affaire des pluies jaunes en est l’illustration. On n’a jamais pu savoir si les pluies qui ont provoqué des dégâts épouvantables, étaient dues réellement à l’arme B mise au point par les soviétiques, ou s’il s’agissait d’un phénomène naturel.
D'après les révélations de l’expert britannique Simon Reeve, les membres d'un groupe terroriste Al Kajde originaire d'Albanie ont réussi à se procurer des souches de l'anthrax et de la botuline. Apparemment, elles proviendraient de Brno ville de République Tchèque. Le prix payé pour ces armes biologiques serait de huit mille dollars pour chaque "dose". Le ministre des affaires étrangères de la République Tchèque a reconnu, que la Tchécoslovaquie a produit ces toxines à des fins militaires pendant la période communiste, le stock aurait été détruit après la chute du communisme. Cette déclaration est sans le moindre doute exacte, mais il n'est pas certain qu'une partie du stock "ne soit pas passée entre des mains privées" avant que l'opposition démocratique n’arrive au pouvoir. Cette information n’est pas nouvelle puisqu’en 1994 et 1998, des terroristes ont été soupçonnés d’acheter de l'armement biologique en République Tchèque. Ce pays autrefois sous contrôle communiste serait une pays plaque tournante de soutien aux terroristes. Les autorités tchèques enquêtent sur la possibilité de l'existence d’armement biologique postcomunniste vendu au marché noir.
Les précurseurs
Peu de publications disponibles traitent de travaux sur l’application de la recherche bactériologique à des fins militaires. « La guerre bactériologique, les secrets des expérimentations japonaises » est l’un des rares ouvrages à en parler. Cette affaire a été découverte par le plus grand des hasards, lors d’achat de vieux papiers chez un antiquaire, dans le quartier de Kandu à Tokyo. Ils provenaient d’un officier de l’Unité 731 de l’Armée Impériale. L’acheteur, un étudiant, découvrit que ce qu’il avait sous les yeux était le résultat d’expérimentations sur l’homme d’armement biologique. L’affaire eu beaucoup de mal à être présentée à la télévision japonaise, les nombreux chercheurs de ce pays impliqués dans des opérations douteuses ont toujours refusé d’être tenus pour responsables de crimes contre l’humanité. Certains ont même vendu après la seconde guerre leur savoir faire aux laboratoires américains. Toujours est-il que cette expérimentation en Mandchourie est des plus instructives. Il s’agit de travaux effectués sur la dispersion d’agents bactériologiques. Bien que les japonais travaillaient à l’époque sur des pathologies nouvelles (la fièvre de Sango), leur champ d’investigation alors était la peste. Avec cette maladie, il est possible d’en dissimuler l’origine, ce qui évacue le problème de la responsabilité.
Les bactériologistes nippons ont calculé qu’une puce avale normalement 5000 bacilles de peste en une seule absorption de sang d’un rat. Les micro-organismes continuent à se développer dans le corps de la puce et qu’une seule de ses piqûres devient une arme redoutable. Les japonais avaient donc construit la bombe « UJI », qui contenait la bagatelle de trente mille puces, après avoir étudié soigneusement les conditions de survie de ces gentils insectes. 80% des puces conserveraient leur capacité de contamination après leur transport et leur libération dans la nature. L’armée japonaise avait projetée de bloquer les pistes d’envols et de contaminer l’armée américaine. Le projet n’a pas abouti, un sous-marin américain a envoyé par le fond, le bateau qui transportait les puces traitées. Cette petite histoire date de la seconde guerre, soixante ans se sont écoulés et depuis nos techniques se sont considérablement améliorées.
Le CIPRO, a été un médicament des plus recherchés.
De nombreuses pharmacies des Etats-Unis ont été en rupture de stock de CIPRO et le réapprovisionnement a été difficile, lors de l’apparition des premiers cas d’anthrax aux USA. Les commandes n’ont put être satisfaites qu'après plusieurs jours d'attente. Le CIPRO est un antibiotique qui, par précaution est présent actuellement dans toutes les pharmacies des ambassades américaines. Mais de quoi s'agit-il ?
Le CIPRO où ciprofloxacine est un antibiotique relativement nouveau. D'après les spécialistes c'est l’un des rares médicaments efficaces (à condition qu’un diagnostic correct et rapide ait put être fait) pour traiter l'anthrax.
Première inquiétude. Le CIPRO est utilisé avec succès, c'est un antibiotique relativement récent et les souches de bactéries "réagissent" bien. Rappelons que l’un des plus grands problèmes que pose l'antibiothérapie c'est l’apparition rapide de souches résistantes. Les chercheurs espagnols ont déjà détecté des souches de bactéries Escherichia coli (cette bactérie est utilisée habituellement "comme cobaye" dans les recherches bactériologiques) résistantes au CIPRO. Cette résistance à de quoi préoccuper chercheurs et thérapeutes puisqu’elle va se propager rapidement et anéantir ou au moins fortement diminuer l'efficacité du CIPRO.
Deuxième inquiétude. Nous savons très peu de chose sur la réaction de l'organisme receveur à ce médicament, notamment de son action conjointe avec d'autres substances. Pourtant les recherches démontrent que tels effets secondaires existent notamment si le CIPRO est prescrit aux patients qui prennent de la méthadone, warfarine, didanosine etc. Par ailleurs, les recherches sur les interférences sont toujours très rares.
Enfin nous ne savons que très peu de chose sur la toxicité et les effets secondaires du CIPRO. Pourtant les chercheurs grecs ont observé des cas de toxicité cardiaque après utilisation de ce produit. Les médecins américains ont constaté l’apparition de cécité chez certains patients traités avec le CIPRO. Les expériences faites par une équipe française montrent que cet antibiotique altère la mitose et le cycle cellulaire. Les hôpitaux de Louisiane font état de sa néphrotoxicité. Des biologistes de plusieurs grandes universités américaines émettent l’hypothèse qu’en raison de son action sur les enzymes hépatiques le CIPRO serait cancérogène et pourrait induire des cancers du foie.