L’importance de la biodiversité
Sauvegarder la biodiversité pour préserver notre santé (texte de 1996 publié pendant la crise de la vache folle)
La sauvegarde de la biodiversité des animaux domestiques est l’une des premières mesures à prendre pour résoudre la “crise de vache folle”. D’après “The World Watch List for Domestic Animal Diversity “, 27% du patrimoine des animaux domestiques (dont 274 uniquement pour l’Europe) est menacé de totale disparition.
L’industrialisation de l’agriculture est la première responsable de la perte considérable qu’ont subi les variétés de bovins. En 1865 en France on comptait environ 50 de races. En 1943, trente races se répartissent un troupeau de 18 millions de têtes (dont huit se partagent 50% du cheptel).
Aujourd’hui 85% du cheptel français n’est représente que par cinq races !
Pourtant indépendamment de celles sélectionnées pour l’élevage industriel, on trouve en France et ailleurs des races à petits effectifs, parfois appelées rustiques, qui se sont réduits comme peau de chagrin depuis les années 1950-1960. Le plus souvent ce sont des races locales, qui comportent moins d’un millier de têtes. Citons : La Bretonne pie noir (500 vaches réparties chez 75 éleveurs), l’Armoricaine (50 femelles inventoriées dans huit troupeaux situés dans le Finistère), l’Aure et la Saint Girons (70 femelles inventoriées), la Gasconne aréolée (170 vaches), la Béarnaise (75 vaches et 10 taureaux), la Lourdaise (45 vaches), la Marachaîne (60 bêtes), la Nantaise (60 bêtes), la Villars-de-Lans (144 vaches). Ces races ont été condamnées par nos éminents technocrates de l’agriculture à disparaître, elles n’avaient selon eux plus aucune raison d’être. Elles ont été souvent d’ailleurs traitées injustement comme signe de pauvreté et d’arriération. La Ferrandaise (actuellement 200 femelles) a été même interdite de concours agricole dans les années 1950, tant les technocrates de l’agriculture souhaitaient la voir disparaître. Plusieurs races ont disparues définitivement (25 en France) notamment : l’Albanaise: race de la région de l’Albens en Haute Savoie, l’Augeronne, la Betizu (race Basque).
Quelques unes de ces races rustiques ne survivent actuellement que grâce aux efforts d’organismes à buts non lucratifs, comme les conservatoires biologiques régionaux (qui maintiennent entre autres le troupeau de Gasconne aérolée) ou de Parcs Naturels (la Nantaise a survécu grâce au Parc Naturel de Brière). Pourtant, il semble nécessaire de trouver à ces races un rôle diffèrent que celui d’accessoire de décoration pour agrémenter le paysage ou de pièces de musée ! Elles sont connues pour leur longévité et leur résistance à des conditions environnementales difficiles. De plus, nous savons que plus une population est variée génétiquement, mieux elle résiste aux maladies. Il est très certainement parmi ces races, des animaux susceptibles de résister à la folie de l’homme. Elles font également partie de notre patrimoine culturel. Leur sélection s’est effectuée pendant plusieurs milliers années. Il est impossible de penser revoir les conditions de l’élevage “moderne” et vouloir assurer la sécurité des consommateurs en oubliant ces races menacées de disparition.
Source de données: Inventaire des Animaux Domestiques en France, Alain Raveneau, Ed. Nathan 199