Ouf, le monde respire, DSK, n’est plus un minable petit violeur exclus de la cour des grands. Pas encore tout à fait redevenu fréquentable pour tous, mais presque, pour les socialistes, y’a pas de problème, totalement blanchi. De l’autre côté, on est dans l’expectative. Les prises de positions ne saurait tarder. Le simple pékin, comme vous ou moi, peut peut-être se demander pourquoi on attache tant d’importance à une telle affaire, qui n’est qu’une simple fait divers graveleux, qui normalement ne mérite pas plus qu’un entrefilet dans la presse, y’a tout de même pas eu mort d’homme, comme dirait je ne sais plus trop qui. Mais voilà, dès qu'un truc comme ça touche quelqu’un en vue, avec en prime, une suspicion de sexe et droit de cuissage voilà tous les ingrédients réunis pour faire recettes et ameuter le public avide de projections par folliculaires interposés.
De violeur (présumé) le v'la devenu martyr
Bref, la justice américaine l’a blanchi…. De violeur (présumé, je précise) le voilà presque devenu martyr. Devrait être sanctifier le mec, à défaut d’être président. Après toutes ces souffrances endurées avec courage et silencieusement. Seule la sanctification est à la hauteur de tant d’épreuves. J’trouve que saint DSK ça sonne bien, un nom à trombone comme ça ferait frémir n’importe quelle mémère ou bourgeoise en retard d’ave et de pater, et puis vous vous rendez-compte, plein de cierges brûlés, de prières, fini Bernadette et les autres, y’en aurait plus que pour lui, avouez qu’il y a de quoi contrarier un peu les vieux saints sur le retour qui ne font plus guère recette. Enfin, c’est la vie la concurrence est difficile, mais la nouveauté prime toujours, place aux jeunes en quelque sorte…. Le culte y gagnerait les églises seraient à nouveau pleines.
Le temps ne s’est guère réchauffé, j’ai pas très bien compris, l’affaire Khadafi et la Lybie, on me l’a sûrement mal expliquée. Voilà un mec dont on s’est plus ou moins accommodé durant une quarantaine d’années, c’est vrai avec quelques petits défauts, et puis d’un seul coup d'un seul, le v’la devenu le méchant, l’homme à abattre. On a une chance énorme, d’avoir des hommes politiques aussi éclairés. D’abord, on avait tout fait pour le convaincre que si il se tenait bien, il avait tout à y gagner. On a même déroulé le tapis rouge, reçu en grande pompe, installé ses tentes à l’Elysée enfin presque. Même ses mouquères garde du corps étaient là. Avouez qu’on avait fait les choses en grand. En plus on était prêts à oublier quelques détails, vous savez ces petits accidents d’avions, les infirmières bulgares et autres petites affaires destinées à nous porter tort. Le passé était le passé, on fait table rase de ces petites erreurs de jeunesse. Au passage, on lui a très certainement fait comprendre qu’entre gens civilisés, il est bon de se faire quelques cadeaux, et qu’en haut lieux on était disposé à lui vendre quelques babioles…rien à débourser payables contre pétrole sonnant et trébuchant….. Rien compris le mec, obtus comme un émir arabe, il s’en est retourné chez lui dédaigneusement avec ses tentes ses mouquères et après avoir bien roter ou péter, je ne sais plus très bien et tout ça à nos frais.
Rien compris, je vous le disais, et nous on serait rester tranquilles à faire les gros yeux à Bachar ou à Almajihad et à quelques autres roitelets qui de temps à autres font des entorses aux règles de bonne conduite internationale.
Trop, c’est trop on a ameuter le voisinage, même notre philosophe mondain de service, y a été de sa plume et de sa langue. Comme dans la mouche du coche, il a vaillamment participé à l’action, revigorant toutes les forces défaillantes et justifiant la justesse de notre action. Vous l’avez peut-être vu à la télé se félicitant de la tournure que prenait les événements. Dun coup, notre ténébreux émir s’est retrouvé sans copains, plus personne pour le défendre, rien que ses majorettes avec leurs cuissardes et leurs pistolets à eau. Prêtes à mourir pour leur héros à condition qu’au préalable on leur envoie DSK. Intolérables les exigences du clan Khadafi. Il n’y avait donc plus qu’une seule solution, et vous l’avez compris. Seule la guerre pouvait laver tout ces affronts soudainement devenus inqualifiables : quarante ans d’insultes ne pouvaient pas se contenter d’un silence hautain, même désapprobateur.
D’ailleurs, on a tout à y gagner, les opposants, rebelles, jihadistes en quête de laïcité républicaine, appelez comme vous voulez sont prêts à nous faire toutes les risettes possibles, des promesses on a plein le cabas, le printemps arabe est enfin là, parce qu’ avec les deux autres, c’est pas terrible. L’Egypte, pas de changement, les militaires resteront au pouvoir et c’est probablement là, la moins mauvaise option. Quant à la Tunisie, les frères musulmans aiguisent déjà leurs couteaux, avec tous les infidèles qui restent à rééduquer, le boulot n’est pas prêt de manquer.
Quant à la Lybie, l’avenir s’annonce radieux, d’ailleurs il vous l’ont tous promis, la démocratie avance, avance avan… elle commence à s’enliser dans le sables du désert et en attendant les chrétiens préparent leur bagages (80 à 100.000 environ, il s’agit pour la plupart de religieuses, appelées par Khadafi qui travaillent dans les services de santé) … c’est vrai qu’on est plus démocrate entre nous, tant pis pour eux, et on trouvera toujours quelques minorités à se mettre sous la dent. En attendant l’opposition prépare des élections libres, enfin libres, sous la surveillance étroite de quelques imams sourcilleux. L’avenir s’annonce rose, Martine qui s’est, l’une des premières, réjouies de la chute du vilain dictateur. Vous pouvez être assurés quoi qu’il arrive, même avec elle, ce sera le changement dans la continuité.
Ah, je voulais vous parler de Fukushima, y’a pas le feu au lac, rien d’urgent, vu que le sujet sera encore d’actualité dans un siècle ou deux.
Jean Aikhenbaum