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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 12:01

Il nous a semblé intéressant de republier cet article paru dans « Réussir votre santé 1994 »

 

 

Tiens, en passant, E. coli a fait des siennes, vous savez cette vilaine bactérie mutante qui résiste à tout les antibiotiques que nous avons à notre disposition, penicilline, tetracycline, nalidixic acid, trimethoprim-sulfamethoxazol….

(voir : http://www.hstes.com/article-j-me-demande-parfois-si-l-espece-humaine-est-frequentable-76305979.html)

 

En 1899, Vuillemin crée le terme "antibiose "

pour désigner les phénomènes

d'antagonisme entre les micro-organismes vivants.

Le mot "antibiotique "est dérivé de ce terme.

En 1942, Sehman Waksman, inventeur

de la streptomycine et lauréat du Prix

Nobel, définit les antibiotiques comme

"des substances chimiques naturelles

produites par des micro-organismes qui

le pouvoir d'inhiber la croissance, ou même

de détruire d’autres micro-organismes".

 

 

 

 

Cette définition s'avère rapidement insuffisante et actuellement, sous la notion d'antibiotique, on comprend "toute substance d'origine naturelle ou synthétique qui a une toxicité sélective envers le ou les micro-organismes visés et au contraire une toxicité suffisamment faible vis à vis de l'hôte humain, animal et végétal, pour que son administration puisse être réalisée par une voie générale ".

 

Une conséquence logique

 

Alexandre Fleming est reconnu comme l'inventeur du premier antibiotique : la  « pénicilline». En étudiant l'histoire de la chimiothérapie du vingtième siècle on s'aperçoit que cette découverte est la conséquence logique de l'évolution de la médecine et de la biologie des 19 et 20" siècles.

La théorie pasteurienne a longtemps dominé la science, mais les praticiens ne disposaient

d'aucun moyen thérapeutique (sauf vaccins et sérums ) permettant la mise en pratique d'une thérapie relative à la conception microbienne des maladies.

 

Les pharmacopées traditionnelles utilisaient divers agents bactériostatiques :

 

- les Chinois : les moisissures pour soigner furoncles et infections ;

- les indiens du Pérou : le quinquina contre le paludisme

- l’Europe médiévale : du pain mélangé la toile d'araignée (Ce mélange contient de la

pénicilline).

Les techniques de la chimie des années trente étaient suffisamment développées pour pouvoir déterminer et isoler ce type de substances.

La découverte de Fleming (un peu hasardeuse) avait des précurseurs théoriques avec les travaux d'Ernst Duchesne qui rapporte dans sa thèse l'action antibactérienne de " Penecillium glacum " et avec les travaux de nombreux autres biologistes sur le phénomène d'antagonisme biochimique entre divers micro-organismes.

 

Une découverte attendue par les chercheurs

 

La découverte des antibiotiques était attendue par des chercheurs comme un complément logique du développement de la conception pasteurienne, car si on a trouvé un coupable : le "microbe ", il fallait trouver le moyen pour le détruire "l'antibiotique ". Le succès rencontré par les antibiotiques est donc logique ; ils allaient croyait-on, permettre à l'humanité de se débarrasser définitivement des maladies.

Leur pouvoir médiatique dure encore ; il suffit de se souvenir de la "staphicylline qui sauva la vie de Liz Taylor ".

La production commence au cours de la deuxième guerre mondiale et les antibiotiques arrivent en Europe avec les alliés.

 

Ces médicaments sont considérés comme une victoire de la démocratie.

 

La pénicilline règne sur les marchés noirs des pays occupés et elle est l'objet de recherches par la police allemande, car pour les nazis, elle est la preuve de relations entre les propriétaires d'antibiotiques et la résistance. Anecdote véridique qui renforce la légende des antibiotiques vis à vis des agressions externes.

Mais il a suffi de moins de cinq ans pour que la réalité jette le doute sur les belles promesses, des producteurs d'antibiotiques. Dès 1 946 on découvre des staphylococcies résistantes à la pénicilline. La résistance des microbes était pourtant prévisible puisqu'elle est parfaitement en symbiose avec la théorie de la sélection naturelle et des adaptations, mais cette résistance dépasse toutes les craintes. Au début, une grande partie des chercheurs a cru qu'il serait possible de venir à bout des capacités d'adaptation bactérienne et qu'enfin on découvrirait un "super antibiotique ", qui rendrait les micro-organismes inoffensifs à jamais. Mais encore une fois les scientifiques ont sous-estimé les forces de la Nature.

 

Le phénomène de résistance bactérienne toujours peu connu

 

Pourtant, on connait les capacités d'adaptation de la vie dans des conditions extrêmes, telles les bactéries dans les sources chaudes, dans la neige des hautes montagnes, ou la survivance à des solutions élevées dans diverses substances chimiques. Le phénomène de la résistance bactérienne est toujours peu connu, mais les résultats des recherches sont très décourageants pour les partisans des antibiotiques.

On a découvert des bactéries qui n'ont lamais eu de contact avec les antibiotiques et qui ont pourtant un niveau très élevé de résistance.


Des bactéries capables de résister  tous les antibiotiques connus !

 

Les biologistes américains ont décrit des bactéries capables de résister à plus de cent antibiotiques différents, et autre phénomène, une bactérie traitée par un antibiotique, développe par anticipation sa résistance aux autres antibiotiques.

C’est-à-dire qu'elle "prévoit "la réponse à l’action des agents chimiques qu'elle n'a jamais encore rencontrés.

 

Des réservoirs innombrables

 

Les circonstances de cette propagation de résistance ne sont pas très encourageantes pour l'homme. Citons :

 

- Les aliments, les hôpitaux, les animaux domestiques; sont des réservoirs naturels de ces

foyers de résistance ; la vitesse de sa transmission, (une bactérie peut donner environs 17 millions de nouveaux micro-organismes en 24 heures, alors qu'il faut aux chercheurs, en moyenne huit ans pour mettre au point un nouvel antibiotique) ; le caractère planétaire d'apparence de ce phénomène (on trouve au même moment en Europe, en Amérique Latine et aux Etats-Unis des bactéries résistantes à l'antibiotique en question ).

 

Des mécanismes de résistance complexes

 

La connaissance de plus en plus détaillée des mécanismes de cette résistance (la neutralisation enzymatique, le changement de la perméabilité cellulaire, la fixation de l'antibiotique ou son rejet à l'extérieur, le développement des voies métaboliques parallèles à celles affectées par l'antibiotique ) et des mécanismes de la transmission (par les plasmides et par les transposons ) limitent et mettent fin à la croyance de l'existence d'un super antibiotique.

Depuis un certain temps, les médecins constatent le retour de maladies contagieuses que l'on croyait à jamais disparues : tuberculose, choléra et des cas graves, souvent mortels, de pneumonies. L'impuissance des traitements par antibiotiques parait de plus en plus évidente, et les maladies "sans espoir " sont de plus en plus fréquentes.

 

Un bilan décevant

 

Il est temps de faire le bilan de cinquante ans d'utilisation des antibiotiques. Ce qui est hélas certain, c'est que "la victoire sur les infections", promise au début de l'ère de la chimiothérapie moderne; reste du domaine de l'utopie.

Soyons honnêtes, les antibiotiques ont sauvé des millions de vies humaines. Mais leur utilisation qui ne se justifiait pas toujours, (pour soigner un simple rhume par exemple ), donc inutile, ainsi que leur emploi très répandu dans l'agriculture, ont des conséquences graves, et toujours difficiles à évaluer pour l'humanité.

Au début, les antibiotiques sont utilisés pour soigner des maladies contre lesquelles les autres moyens thérapeutiques ont échoué. Les médecins, les pharmaciens, et surtout les producteurs, commencent à les considérer comme un remède anodin, comparable aux vitamines.

 

Souvent ils sont aveuglément prescrits sans analyse bactériologique préliminaire.

 

 Le public, trompé par les médias, boude les rares médecins qui contestent "la panacée du vingtième siècle ".

Très rapidement on oublie que par définition les antibiotiques sont le résultat d'un compromis entre la toxicité ciblée sur la bactérie et la toxicité pour l'organisme humain (difficile à estimer ).

Le résultat de cette mauvaise politique est double. D'abord c'est la pollution de l'environnement par des agents chimiques puissants (surtout par l'intermédiaire des aliments) ; ensuite la création d'une nouvelle génération de micro organismes. L'homme a déclenché un processus dont les conséquences à long terme sont imprévisibles.

 

Le pouvoir pharmaceutique : un lobby toujours présent

 

Il faut ajouter que "le lobby des antibiotiques " dispose de tous les éléments nécessaires pour avoir conscience de la gravité de ce choix. On s'aperçoit qu'une fois de plus, les grands laboratoires ne se sont pas inquiétés des processus biologiques, mais ont recherché uniquement le profit et la rentabilité. De plus, les énormes moyens financiers destinés aux recherches sur les antibiotiques ont fait que les études sur les thérapies alternatives ont été abandonnées.

 

La faillite des antibiotiques est un échec de la science réductionniste qui veut réduire les processus vitaux, si complexes par nature, aux simples relations "bactérie-toxine ".

Existe-t-il une solution ? Faut-il abandonner totalement l'usage des antibiotiques ? Les antibiotiques sont-ils remplaçables par d'autres moyens thérapeutiques ? Il est impossible de répondre à la question car on ne connaît pas les évolutions des bactéries. Il est bien évident qu'il faut en limiter l'usage et renforcer le contrôle des nouveaux produits.

 

Quelle solution envisagée ?

 

La richesse de biens que nous dispense la nature permettra peut-être de trouver une solution. Peut-être faudra-t-il diriger les recherches vers des produits issus des plantes supérieures ? Ce qui est certain, c'est que nous sommes condamnés à trouver une solution alternative aux antibiotiques.

 

    Jean Aikhenbaum

 

Bibliographie

- The end of antibiotics, de Sharon Begley,

Nasweek 28/94

- The Antibiotic Paradox, par Stuart Levy

- Ecology of Antibiotics resistance determinants, par Stuart Levy

-          Bambury Report 24, Antibiotic Resistance genes

-          The history of antibiotics, symposium

American institut of the history of Pharmacology

 

 

 

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