« Aujourd'hui, s'est dressé, menaçant, devant le pouvoir
bourgeois, l'humanisme prolétarien de Marx, de Lénine, de Staline,
vraiment; humain, fondé sur. l'histoire de. la. science, l'humanisme qui a pour fin la libération totale du
peuple travailleur de toutes les races et de toutes les nations des griffes de
fer du capital.
« Cet humanisme révolutionnaire donne au prolétariat le droit,
historiquement justifié, à la lutte irréductible contre
le capitalisme, le droit de ruiner, et de détruire
les fondements de l'odieux monde bourgeois. » (La Culture
et le Peuple, pages 265-266.)
Pour mieux célébrer Gorki et mobiliser les travailleurs pour la défense
de l'U.R.S.S.
Issu du peuple crucifié
par le tsarisme, vous
vous êtes élevé, par votre propre énergie créatrice,
aux plus hauts sommets de
la littérature universelle.
Combien d'écrivains soi-disant avancés, qui n'arrivent pas û
votre cheville, se complaisent d'un régime corrompu jusqu'à
la moelle.
Mais vous, dédaignant les avances et déjouant les pièges
de l'ennemi, vous
êtes resté fidèle il vous-même, a vos origines. plébéiennes, à la grande
cause
des humbles, des humiliés, des déshérités.
Vous méritez ainsi, la fervente et chaude reconnaissance des
prolétaires du monde entier.
«Après la mort de Lénine celle de Gorki est la perte la plus cruelle que subit notre pays et l'humanité »
MOLOTOV
Comme voilà qui diffère
des spéculations stériles de nombreux « intellectuels
». Le mot Homme, pour
Gorki, reprend toute
sa valeur, il « résonne
fièrement » comme il
disait. Pourquoi ?
Parce, que Gorki aimait véritablement l'homme et le merveilleux avenir qui lui est
destiné, car l'homme porte en lui cet avenir.
Depuis quelque temps Maxime Gorki parle et fait beaucoup parler de lui. Ses manifestations bruyantes et ses articles en faveur des gens de Moscou et pour la défense de leur manière de faire ont attiré une fois de plus sur lui, l'opinion mondiale.
Ainsi, tout dernièrement, le journal berlinois, la Deutsche Allgeineine Zeitung s'étonnait que Gorki, qui a pris sur lui d'être le chef de la propagande bolcheviste à l'Étranger et de peindre en rose tous les méfaits des bourreaux moscovites » préfère au paradis soviétique l'Italie fasciste qui a une si mauvaise presse dans l'U.R.S.S. Gorki, remarque ce journal, essaie de justifier sa présence en Italie par son mauvais état de santé. Cependant il existe en Crimée et au Caucase des endroits dont le climat est aussi doux que celui de Sorrente.
Eu vérité, la raison pour laquelle Gorki décline toujours l'invitation de Staline de venir dans l'U.R.S.S. et continue de rester à Sorrente, c'est que sous la dictature de Mussolini il se sent plus libre et en plus grande sécurité que sous celle de Staline.
Maxime Gorki, il faut le dire, a parfaitement conscience de la fausse position dans laquelle il se trouve placé aussi bien vis à vis de ses amis de Moscou que de ses admirateurs de l'étranger. Aussi, il essaie actuellement d'en sortir ou tout au moins de l'atténuer par des « rétablissements laborieux ». D'où cette avalanche de lettres qu'il adresse à la presse soviétique et dont le ton est d'une platitude et d'une servilité qui n'ont de pareils que le morne ennui qui s'en dégage. Voici, par exemple, quelques passages de sa dernière lettre que publie la Pravda et qui est adressée aux camarades littérateurs et au conseil de rédaction de la Presse soviétique.
« Camarades ! Vous vivez sous de nouveaux ciels, sous des ciels où volent de grands oiseaux faits de bois et de fer par vos propres mains. La conquête du ciel est considérée comme le triomphe de l'esprit humain. C'est parfaitement vrai. Mais à notre point de vue vous êtes en train d'accomplir quelque chose d'encore plus grandiose : vous avez déjà conquis presque toute la terre et vous la conquerrez bientôt tout à fait grâce à l'énergie de votre pouvoir, grâce à votre intelligence. Vous la délivrerez pour toujours des griffes rapaces, de là propriété individuelle. Vous détruirez le terrain qui fait naître continuellement les exploiteurs du travail d'autrui. En vérité vous faites une nouvelle terre, plus féconde, plus clémente à l'homme, car vous savez très bien, qu'elle exige des soins continuels, une continuelle attention, comme un organisme vivant qui nous nourrit et qu'on ne petit exploiter aussi bêtement et d'une manière aussi, rapace qu'a été exploité votre travail par vos maîtres d'hier. Entre vos mains je vois la science, la plus haute expression de l'intelligence humaine en absorbant toutes ses données, vous transformez véritablement la terre, aussi vite que vous en faites surgir d'immenses fabriques et de colossales usines ».
Le peuple russe célèbre avec enthousiasme. le 63è anniversaire de l'illustre écrivain prolétaire Maxime Gorky du moins c'est ce que les journaux soviétiques affirment. Et voici un nouveau prétexte pour déverser un torrent d'injures sur la bourgeoisie en décomposition, sur les Etats capitalistes, tout en glorifiant l'U.R.S.S. cette mère-patrie de tous les opprimés.
Lorsqu'on parle de littérature russe, les noms qui surgissent aussitôt sont ceux de Tolstoï, de Dostoïevski et de Gorky ; après un instant de réflexion on y ajoute Tchékov, que de nombreuses traductions ont fait connaître en France. Et encore Tolstoï et Dostoïevsky effrayent-ils un peu le lecteur par les dimensions de leurs romans ; c'est donc Gorky, et spécialement ses contes qui en définitive, représentent la littérature russe aux yeux de l'étranger.
Or, rien n'est plus faux. La célébrité de ce chantre des bas-fonds, de la gouape, des tire-laine, des clochards ne doit rien à la littérature ; on ne saurait décemment donner ce nom aux innombrables pages, noircies par l'ouvrier ivrogne et illettré, dont on a essayé de faire un écrivain sans jamais y réussir. Pourtant Gorky s'est taillé une réputation mondiale et c'est là qu'il faut véritablement admirer son talent de mise en scène, secondé par une absolue absence de scrupules. Alexis Péchkof sonnait mal; il changea ce nom contre celui de Maxime Gorky, qui est tout un programme. Gorky signifie : amer, en russe ; l'écrivain nouveau-né se devait d'être amer. Il le fut avec passion ; ce gars du milieu qui avait roulé sa bosse dans tous les tripots de Russie, décrivit exactement ce qu'il avait vu et éprouvé ; ce reportage vécu, relevé d'expressions empruntées à la langue verte, fit les délices du lecteur bourgeois. On sait que rien ne chatouille aussi agréablement les nerfs du bourgeois que d’être .... injurié.
Textes choisis et sélectionnés par
Jean Aikhenbaum
Sources : Je suis Partout 1931 – l’Humanité