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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 19:02

 

L’humanité du 12 01 1931 p.3

 

L’édification du socialisme

 

Kalinine prononce le discours de clôture de la cession du comité central exécutif

 

 Moscou 11 janvier …. Il a été ratifié le plan de l’économie nationale pour l’année 1931…Le caramade Kalinine prononça le discours de clôture :

 

 la presse étrangère essaie actuellement de représenter avant tout comme « un travail forcé » nos réalisations dans le domaine de la répartition de la main d’œuvre. Ce que nos ennemis dénoncent en  lançant des bruits absurdes  « sur la contrainte » , c’est le succès réel du socialisme dans le domaine de l’organisation du travail et de l’exécution du programme de notre parti qui déclare « l’utilisation au maximum de toute la main  d’œuvre existant dans le pays…… »

 

La légende du travail forcé

 

Il est ridicule de parler de contraintes dans un pays où 98% des revenus nationaux sont dépensés pour les besoins des travailleurs

 

Quand la presse communiste criait au grand complot…..

 

 

 

Plus personne aujourd’hui ne conteste que tous les projets ambitieux (sic) de l’URSS pour afficher la supériorité du socialisme sur le monde capitaliste ont lamentablement échoué. Ces diverses orientations ont toujours été imposé au peuple russe au prix de grandes souffrances. Aussi les autorités bolcheviques se sont-elles toujours efforcées  de rendre responsables des er­reurs, des retards et des épreuves soit les puis­sances occidentales, accusées de machinations accompagnées de propagande guerrière, ou bien encore les ingénieurs et les techniciens, contre-révolutionnaire. L’avancée du socialisme millénariste était à ce prix. 

 

 

 

On sait que.

 

Huit spécialistes, professeurs et ingénieurs, ont été mis en jugement. Les débats ont com­mencé mardi. Le fils d'un des accusés, Sitnine, a adressé aux journaux de Moscou une lettre ouverte dans laquelle il traite son père d'ennemi de la classe ouvrière et demande qu'il soit condamné à mort. (Poslednia Norosti, 25-11-30, journal démocrate imprimé à Paris.)

 

Les journaux soviétiques du 11 novembre 1930 ont publié in extenso (sur quatre pages) l'acte d'accusation du procureur général de l'U.R.S.S., Krylenko, contre MM. Léonide Ramsine, professeur et directeur de l'Ecole technique supérieure de Moscou ; Ivan Ka­linnikof, professeur à l'Académie militaire aé­ronautique ; Victor Laritchef, ingénieur; Nico­las Tcharnovsky, professeur dans diverses écoles supérieures ; Alexandre Fédotof, pro­fesseur technologue ; Serge Kouprianof, ingé­nieur mécanicien ; Vladimir Otchkine et Kse­nofonte Sitnine, ingénieurs, accusés tous les huit d'avoir participé à une organisation con­tre-révolutionnaire nommée « l'Union des or­ganisations d'ingénieurs » ou « parti indus­triel » et d'actes criminels punis par l'article 58, paragraphes 3, 4 et 6 du Code criminel de R.S.T.S.R.

 

L'acte d'accusation du camarade Krylenko se termine par la conclusion suivante :

 

Ces personnes ont fait partie à diffé­rentes périodes des organisations créées pour détruire et saboter l'édifice économique de l'Union soviétique, pour ébranler le pouvoir soviétique et faciliter le rétablissement du pou­voir de la bourgeoisie. Ils ont poursuivi pendant une série d’années leurs destructions en se groupant à ces fins....

 

Ce par quoi ils ont commis un acte de haute trahison. Je suis partout n° 1 du 29.11.30 p.7

 

U.R.S.S - Le grand complot du sabotage

 

Bien entendu,  comme il se doit, l’accusation s’appuya sur les aveux écrits ou oraux  des inculpés.

 

Le  professeur Ramsine avoua que le but de l'offensive armée contre l'U.R.S.S. était de :

 

Doter la Russie, après la chute du gouver­nement soviétique, d'une République démocra­tique bourgeoise. Il était même proposé de  diverses formes de gouvernements ; et même la restauration de la monarchie. Cette idée susceptible de créer des mécontentements parmi la population fut abandonnée. 

 

L'organe législatif de la future république devait être un Parlement élu au suffrage universel, avec pour en asurer le bon déroulement en transition temporaire, un régime militaire qui assurerait la paix civile.

 

Pour arriver à leurs fins les membres de l'Union des organisations d'ingénieurs avouèrent avoir pris contact avec des personnalités haut placées de l'Europe occidentale de même qu'avec les industriels russes vivant à l'étranger. C'est ain­si que selon les dires de Ramsine il eut, en 1927, une entrevue, à Paris, avec Riabou­chinski, l'ancien magnat de l'industrie textile russe.

 

De son côté, Kalinnikof déposa, le 10 octo­bre 1930 :

 

D'après ce que je sais, feu Paltchinski était en relation étroite avec le capital français et anglais. Rabinovitch s'était entendu avec la Pologne. Khrénnikof était dans d'excellents ter­me, avec la direction de la compagnie Vickers et Fédorovitch avec Leslie Urquhart de la Russo-Asiatic Consolidated.

 

Selon l'acte d'accusation, toutes ces insti­tutions et ces personnage devaient subvention­ner la campagne de désorganisation de l'éco­nomie soviétique et préparer ainsi la pénétra­tion militaire étrangère.

 

URSS- A l’incurie des responsables staliniens, il fallait désigner à la vindicte populaire  les responsables.
Une parodie du grand procès du sabotage

 

Le grand procès du sabotage s'est terminé le 7 décembre par la condamnation à la peine de mort du professeur Ramsine, de Laritchef, de Tcharnovski, de Kalinnikof et de Fédotof, et à la condamnation à dix ans de réclusion des ingénieurs Koupianof, Sitnine et Otchkine.

 

Jusqu'à la dernière minute les huit inculpés ne se sont pas départis de la ligne de con­duite qu'ils s'étaient imposée dès le début du procès. Chacun d'eux se plut à reconnaître pour exacts et bien fondés tous les délits et tous les crimes qui leur étaient reprochés. Certains d'entre ces étranges inculpés s'ac­cusèrent même de délits supplémentaires. Aussi étrange fut leur attitude à l'égard de la Guépéou. Ils ne prononcèrent pas un mot de blâme à son égard. Tout au contraire, ils reconnurent qu’ils avaient été traités de façon parfaite par ses agents. On a parlé de tortures dans la presse étrangère marqua a un moment donné Ramsine : Mais regardez-moi, est-ce que j’ai l’aspect d’un homme que l’on a torturé ? Et Fédorof de renchérir : évidemment aucun de nous n’a été torturé. Nous croit-on capables de dire des mensonges pour nous perdre volontairement ?

 

Tous furent récompensés de leur docilité. Vingt quatre heures ne s’étaient pas écoulés que ces accusés étaient partiellement graciés, les condamnations à la peine capitale commuées en 10 ans années de détention, les peines de 10 ans réduites à 8.

 

Le Times qualifia les débats de farce tragique, c’est aussi ce que pensent les journaux russes d’opposition paraissant à l’étranger. Le journal démocrate que M. Mikoulof, imprime à Paris publie les remarques suivantes :

 

« Il viendra un moment où la voix courroucée du prolétariat ne se fera plus entendre. Les journaux de Staline se tairont pour quelque temps, et le plan quinquennal se replongera dans les grisailles de la vie journalière... après le procès, il ne produira aucune amélioration, sur le front du ravitaillement, et il n’y aura aucun progrès dans la situation monétaire.... la situation ne s’améliorera pas, elle ne fera qu’empirer. On pourra inventer de nouveaux procès, cela ne changera rien. Staline ne réussira pas à procurer du pain aux foules uniquement avec des spectacles. Tout au contraire, plus on voudra de procès à grande mise en scène, plus il faudra renouveler le programme et la troupe... et le dernier acteur pourrait bien être... Staline en personne. Evidemment, il découvrira bien encore des saboteurs sur tous les fronts. Il les fera juger et punir, néanmoins, la situation ne fera que s’aggraver. Ainsi, le procès qui vient de s’achever, de même que les procès qui pourront surgir dans l’avenir, finiront par persuader, à ceux qui ont encore une confiance illimitée en Staline, que le moment est venu de lui mettre la main au collet. Un régime de pourriture, est obligé en fin de compte de se détruire de lui-même ».

 

 

 

L’humanité pendant ce temps applaudissait les condamnations et titrait en page 3 le 12 novembre 1930 :

 

La préparation de l’agression

 

Les intellectuels saboteurs agissaient en URSS à l’instigation du gouvernement français et de son état-major

 

L’humanité à déjà parlé du complot ourdi, à l’intérieur de l’URSS contre la sureté et la situation économique de l’état ouvrier. L’agence Tass publie l’acte d’accusation contre cette organisation contre révolutionnaire… l’acte d’accusation met en cause Poincarré et Briand, des officiers de l’Etat-major, qu’il accuse d’avoir élaboré un plan d’attaque armée contre l’URSS…

 

 

 

Jean Aikhenbaum     

 

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