Quand nous voudrons créer notre grand Reich allemand dans son ampleur définitive nous aurons le devoir d’éliminer les peuples de race étrangère…
C’est seulement quand nous aurons la volonté et le pouvoir d’atteindre ce but que je serai prêt à prendre la responsabilité de sacrifier toute une génération de la jeunesse allemande. Même si tel doit être le prix, je n’hésiterai pas à une seconde à charger ma conscience de la mort de 2 ou 3 millions d’allemands, en pleine connaissance du poids de ce sacrifice... Il ne s’agit pas de supprimer l’inégalité entre les hommes, mais au contraire de l’amplifier. ...la création n’est pas terminée du moins en ce qui concerne l’homme. Du point de vue biologique, l’homme arrive à une métamorphose . Une nouvelle variété d’hommes commence à s’esquisser, dans les sens scientifique et naturel d’une mutation. L’ancienne espèce humaine est déjà entrée dans le stade du dépérissement et de la survivance. Les deux variétés évolueront rapidement en divergeant dans des directions opposées. L’une disparaîtra, tandis que l’autre s’épanouira et dépassera de loin l’homme actuel... sur l’objection de Rauschning que jusqu’ici l’éleveur n’a pas réussi de mutations. Hitler répond triomphant : L’homme nouveau, vit au milieu de nous, il est là, je vais vous dire un secret, j’ai vu l’homme nouveau. Il est intrépide et cruel.
Tout ce qui vient d’être dit, doit rester strictement secret... le programme qui vient d’être esquissé , dépasse la compréhension d’un bon nombre de nos camarades.... Et Rauschning note qu’en prononçant ces mots étranges Hitler tremblait d’une ardeur extatique. Aucun doute, l’homme nouveau pour Hitler, c’était Hitler lui-même.(Hitler m’a dit Rauschning)
Interviewer Hitler en 1931
Parmi les nombreux reportages publiés récemment sur l'Allemagne, le lecteur curieux chercherait en vain une interview d'Hitler, le grand chef du parti national-socialiste allemand, personnage quasi-légendaire qui s'entoure à dessein d'un mystère artificiel.
Aussi, le reportage sur Hitler et sur son état-major, que publie, dans le Pesti-Naplo, un des plus brillants journalistes hongrois, M. Gustave Rab, suscite-t-il en Europe centrale un très vif intérêt. En effet, ce reporter habile a réussi, non seulement à s'introduire dans l'état-major du parti raciste allemand, sur lequel il publie de véritables révélations, mais encore il a pu obtenir une entrevue avec le « bel Adolphe », coqueluche des Gretchen 1931 et suprême défenseur de « la pureté de la race germanique ».
Voici quelques passages marquants de. cette série d'articles à tous les égards remarquables.
Je pénètre dans une pièce du deuxième étage de l'hôtel Parlov, siège de l'état-major des nazis, situé à Munich. Un grand homme à la carrure athlétique et aux sourcils broussailleux me reçoit. C'est le lieutenant Hesse, du secrétariat d'Hitler, qui est, en outre, le garde de corps du chef. Je lui passe ma carte de visite. Il l'examine scrupuleusement. Puis il me demande une pièce d'identité. Je présente ma carte de journaliste. Il la regarde d'un air soucieux. Ensuite, poliment, mais avec fermeté :
— Vous êtes sans doute en possession d'une pièce portant d'autres mentions, celle de votre religion, par exemple ?
Le passeport hongrois indiquant la religion du porteur, je lui tends le mien, qui semble le rassurer. Ce n'est pas tout, cependant. Mon interlocuteur téléphone, tour à tour, à mon hôtel — pour vérifier l'exactitude de mes renseignements — et aux deux personnages connus dont je me suis recommandé. Ce n'est qu'après avoir obtenu les précisions désirées que sa figure se fait plus affable et qu'il me promet de faire tout son possible pour m'obtenir une entrevue avec Hitler...
Toutefois, si les fervents d'Hitler suivent l'exemple de leur chef, on peut douter que les théories de ce dernier triomphent avant longtemps. M. Rab, ayant su s'introduire dans son entourage immédiat, a recueilli quelques précisions qui ne manquent pas de saveur….
Ainsi, l'immense majorité du public sera sans doute étonnée d'apprendre que le principal lieutenant d'Hitler, rédacteur en chef de son journal, est un nommé Alfred Rosenberg ancien citoyen de d'origine rien moins que germanique. Diplômé à l’université rouge de Moscou, ne trouvant pas à s'employer chez les Soviets, il émigra en Allemagne, où il s'introduisit dans la rédaction du journal d'Hitler, alors à ses débuts.
Hitler lui-même, bien qu'apôtre de la thèse qui veut que la perpétuation d'une race pure soit un devoir patriotique, est réfractaire au mariage.. néanmoins ce n'est plus un secret depuis une dizaine d'années, il a voué une amitié des plus fidèles à une princesse roumaine de la célèbre famille des Cantactuzènes. Cette prédilection du champion de la pureté, des races apparaît comme peu conforme à ses théories. La princesse est une femme aux yeux noirs, aux cheveux bruns et crépus, à la taille féline, de type latin prononcé, alors qu'Hitler, lourd, osseux, les yeux glauques, s'apparente plutôt au type germanique. Cette amitié ne serait pas devenue aussi profonde, dit-on, si la princesse n'avait prouvé, que son admiration pour Hitler pouvait aller jusqu'au sacrifice. .....elle sera condamnée par les tribunaux allemands pour manifestations trop véhémentes de ses sentiments hitlériens….. Peu après, elle commandite le journal des nazis. Depuis ce temps- là, le sentiment de l'irrésistible Adolphe pour la princesse ne connaît plus de bornes. Elle jouit de son entière confiance.....
Une attirance toute passagère pour la femme d’un marchand de
pianos.
Elle s’appelait Madame Bechstein, elle était la femme d’un marchand de piano qui avait une vingtaine d’années de plus que lui. Des scènes de cette relation sont relatées par divers témoins, qui racontent: « dans l’intimité, ou devant de rares amis, il s’asseyait aux pieds de l’imposante maîtresse de maison, appuyait sa tête contre son opulente poitrine et fermait les yeux ».
Cet amour tout platonique ne devait pas satisfaire pleinement le bel Adolf, puisqu’il fit la connaissance d’une ravissante adolescente pleine de charme... fille du photographe Hofmann, d’une rare beauté, blonde transparente au corps d’éphèbe... le père apprit cette liaison, celle-ci tourna court, bien qu’à cette époque Hitler fut déjà un personnage bien en vue. Cette aventure sans lendemain, se solda néanmoins par l’enrichissement du photographe Hofmann, puisque celui-ci obtint en dédommagement du « déshonneur causé à sa fille » les droits photographiques d’Hitler pour le monde entier. Devenu Chancelier, il ne garda pas rancune à la belle de cette rupture, puisqu’il nomma plus tard son mari chef de la jeunesse allemande.
Allemagne - Coups de revolver dans la nuit.
Dans la banlieue de Hambourg, l'autre nuit, trois revolvers nationaux-socialistes ont « descendu » un député communiste.
Ces coups de feu ont tué un homme, mais il en ont réveillé beaucoup d'autres qui commençaient à s'endormir sur des lauriers trop aisément conquis, Dans un demi-silence, on effet, on parlait volontiers, depuis quelques semaines, d'un tassement dans la masse hitlérienne. On croyait même, certains jours, enregistrer les symptômes d'un premier recul de la croix gammée. Outré par les insultes racistes, scandalisé en son rigorisme catholique par la démagogie radicale, le chancelier Brüning, après avoir maintes fois cédé, avait brusquement fait face aux nazis et s'était adressé en termes sévères au peuple d'Allemagne. Et Brüning n'était pas tombé ; au contraire, son crédit intérieur et extérieur avait augmenté. D'autre part, la Bannière du Reich, la puissante association de militants républicains et socialistes, s'était mise sur le pied de guerre.
A grand renfort de tambour et... de discours de son président Hörsing, qui n'enfilait certes pas ses gants pour défier les fameuses S.A (troupes de choc) d'Hitler et annoncer leur prochaine défaite. Enfin, le gouvernement socialiste de Prusse ne se laissait nullement intimider par la menace du plébiscite de dissolution, et sa police continuait à maintenir à peu près l'ordre sur la majeure partie du territoire du Reich, interdisant même plusieurs réunions national-socialistes au profit des républicains. Le Reichstag lui-même, suivant le chancelier dans son offensive, votait de nouveaux règlements destinés à entraver le plus possible les fantaisies tumultueuses des extrémistes.
Outrés à leur tour, les 107 « chemises brunes » quittaient l'assemblée, entraînant avec eux les nationaux-allemands......
...aussi les causes de cette insensibilité dans une certaine brutalité naturelle et surtout dans la logique totale qui, inspirant des révolutionnaires sincères et réels, leur fait considérer l'assassinat comme un moyen normal d'action politique.
Cette fois-ci, cependant, des organes tels que le Berliner Tagebtatt s'émeuvent sur plus de colonnes qu'il n'est d'usage: En trois éditions, quatre articles de fond sur ce sujet. Le premier pour rappeler que deux jours auparavant, dans la même ville, un agent de police raciste réprimandé tirait sur un conseiller à la Cour ; le second pour montrer à la bourgeoisie nationale d'Hambourg qu'en pactisant avec les extrémistes de droite elle arrivait fatalement à cette situation ; le troisième pour s'en prendre au pauvre M. Wirtb, que l'on estime « trop mou depuis longtemps » ; le dernier pour mettre les partis nationalistes d'Hugenberg et aussi les populistes en présence de la responsabilité qu'ils assument à être les amis des nazis... Mais, il y a trois, cinq, huit jours, on consacrait généreusement dix lignes à la mort violente, dans une bagarre quelconque, d'un citoyen raciste, socialiste ou communiste... Il faut vraiment que, cette fois-ci, l'opinion ait été frappée.
Qu'il l'ait voulu ou non, à tort ou à raison, avec ces trois coups de revolver et ce cadavre, Hitler apparaît à nouveau comme le seigneur de la guerre.
Jean Aikhenbaum
Sources sélectives :
Je suis partout 1931 – articles de presse
Hitler m’a dit – Hermann Rauschning