L'HUMANITÉ donne aujourd'hui la fin de l'exposé du camarade Staline devant le 17e Congrès de notre parti frère de l'Union soviétique. Ce discours connaît un énorme succès dans toute, l'Union où il est déjà répandu par plusieurs millions d’exemplaires de journaux. On peut dire qu'il n'y a pas un seul ouvrier des usines soviétiques qui n'en ait déjà pris connaissance.
Mais le succès
du discours a dépassé toutes les frontières du pays de la
révolution. Il est analysé et commenté dans toute
la presse du monde entier. Comme il est naturel, l'on y dénature le sens des paroles de Staline on accumule les objections et les réserves ………
Nous demandons, quant à
nous, à tous les travailleurs de lire avec la plus grande attention ces
pages admirables. Il y trouveront des explications simples,
claires, des arguments irréfutables pour tous les actuels problèmes
de politique…. Dans ses diverses phases avec une précision unique
et une hauteur de vues
que pas un autre homme politique n'est présentement capable. Quand il étudie la raison
essentielle de la victoire éclatante du bolchevisme est
là, dans ce sentiment de
confiance, dans cettefoi en la mission du prolétariat……
La grande parole de Staline
retentit ainsi au-dessus, bien au-dessus des scandales et
des hontes, des intrigues politiciennes qui agitent les
représentants des capitalismes en décadence. C'est la voix du
marxisme, non seulement respecté dans toute sa rigueur doctrinale,
mais du marxisme qui se
réalise, qui dirige l'économie, qui prouve ainsi sa
supériorité écrasante sur le vieux libéralisme bourgeois décomposé, éliminé, pourri.
…….On comprendra alors t'abîme qui sépare la politique d'un Vandervelde ou d’un Blum et celle du chef éprouvé du Mouvement socialiste
révolutionnaire mondial.
Marcel CACHIN.
Petite histoire du bolchevisme
Le bolchevisme, cet enfant terrible du socialisme, naquit à Londres, par un beau jour de juillet de l'année 1903, d'une bouderie entre deux « camarades », Oulianov-Lénine et Zederbaun-Martov.
Le prétexte en était mince. Lénine avait proposé de réduire à trois les six rédacteurs du journal du parti : Martov s'y était opposé ; le congrès, indécis, se rangea, en définitive, à l'opinion de Lénine, désignant, toutefois, Martov comme l'un des trois rédacteurs.
Martov refusa avec hauteur le poste qu'on lui offrait, il défendit à ses partisans de prendre part à réfection du comité central, qui se trouva composé ainsi exclusivement de léninistes. Dès ce moment, ces derniers prirent le nom de bolcheviks » ou majoritaires, tandis que les marteauvistes passaient à l'opposition sous l'appellation de mencheviks » ou minoritaires.
Or, à cette époque, aucune divergence de principe ne séparait encore ces deux groupes qui appartenaient à la gauche » du parti socialiste russe. Le programme, établi par le congrès de Londres, avait été rédigé avec la collaboration de ses deux chefs : Lénine et Martov. Ce document était fort modéré et ne contenait rien de spécifiquement collectiviste. Il y était question d'une Chambre des députés, élue par le suffrage universel, de diverses garanties pour tous les citoyens, de la liberté....
Il annonçait déjà que le prolétariat victorieux se débarrasserait de ses ennemis par des moyens « plébéens » lisez : les balles ou la guillotine. Nous sommes les jacobins du socialisme », disait-il encore, des bolcheviks. Nilartov, tout en partageant ces idées, n'avait pas la même envergure ; éternellement ballottés entre leurs principes et leur conscience, les mencheviks étaient condamnés à une existence de plus en plus effacée, en marge de tous les régimes et de tous les principes. Plus à gauche que les socialistes-révolutionnaires, ils se laissèrent pourtant dominer par ces derniers au début de la révolution de 1917, ne surent pas s'opposer à la mainmise de Lénine et finirent par disparaître en fumée de l'horizon politique de la Russie.
Tout comme les états à régime parlementaire, la Russie soviétique vient d'avoir, elle aussi, sa crise ministérielle. Du reste, cette crise couvait depuis longtemps ; la dictature de Staline était loin de plaire aux grands chefs du bolchevisme, vétérans chevronnés des grandes luttes politiques et nouveaux venus aux ambitions démesurées. Ils ne supportaient qu'avec impatience l'arrogance de ce Géorgien, que Lénine lui-même avait qualifié, dans son célèbre testament, d'individu ignorant, grossier et borné, en recommandant à ses successeurs de ne jamais lui confier aucun poste important et responsable.
Pour bien comprendre la signification des derniers événements, il faut se rappeler que l'Union des Républiques socialistes soviétiques, ou l'U.R.S.S., est composée de plusieurs républiques, dont la plus importante est la république russe ou R. S. F. S. P. D'après la constitution soviétique, chacun de ces Etats a son propre conseil des commissaires du peuple; la fédération elle-même est gouvernée par un conseil central, le Sovnarkom de l'U. R. S. S. présidé par Rykov. …..
Alexis Ivanovitch Rykov, dit Alexis >, dit Rojkov, dit Vlassov, dit le Bègue, dit Vassili, dit Sevostian, né en 1881, avait fait un peu tous les métiers, mais surtout celui de conspirateur……..il organise avec Lénine une école de préparation bolcheviste à Longjumeau. De retour en Russie, il se lance dans une active propagande révolutionnaire et se fait pincer par les gendarmes en février 1910 ; ………….beaucoup plus enclin au socialisme doré qu'au bolchevisme, Rykov ne suivit Lénine que sous l'influence du terrible ascendant que ce dernier exerçait sur les natures faibles. Il subit plus tard Staline, comme il avait subi Lénine, mais avec moins de patience et plus de palinodie.
Quoi qu'il en soit, avec Rykov disparaît l'un des derniers grands lieutenants de Lénine. Sverdlov assommé par les ouvriers, Dzerzinsky mort, Trotzky, Zinoviev, Kamenev, Radek écartés définitivement par Staline, Lounatcharsky réduit à des rôles de troisième ordre, il ne reste plus guère de la grande équipe que Meer Enoch, Moiseevitch…..
Choix de textes Jean Aikhenbaum
sources articles de presse 1931/1935 (L'humanité - Je suis partout etc.)