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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 18:18

Piotr Daszkiewicz

Jean Aikhenbaum

 

Aurochs

le retour...d’une supercherie nazie

 

 

Ce modeste travail est dédié aux naturalistes victimes de Heck et aux victimes du nazisme.

Les auteurs.

 

© Histoire, Sciences, Totalitarisme, Ethique et Société (H.S.T.E.S) association loi 1901

113, rue de Montreuil 75011Paris

 

 

Cet ouvrage doit être référencé comme suit :

Daszkiewicz P., Aikhenbaum J., 1999. Aurochs le retour d’une supercherie nazie. (H.S.T.E.S.), 160 pages.

This book must be refered  to as follows :

Daszkiewicz P., Aikhenbaum J., 1999. Aurochs, le retour d’une supercherie nazie. (H.S.T.E.S.), 160 pages.

 

 

 

 Leurs cris déchiraient nos jours, et la honte de mes silences me poursuit encore...

(témoignage d’une rescapée de Rawensbrück).

 

Toutes les preuves rapportées des camps allemands, n'auraient-elles servi à rien?

Roger Hem

 

Remerciements

(nous avons choisi de présenter cette liste par ordre chronologique)

Nous tenons à remercier les médias et les personnes suivantes:

ùActualités Juives et Mme Claude Meyer, cet hebdomadaire a été le premier à nous publier ;

ùLe groupe de juristes et professeurs de l’Université Poznan (Pologne), ainsi que le groupe de juristes de l’Institut de Droit de l’Académie Polonaise des Sciences, pour leur expertise juridique sur les crimes de Heck ;

ùMonsieur le Rédacteur en Chef de la revue Kultura Jerzy Giedroyc, Directeur et Fondateur de l’Institut Littéraire, pour ses encouragements et son soutien ;

ùLa revue Esprit, pour sa lettre d’encouragement et ses félicitations ;

ùLe Courrier de l’Environnement de l’INRA et Mr Alain Fraval ;

ùMonsieur Thierry Lecomte, pour son courrier et nous avoir permis de consulter ses observations sur cet animal ;

ùFrance Info, qui a  diffusé sur sa fréquence l’histoire du faux aurochs de Heck ;

ùCultivar les Enjeux et mademoiselle Yamina Area,  pour son article ;

ùMonsieur Henri Batner, de l’Association Culture et Judaïsme, qui nous a invité dans le cadre des activités de l’association à faire un exposé  sur le faux aurochs de Heck ;

ùMonsieur le Président de Bison Specialist Group SCC/IUCN,  Professeur Dr Zdzislaw Pucek de Mammal Research Institute  of Polish Academy of Sciences, pour l’intérêt qu’il  porte à cette affaire ;

ùDeutsches Historisches Institut de Paris, pour leur précieux concours dans nos recherches bibliographiques ;

ù Monsieur Georges Jacknovitz, Monsieur David Gurfein pour leurs judicieux conseils ;

ùMonsieur Liam Gavin, mademoiselle Stéphanie Aikhenbaum, pour leur précieux concours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est  important de souligner à nos lecteurs que le travail que nous avons fait, n’a bénéficié d’aucun concours privé ou public. Il a été réalisé à la manière d’une enquête. Nous y avons consacré énormément de temps, nous avons lu, analysé et comparé de nombreux documents. Nous avons interrogé de nombreux spécialistes dans des disciplines diverses.

 

Notre préoccupation a été de retracer  l’histoire authentique de la création de ce "faux-aurochs", qui est sans conteste l'une des plus grandes supercheries scientifiques du vingtième siècle. Cette aberration, consiste à présenter et à commercialiser en tant "qu’aurochs",  ou comme "une espèce reconstruite" ou encore comme "aurochs de Heck", un bovin ordinaire. Ce tour de passe-passe, qui tente de nous faire croire que nous sommes devant  une avancée scientifique extraordinaire, "la reconstruction d'une espèce disparue il y a quelques siècles"...n’est que le croisement banal de quelques races bovines.

Il n’est pas rare de rencontrer   dans la zoologie et dans les sciences en général, des fraudes et des supercheries. Le naturaliste britannique Peter Dance[1] a publié un excellent ouvrage sur  ce sujet. Pourtant la supercherie qui nous intéresse aujourd’hui et à laquelle nous avons consacré ce travail est bien particulière et unique en son genre...tellement elle est grossière et scandaleuse sur le plan éthique. On pourrait croire que toutes les falsifications historiques, les théories des nazis mises en place pour justifier leur politique raciale et le génocide prirent fin, avec  la victoire des alliés. C’est une erreur, certaines perdurent, ainsi que nous allons le voir. On peut se demander, comment une telle affaire a pu réapparaître dans un pays tel que la France.  Ce  qui aurait dû éveiller quelques soupçons,  c'est son origine, puisque cette histoire vient en droite ligne de la propagande nazie. C’est aussi l’un des points qui la différencie des "falsifications ordinaires". Plus de cinquante ans après le 8 mai 1945, ce "triste héritage du 3ème Reich" a pris un nouvel élan, dans une indifférence quasi générale.

Aujourd'hui en France, la commercialisation de cette mystification concoure à la réhabilitation de l’un de ses promoteurs, criminel de guerre, haut dignitaire nazi, membre des S.S,  proche collaborateur d’Hitler et responsable de crimes commis dans les pays occupés!

 Autre aspect surprenant de cette scandaleuse affaire ; cette fraude scientifique est accompagnée et commercialisée à l’aide de documents qui montrent que des fonctionnaires de l’Etat et divers organismes publics accréditent ce type de pratique. C’est la première fois dans l'histoire des sciences à notre connaissance, que les institutions publiques d'un état démocratique ainsi que des fonctionnaires apportent leurs concours à une telle supercherie !

Comment une fraude aussi énorme a-t-elle pu ainsi perdurer ?  Nous nous sommes efforcés d’apporter des éléments de réponse objectifs à cette question.

Il ne peut y avoir de débat sur une réalité : l’animal en question n’est pas un "aurochs" et cette expérience a bien pour origine une manipulation nazie.

Le discours sur le statut de cet animal, est sans fondement, cet animal n’est qu’un quelconque bovin.

Nous n'avons jamais eu la prétention d’avoir découvert quelque chose de particulier, toutes nos sources sont connues ou devraient l’être de tous les spécialistes, puisqu’elles ont été publiées.

Lors de sa parution notre article fut bien accueilli par une partie des spécialistes alors que d’autres, ont tenté de le minimiser, et d’occulter l’évidence ou plus exactement de placer le débat à un autre niveau. Ainsi que nous allons le voir, le fond de notre travail n’a jamais été contesté. L’organisme qui commercialise le "pseudo-aurochs", s’est limité dans un courrier non publié, à manifester son étonnement qu’un travail sur ce sujet puisse paraître...sans qu’il en soit avisé et que celui-ci est "très polémique et fort peu scientifique". Dans un chapitre consacré à ces courriers nous répondrons, à ce type d’appréciations.

Comme les actuels " reconstructeurs du pseudo-aurochs", n’ont guère d’arguments à nous opposer, leur réponse tient en quelques mots, ainsi que vous pourrez le constater. Leur ambition est de promouvoir un animal dont les qualités de rusticité sont indéniables, et non de raviver les plaies de la dernière guerre. Nous verrons pour quelles raisons cette réponse est loin de nous satisfaire.

Mais revenons au début de cette affaire. Voici les circonstances qui nous ont amenées au printemps de 1997, à nous occuper de ce soi-disant "aurochs-reconstitué". Nous avons été contactés par un de nos amis, qui vit en région nantaise. Il n'est ni naturaliste, ni spécialiste en zootechnie, mais il connaît l'histoire de la disparition des derniers spécimens d'aurochs au dix-septième siècle en Pologne. L’une de ses enfants au retour d'une excursion pédagogique scolaire, lui raconte avoir vu "un aurochs" dans la nature. Cette petite fille de huit ans fournit à son père de nombreuses explications, et lui déclare même avoir contemplé et admiré "l'ancêtre de nos vaches". Notre ami a tout d’abord pensé à une fantaisie et une naïveté enfantine. Tous les jeunes enfants, qui avaient participé à cette journée éducative insistaient et affirmaient tous, avoir bien vu "des aurochs vivants". L’institutrice "confirma bien" l'histoire racontée par les enfants. Grand amateur de films de Steven Spielberg, notre ami alla sur place contempler à son tour "les aurochs". Passionné de sciences, "la reconstruction d’une espèce disparue" était désormais une évidence qui lui avait échappé ; ce parc[2] exposait "une révolution scientifique comparable à celle que peut offrir la physique quantique, ou la découverte de la structure de l'ADN ou au moins à quelque chose d’équivalent au vol d'Apollo11 sur la lune". Sa déception fut vive, et pour cause quelques vaches ordinaires broutaient tranquillement dans le parc. Fort mécontent, notre ami qui avait payé pour voir des "aurochs" que la publicité lui avait vanté et non "des vaches", réclama le remboursement de ses billets d'entrée. En guise de réponse, il n’eût droit qu’à des sarcasmes et a quelques remarques désobligeantes à propos de son...incompétence et de son ignorance....

Notre ami connaissait l’intérêt que nous portions à l’histoire des sciences naturelles et de la zoologie en Pologne[3] et à ce qui se rapporte à la protection de la nature. Il nous a demandé de lui apporter une explication cohérente.

 Nous connaissions l'affaire de la pseudo-reconstruction de l'aurochs qui s’était déroulée  en Allemagne nazie, "les activités" de Heck en Pologne et en Biélorussie sous l'occupation. Toutefois, nous étions persuadés qu'il n’y avait aucun lien et qu’il s'agissait d'un autre animal. Qui pourrait prétendre encore, malgré les excellents travaux des naturalistes des années trente et quarante discuter le statut de l'animal issu de cette supercherie ?  Qui pourrait encore avoir l’outrecuidance de dire qu’il s'agissait d'un aurochs ou d’un aurochs-reconstitué ? Qui pourrait de nos jours parler encore sérieusement de la "reconstruction d'une espèce disparue" ? Qui, enfin, pourrait avoir le désir de rendre hommage à Heck, haut fonctionnaire nazi, qui organisa et a été personnellement responsable de répressions féroces contre des naturalistes en Allemagne, de crimes et de vols des collections naturalistes dans les pays occupés  ?

Au fur et à mesure que nous avancions sur ce dossier, nous nous sommes aperçus que nous avions été aussi naïfs que les enfants de notre collègue. Quelques jours de recherches bibliographiques nous ont fait découvrir l'existence d'une vaste campagne de désinformation qui accompagne la commercialisation de nos jours du "faux-aurochs". Nous avons donc décidé de réagir, d’écrire un court article destiné aux journaux grand public et d’envoyer un dossier plus détaillé pour informer les professionnels.

 

Vous trouverez dans cet ouvrage une sélection d’articles qui ont été publiés, les réponses que nous avons reçues, nos commentaires, ainsi que le résultat de nos dernières recherches sur ce sujet.

 

 

 



[1] Dance P. 1976, Animal Fakes and Fraudes, London Ed. Sampson Low.

[2]Il n’est pas nécessaire que nous vous donnions le nom de ce parc, une mésaventure comparable peut vous arriver dans plusieurs dizaines de parcs en France et dans quelques autres pays européens (voir le chapitre qui est consacré à la géographie de la supercherie).

[3]L'un des auteurs de ce document est à l'origine de la mise  en valeur d'un document inédit de Georges Cuvier sur les "vrais aurochs" (Daszkiewicz Piotr Nieznany list Baltazara Hacqueta do Georges Cuvier, Kwartalnik Historii Nauki i Techniki R. 42 n° 3-4 p. 139-141 Un unknown Balthasar Hacquet's letter to Georges Cuvier Quarterly Jornal of the History of Science and Technology, Institute of History of Science and Technology, Polish Academy of Science)

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