N.B/ ce dossier a été réalisé en 96 - 97, aujourd’hui il serait légèrement différent et tiendrait compte des dernières publications. Toutefois, nous ne remettons pas pour autant en cause l’ensemble de notre analyse.
(texte publié en Juin 96 destiné à présenté un salon sur l’environnement qui s’est tenu au Centre Eiffel à Paris)
Faut-il mettre des préservatifs aux vaches folles ?
La nature des recherches virologiques, fait que même si la relation existe et que certaines personnes aient été réellement contaminées, il faudra encore prouver que cette contamination a un rapport avec la consommation de viande. Enfin, on peut également s’interroger sur la seule médiatisation du risque encouru par la consommation de viande britannique, parce que l’on trouve des bêtes malades dans les cheptels suisses, portugais et français. Si l’on tient compte que seul un petit pourcentage de porteurs de virus développe la maladie, les risques de l’éventuelle contamination semble être importants même dans des élevages où la maladie ne s’est apparemment pas manifestée. Les virologistes classifient le virus responsable de la maladie de Creutzfeldt-Jakob parmi les virus lents. C’est à dire qu’entre le moment de la contamination et l’apparition des premiers symptômes de la maladie il faut souvent plusieurs années (parfois une vingtaine). Le cycle rapide de production industrielle de viande bovine fait, que pour la grande partie des animaux porteurs de virus, la maladie n’aura pas le temps de se manifester. L’expérience que nous avons avec ce type de pathologies démontre que souvent ces virus échappent aux tests de contrôle de routine. C’est le fait pour les virus lents, car ceux-ci ne se repliquent que lentement, ils n’atteignent pas le stade de l’infection, sont peu nombreux donc plus difficile à détecter.
Pour asseoir notre argumentation, nous voulons insister sur le fait que notre connaissance en la matière, et nos possibilités d’action sont des plus restreintes. Mais même, si nous ne savons rien ou pas grand chose, sur les risques de transmission aux humains de la maladie de la vache folle, en revanche l’attitude des pouvoirs publics Européens à de quoi laisser perplexe. Cette infection est connue en Europe depuis au moins dix ans. Depuis plusieurs années on sait qu’elle est causée par un virus lent. Enfin on a l’exemple de nombreuses maladies virales dont les vecteurs sont les animaux. Depuis plusieurs dizaines années nous savons également que très fréquemment les virus ne sont pas spécifiques à une seule espèce, c’est à dire que le même virus peut infecter plusieurs espèces animales (et l’homme). Dans des conditions d’expérimentation in vitro il est possible de contaminer des animaux par le virus “Kuru” (dont les symptômes cérébraux sont proches de ceux de la maladie de la vache folle). L’encéphalopathie spongiaire, maladie typique des indigènes de la tribu Foré de Nouvelle Guinée, est attribuée à l’habitude ancestrale de leurs pratiques du cannibalisme. Depuis longtemps déjà, on aurait dû réfléchir aux similitudes de symptômes entre la maladie des vaches folles et certaines maladies dégénératives du système nerveux comparable au syndrome de Creutzefeldt-Jacob.
Pourquoi donc cette bombe politique et médiatique ? Pourquoi a-t-il fallu attendre dix ans pour que se pose la question de savoir si des risques de contamination pour l’homme existait ? Le cas de maladie survenue parmi des employés d’élevage et parmi des individus jeunes (jusqu’alors considérés comme ne présentant aucun risques de contamination) a-t-il subitement interpellé les spécialistes de politique sanitaire ? Enfin l’abattage du cheptel britannique est-il un moyen efficace et suffisant pour protéger notre santé ?
Depuis peu, nous observons l’apparition de nouvelles maladies mystérieuses. Qu’y a-t-il de commun entre la maladie des vaches folles, et celles qui causent la mort massive de phoques de Mer du Nord et qui ravage les écureuils marsupiaux Trichosurus vulpecula d’Australie ? Dans ces trois cas les chercheurs parlent d’un virus qui touche le système nerveux. Ces trois maladies comme par hasard, se manifestent dans un contexte de grave crise écologique dans lequel se trouve ces populations. Les phoques subissent les répercussions de la pollution maritime, qui dépasse leur seuil de tolérance, les écureuils australiens ont été introduits dans différents sites d’Australie et de Nouvelle Zélande comme animaux à fourrures, ils se sont échappés et ont commencer à envahir des régions très différentes de leurs milieux naturels. Comment s’étonner, si en ajoutant à leur nourriture des carcasses d’animaux malades, et que celle-ci comporte en outre, une antibiothérapie systématique, l’action permanente des hormones, le stress qui découle des conditions d’élevage industriel, que ces innocents ruminants deviennent une population à hauts risques.
Nous ne voulons pas alimenter une polémique purement académique, de savoir si nous sommes confrontés à de nouveaux virus ou si les conditions nouvelles de vie rendent agressifs des micro-organismes qui jusqu’alors n’étaient pas pathogènes. Par ailleurs on sait que certains virus comme le PML , responsable de la l’eucoencéphalopatie sont assez fréquents dans les populations humaines (70% des hommes sont porteurs) mais que ceux-ci ont besoin de conditions particulières pour devenir virulents. On devrait également réfléchir sur le fait démontré récemment par des chercheurs tchèques, que la carte d’évolution de certaines maladies dégénératives est identique à celle des sites de pollution industrielle importante.
Nous pensons que pour éviter ces pathologies aux bovidés et leur éventuelle transmission à l’homme, il faut de toute urgence s’intéresser à la préservation de la nature, plus qu’à l’abattage de troupeaux même si ce moyen semble être nécessaire, il n’est qu’un remède symptomatique et ne traite pas les causes de la maladie. Il est évident qu’aucun des décideurs ne suivra nos conseils d’abandonner la production industrielle de viande et que nos appels visant à la réorganisation de l’élevage et à la protection plus stricte de l’environnement resteront lettre morte. Nous savons également que les pouvoirs publics se doivent de faire quelque chose pour répondre à la pression de l’opinion publique. Nous leur conseillons donc de mettre des capotes anglaises aux vaches. Ce moyen de protection a eu une efficacité psychologique totale sur l’opinion publique et les médias dans l’affaire du SIDA, même si à maintes reprises nous avons démontré que son efficacité réelle était plus que douteuse.
1°) Il n’a pas été démontré que l’encéphalopathie spongiforme bovine, qui frappe les vaches soit transmissible à l’homme, bien qu’il y ait néanmoins de fortes présomptions. (à l’heure actuelle, la transmission inter espèces a été établie)
2°) La maladie n’a touchée que très peu d’individus, l’expression de la maladie chez les vaches ne connaît pas de courbes exponentielles.
3°) Cette affaire connue depuis très longtemps (années 80) ainsi que nous le soulignons dans le dossier a été montée de toute pièce en épingle, à des fins de marchandage politique et qu’elle a outrepassée l’espérance de ses promoteurs.
4°) la réaction du public du boycott de la viande bovine est disproportionnée en fonction du risque réel, qui est au regard des statistiques est insignifiant, la maladie de Creutzeveld Jakob, n’a fait que quelques dizaines de victimes. On peut donc à première vue être étonné que les hécatombes sur les routes, les nuisances occasionnées par de très nombreuses sources de pollutions industrielles civiles ou militaires ne suscitent aucune réaction de la part de ce même public.
En revanche, cette réaction est significative, elle montre que le public même s’il a mal choisi sa cible, s’interroge d’une façon générale sur la qualité de son alimentation, et vue sous cette optique son interrogation a toute raison d’être, comme nous l’avons maintes fois souligné et démontré. Le risque lié à nos systèmes alimentaires et aux autres sources de pollution industrielle est certain, tous les scientifiques et observateurs s’accordent sur ce point. Les conséquences de nos techniques (y compris médicales) risquent d’être catastrophiques pour les générations à venir; celles-ci ont toujours été soigneusement occultées et par les différents pouvoirs politiques, économiques et industriels.
L’autre aspect a souligné, ce sont les explications et les mesures, je devrais dire l’absence de mesures des pouvoirs en place.
Les politiques, ont mis la responsabilité sur les farines anglaises... alors que le même type d’aliment est donné aux bovins européens élevés de façon industrielle. Pour tous ces spécialistes, il est tout naturel de nourrir des herbivores, avec des aliments contenant des déchets animaux. J’ai même entendu dire, (sans rire) sur une radio par l’un d’entre eux pour justifier ces façons de faire, que la vache lorsqu’elle mettait bas, mangeait son placenta. On peut s’étonner qu’un spécialiste (sic) arrive avec un tel constat, à de telles extrapolations... (alors qu’il s’agit là d’un phénomène bien connu d’autophagie), qui s’observe chez bon nombre d’espèces.
La mesure prise par les pouvoirs politiques, d’interdire la consommation de cervelles et de moelle épinière peut à première vue paraître être une mesure intéressante, mais elle non plus ne résiste pas à une analyse même superficielle. En effet, même si le prion est plus facilement identifiable sur ces organes particuliers, rien ne certifie qu’il ne soit pas présent dans les autres tissus animaux. Je rappelle, ainsi que nous l’avons souligné (Piotr Daszkiewicz et moi-même) la particularité de ces organismes est qu’ils mutent facilement et qu’ils s’adaptent en fonction du milieu. Rien ne certifie, donc qu’ils sont inexistants sous d’autres formes, indécelables.
Il est a souligner qu’en 1988, un laboratoire anglais confirma que l’encéphalopathie spongiforme bovine était liée à la consommation de farines contaminées. En juin 88, les anglais interdirent les protéines animales pour l’alimentation des ruminants. Les farines continuèrent d’être fabriquées et étaient réservées à l’exportation, vers la France, la Thaïlande et Israël. Il va sans dire que les responsables sanitaires de ces différents pays ne pouvaient ignorer que ces farines étaient interdites en Grande Bretagne, l’interdiction en France date de Juin 89 et fut appliquée au mois d’août, uniquement pour les herbivores.
Celles-ci ont néanmoins continuer à nourrir, les animaux d’élevage volailles, poissons, porcs. L’encéphalopathie spongiforme bovine, malgré cette interdiction à continuer à se développer plus en Grande Bretagne qu’ailleurs, ce qui laisse supposer qu’indépendamment de la responsabilité des farines d’autres facteurs environnementaux peuvent être suspectés.
Ainsi que nous l’avons dit et redit, il est indispensable de revenir à des moyens agricoles respectueux de l’environnement.
J.Aikhenbaum
Piotr Daszkiewicz