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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 16:22

 

 

TABAGISME : POUR ROMPRE LA DEPENDANCE

 

(Réussir votre Santé 1996)

 

 

 

 

Le procès du tabac n’est plus à faire. Ses méfaits, comme ceux de l’alcool, sont évidents et soulignés tant par les Pouvoirs Publics que par les instances médicales, ce qui n’est pas encore le cas pour d’autres nuisances (comme l’alimentation industrielle, par exemple).

 

 

La dépendance au tabac est tout d’abord psychologique, un automatisme ou un moyen illusoire de faire face à des difficultés. Mais on l’associe tout autant aux moments agréablement de l’existence.

La dépendance est également (et surtout) physique, car la nicotine est une drogue qui a la particularité d’annihiler la volonté, et qui peut provoquer des troubles divers en cas de sevrage : irritabilité, nervosité, anxiété, insomnie, perte de mémoire, maux de tête, boulimie etc.

 

Le tabac laisse un sentiment de défaite, et entrave le bon fonctionnement intellectuel.

 

Fumer c’est aussi gêner autrui, polluer. Le tabac est également responsable d’accidents et d’incendies.

La lutte anti-tabac ne date pas d’hier. Déjà au siècle passé, ce phénomène inquiétait, alors qu’il n’avait pas l’ampleur actuelle. L’Association française contre l’abus du tabac a vu le jour en 11 juillet 1868. En 1872, elle devint l’Association française contre l’usage du tabac et des boissons alcoolisées, puisque les nuisances sont accrues lorsque les deux drogues sont associées. En 1939, elle se transforma et devint la Ligue contre le tabac, pour faire place en 1968 au Comité national contre le tabagisme, tel que nous le connaissons actuellement.

Ce n’est qu’en 1972 que l’Académie de médecine lance enfin un cri d’alarme, qui permettra la prise de conscience réelle du problème, grâce notamment à la position de madame Simone Veil.

Avec l’avènement de la pilule contraceptive et la mode des femmes libérées qui fument, les risques cardiovasculaires se sont multipliés par environ 22 chez  ces dernières.

 

Historique

 

En 1492, Christophe Colomb découvre l’ Amérique ... et le tabac !

Les Indiens des Caraïbes le fume alors sous forme de feuilles séchées et roulées.

Il fut  introduit en Europe par les Espagnols. C’est alors que Jean Nicot (a qui l’on attribue à tort la découverte du tabac), ambassadeur à Lisbonne, en envoie à Catherine de Médicis vers 1560. La vogue et la consommation du tabac croît peu à peu, et l’on compose même l’une des plus célèbres chanson populaire... «J’ai du bon tabac». Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que l’on prend conscience des méfait du «bon tabac», plus si bon que ça !

 

1995 : cinq siècles plus tard...

 

Le tabac est entré dans nos mœurs, lentement, certes, mais il est bien ancré, et il sera très difficile de ne plus voir les gens avec la cigarette aux lèvres. En nous faisant l’avocat du diable, nous dirons même que cela sera impossible avant de nombreuses décennies, voire plus.

Un monde sans tabac paraît une utopie quand on sait le nombre de personnes qui sont employées à l’exploitation du tabac - de sa plantation à son conditionnement -, et les profits que tirent les gouvernements de sa commercialisation. Ce manque à gagner pour le budget de l’état serait obligatoirement récupéré sous une autre forme d’impôt. La disparition de la consommation du tabac créerait de nouveaux chômeurs (environ 200 000). Ces deux considérations suffisent à elles seules à conforter les tenants du tabagisme dans leurs positions. Il y a d’énormes intérêts en jeu et le pouvoir de l’argent, nous le savons bien, n’est pas un vain mot dans notre société de profits. De plus, soyons réalistes, le tabagisme est devenu une seconde nature pour beaucoup. Ce ne sera pas par un tour de passe-passe, par des cris d’alarme... ni avec des lois restrictives et répressives que l’on fera disparaître cette drogue, qui tue pourtant trop de monde chaque année.

Malgré tout, il en est parmi nous qui ont pris conscience des nuisances de la cigarette et ils voudraient bien rompre la dépendance. Mais il est facile de dire «qu’il faut s’arrêter». Le plus difficile est «de le faire». C’est tout d’abord une question de réelle motivation qui est la clé de la réussite. Prendre cette décision est probablement l’aboutissement d’un long processus de réflexion, face à d’éventuels échecs qui doivent être considérés comme des expériences permettant de ne pas refaire les mêmes erreurs. Si la motivation n’est pas très forte, les chances de réussite seront bien faibles.

 

Un monde sans tabac :

une chimère ?

 

Une chimère pour certains, une réalité pour d’autres. Mais sa réalisation ne sera pas aussi rapide que le souhaiteraient les adversaires du tabagisme et les responsables des services de santé qui s’élèvent chaque jour contre ce fléau. Pour que le tabagisme disparaisse de nos mœurs, cela nécessite une prise de conscience des «intoxiqués», qui devront se défaire d’une dangereuse habitude. Ce sera difficile pour la majorité, presque dramatique pour d’autres. Mais les habitués de la cigarette ne sont pas seuls en cause et ce ne sont pas eux que les campagnes préventives anti-tabagiques doivent cibler en priorité. Des campagnes médiatiques (presse, radio, télévision) ont été déclenchées pour inciter les gens à moins fumer. Puis des lois ont été votées, interdisant de fumer dans les lieux publics

 

Parallèlement, le gouvernement «toujours prêt à prendre parti pour la bonne cause» augmente régulièrement le prix du tabac sous prétexte de dissuader les fumeurs. Mais, tout le monde le sait à part les naïfs, que cette hausse de prix n’a en rien réduit la consommation du tabac : le fumeur intoxiqué se privera d’autre chose pour acheter son tabac. Cette hausse des prix a, par contre, donné naissance à la reprise de la contrebande des cigarettes, telle que nous l’avons connue dans les années 45/50, après la Seconde Guerre mondiale. On a même vu récemment des transporteurs de cigarettes se faire agresser et dévaliser sur la route, dans la pure tradition des bandits de grands chemins.

 

En fait, dès qu’il s’agit de la Santé publique, l’Etat laisse faire. Et la raison en est simple : cela est, de fait, un impôt sur lequel personne ne rechigne.

Ici et là, des voix s’élèvent, des gens s’insurgent, des comités se forment. Mais c’est exactement comme si on prêchait dans le désert. Les fumeurs qui ne sont pas motivés pour cesser de fumer haussent les épaules avec dédain, et les jeunes qu’on pourrait espérer sensibiliser voient dans ces mises en garde des radotages de vieux... qui veulent entravr leur liberté.

 

Les pathologies

engendrées par le tabac

 

Le tabac est-il l’unique responsable de l’accroissement de certaines pathologies dégénératives ? Peut-être. Mais dans son ouvrage publié aux éditions Trédaniel, William Dufty dans «Sugar Blues» («Le sucre, cet ami qui vous veut du mal») révèle que du sucre sous forme de mélasse est ajouté au tabac, dans des pourcentages allant de 5 à 20 %.  Pour cet auteur, l’adjonction du sucre dans le tabac est l’une des principales causes de l’augmentation des cancers des organes en contact direct avec la fumée (langue, larynx, poumons). D’autres organes peuvent être également touchés (le colon, la vessie, les seins...). D’une manière générale, il facilite la carcinogenèse. Pour appuyer sa démonstration, il a comparé les statistiques de décès occasionnés par ce type de pathologie, et en est arrivé à la conclusion que plus le tabac contient de sucre, plus il est dangereux.

Ses conclusions peuvent même laisser perplexe. En effet, l’Angleterre et le Pays-de-Galle ont les taux de cancer du poumon les plus élevés du monde, car leurs cigarettes contiennent jusqu’à 17% de sucre. En Russie, en Chine, où les cigarettes sont proches de l’espèce qu’utilisaient les Indiens, ce taux est beaucoup plus faible. Les cigarettes chinoises contiennent également peu de nicotine et de goudron.

Des chercheurs londoniens soulignent que l’on avait cru à tort que «dix ans après avoir abandonné le tabac, le risque de contracter un cancer du poumon était identique chez l’ancien fumeur, que chez les individus qui n’avaient jamais touché une cigarette». De fait, ce risque diminuait bel et bien, mais il est toujours supérieur chez l’ancien fumeur que chez le non-fumeur. Réalisée sur 274 patients, l’étude a démontré que 55% des patients étaient des fumeurs, 38% des ex-fumeurs, et seul 2% étaient des non-fumeurs. Selon la British Thoracic Sociéty, «les fumeurs ne doivent pas penser qu’ils peuvent impunément fumer jusqu’à l’âge de 40 ans et qu’il suffit de mettre fin à leur dépendance. Le risque demeure, c’est évident, et ne disparaît jamais totalement.»

Chez la femme enceinte, c’est nuire au fœtus, prédisposer l’enfant aux pathologies respiratoires, et en faire également un futur fumeur potentiel. La durée de la grossesse diminue, le bébé est plus petit à la naissance, et le système nerveux de l’enfant s’en trouve perturbé.

 

 

Le tabac fait vieillir

 

Physiquement, il exerce une action sur les voies respiratoires, le cœur, la peau, le sang, les systèmes digestif et urogénital, les organes des sens. Il est également un inhibiteur et un destructeur de la vitamine C.

De plus, il est reconnu que les cancers du sein et de l’utérus sont les principales menaces sur la santé de la femme.

«Les femmes qui fument après 65 ans deviennent plus faibles et moins agiles que celles qui n’ont jamais touché une cigarette», révèle une étude américaine. Des différences notables sont apparues entre fumeuses et non fumeuses. Pour ce spécialiste, la différence s’explique par les problèmes cardiovasculaires rencontrés lorsqu’on fume.

Une autre étude anglaise révèle que «le tabac peut provoquer une épidémie chez les fumeuses, véritable «épée de Damoclès» suspendue au-dessus de la tête des femmes». Selon le professeur Kay-Tee Khaw, «le tabac est la principale cause prévisible des maladies coronariennes, qui, jusqu’à présent, touchaient surtout les hommes. Mais la tendance actuelle fait que les jeunes filles fument plus que leurs aînées». L’étude du Professeur Khaw, qui sera publiée dans le Britain’s National Forum Heart Disease, cherchera à sensibiliser l’opinion publique sur les problèmes coronariens féminins.

 

Le risque cardiaque

est multiplié par 6

 

«Chez les jeunes, le risque est beaucoup plus grand qu’on ne l’imagine». C’est l’affirmation qu’on fait certains chercheurs britanniques, pour ce type de pathologie. Le risque est d’autant plus grand que le fumeur est jeune. Quant aux cigarettes pauvres en goudron, elles ne diminuent pas pour autant le risque : chez les moins de 60 ans, le tabac est responsable de 70% des crises. Ce qui est intéressant dans cette étude, c’est qu’elle fait ressortir que le fait d’arrêter de fumer diminue le risque, pour devenir au bout de cinq ans comparable à celui d’un non-fumeur (Rory Collins. Article publié par le British Medical Journal).

 

Diabète et tabac

 

«Fumer un paquet de cigarettes par jour multiplie par deux le risque de souffrir de diabète, tandis que la consommation modérée d’alcool le réduit». C’est ce qu’affirme une étude américaine  faite par l’ Ecole de santé publique d’ Harvard, qui démontre qu’une personne qui fume entre 15 et 25 cigarettes par jour a deux fois plus de risque d’être diabétique. Mais si cette personne arrête de fumer, ce risque diminue (mais il reste environ 30% supérieur que chez un non-fumeur).

 

 

Tabac et impuissance

 

Le tabac a des effets désastreux sur le système respiratoire et sur le cœur, mais il serait également responsable de l’impuissance sexuelle, parmi la population d’hommes jeunes, qui souffrent de problèmes d’érection. Une étude réalisée sur des hommes souffrant d’impuissance, ou de difficultés d’érection a révélé que 81% d’entre eux fumaient. Chez les jeunes gens, les lésions occasionnées par le tabac peuvent disparaître s’ils cessent de fumer. La nicotine affecte également le système nerveux central. Les neurones «dopaminergines», qui peuvent jouer un rôle important dans le processus de l’érection, sont les cibles favorites de la nicotine.

Ces statistiques sont confirmées par une enquête américaine, qui montre que chez les fumeurs  de 31 à 49 ans, on rencontre des cas d’impuissance chez 3,7%  d’entre eux, alors que chez une même population de non-fumeurs ce pourcentage est de 2,2% (Dr Robert J. Krane, chef du département d’urologie du Medical Center de l’Université de Boston).

 

 

Quand les parents fument...

 

... pas de problème, les enfants en profitent aussi !

Une étude publiée aux USA laisse entendre que les bébés, dont les parents fument, courent un risque plus élevé d’être victime de «la mort subite du nourrisson». Cette étude fait également ressortir que la fumée de cigarette affecte l’enfant même si la mère a cessé de fumer pendant la grossesse. Pour le Pr Théodore Slotkin, pharmocologue de l’Université de Duke (USA), la nicotine entrave la production des hormones stimulantes (l’adrénaline, par exemple) qui obligent le cœur et les poumons à fonctionner en cas de brève carence en oxygène.

 

Les non-fumeurs aussi

 

C’est bien connu, les non-fumeurs partagent les risques des fumeurs, d’autant que leur organisme n’est ni préparé, ni adapté à l’inhalation permanente de la fumée. C’est ce qu’affirme le Dr Stanton A. Glantz, professeur de médecine à l’université de San Francisco. Pour ce chercheur, «le tabac est plus nocif que chez le fumeur. Le risque cardiaque est multiplié par 2 ou par 3 chez les non-fumeurs lorsqu’ils inhalent de façon régulière les fumées du tabac». Aux USA, près de 17 000 fumeurs passifs meurent chaque année, et 150 000 autres souffrent de maladies coronariennes.

 

 

TABAC ET SCHIZOPHRENIE

 

 

Chez les schizophrènes, le tabagisme est très élevé (de l’ordre de 90 %, soit deux fois plus que chez les patients atteints d’autres troubles mentaux). Ils sont, en général, de très gros fumeurs, ce qui mettrait en évidence les effets psychotropes de la nicotine, et expliquerait la dépendance au tabagisme des personnes atteintes par cette pathologie. La nicotine modifie, en administration aigue, la neurotransmission dopaminergique dans le système mésolimbiques. Elle pourrait donc stimuler un déficit dopaminergique du cortex 

 

 

Tabac : nuisances en vrac

 

 

Le tabac à chiquer consommé par de nombreux adolescents libère une grande quantité de nicotine dans le sang, du fait des modifications apportées par les fabricants. Une étude publiée par «Tobacco Control» (aux USA) révèle qu’ils n’hésitent pas à «manipuler» le tabac pour accroître son pouvoir d’accoutumance. Les résultats de ces recherches indiquent que le tabac acide libère beaucoup plus lentement la nicotine dans le sang que le tabac alcalin. Les dernières données de la «Sweedish Tobacco Co» soulignent que l’industrie ajoute des quantités de plus en plus grandes de substances chimiques pour augmenter l’alcalinité des cigarettes.

Fumer coûte cher

 

Consommer du tabac, c’est aussi faire des dépenses inutiles, payer des impôts supplémentaires tout en nuisant à sa santé et en accroissant le déficit de la Sécurité Sociale.

A l’heure actuelle la population mondiale de fumeurs est de 1,1 milliard. 

Près de 300 millions d’entre eux vivent dans les pays développés (200 millions sont des hommes, et 100 millions des femmes).

Une étude britannique fait ressortir que le tabac peut être nocif de vingt-quatre manières différentes; qu’il augmente les risques de suicide, d’homicides et d’accidents divers.

«Fumer coûte plus cher qu’on ne le croît», tel est également le slogan choisit par l’OMS lors de la Journée mondiale sans tabac, qui s’est tenue à Vancouver le 31 mai dernier. Cette habitude tue actuellement six personnes toutes les minutes, et si la tendance actuelle se maintient d’ici à l’an 2020,  l’herbe à Nicot aura fauché 10 millions de personnes.

 

     

Cigarettes light... pas aussi anodines

 

 

 

«La publicité qui affirme qu’un tabac pauvre en nicotine et en goudron est moins préjudiciable que le tabac normal est trompeuse», a conclu une commission d’experts américains. Ses membres exigent du gouvernement qu’ils révisent toutes les mises en garde apposées sur les paquets de cigarettes. Pour le Dr Harold Freeman, la quantité de tabac que l’on fume est plus important que la qualité. Tous ces experts recommandent aux Pouvoirs Publics américains d’imposer trois informations supplémentaires sur les paquets de cigarettes :

 

- La quantité maximale de goudron et de nicotine ingérée  par bouffée,

 

- La description des agents cancérigènes,

- Une mise en garde indiquant clairement que le tabac light est aussi nocif que le tabac normal.

Jean Aikhenbaum

Piotr Daszkiewicz

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