Aloe sp.
Contrairement aux apparence l’aloès n’est pas un cactus
L'apparence de cette plante trompe les non-spécialistes qui pensent que l'aloès est un cactus. En réalité, c'est un Liliacae (actuellement classé dans la famille Asphodelacae). Le genre Aloe est représenté par environ 250 espèces. Le plus grand (Aloe arborescens) peut atteindre cinq mètres de hauteur.
L'Aloe succotrina est l'un des plus anciens remèdes de l'humanité.
Son jus "alonne" est connu depuis trois mille ans en Somalie et en Egypte. L'Aloès est mentionné dans la Bible et fait partie des remèdes cités par le papyrus d'Edwin Smith. En Egypte, il a la réputation de préserver la vitalité et la beauté. Il était présent lors de cérémonies funéraires, et était considéré comme le signe divin du renouvellement de la vie. Les légendes lui attribuent un rôle dans la préparation de la momification des corps. Il fait aussi partie des plantes secrètes de l'Athharvaveda (l'un de quatre Veda). L'Aloès était connu des Grecs, qu'ils faisaient venir de l'île de Socotra. Diascoride mentionne ses vertus pour la cicatrisation des blessures, des écorchures et des plaies ouvertes.
Pline l'Ancien décrit, dans son Histoire Naturelle, la guérison de la dysenterie par injection d'aloès. La légende lui attribue la guérison d'Alexandre le Grand lorsqu'il fut blessé par une flèche.
Hippocrate fait état de ses capacités à guérir les tumeurs. Cette "plante panacée" a été redécouverte par Albert le Grand, qui l'introduit dans la pharmacopée médiévale. Elle était alors largement utilisée comme remède hépatique.
On rencontre l'aloès dans le Codex de Mélétios de la médecine Byzantine. Elle est également dans la pharmacologie chinoise. Li Shih-Shen la cite comme tonique dans les maladies de l'estomac et de l'appareil digestif. Les grands voyageurs portugais, espagnols et anglais ont introduit de nouvelles espèces d'Aloès et les indications pour lesquelles elles étaient prescrites dans leur pays d'origine. C'est ainsi qu'on a découvert l'aloès du Cap et l'aloès du Natal.
Cette plante a dans les cultures "primitives" un rôle magique.
En Afrique, elle neutralise l'influence des morts qui reviennent sur la terre pour troubler l'esprit des vivants. Au Cameroun, elle protège les femmes contre les accidents qui pourraient survenir en cultivant le jardin. Au Mali, suspendue au toit, elle éloigne les esprits et attire la chance. Les Mexicains fabriquent, des aloès guirlandes "porte-bonheur". Les jeunes filles Mayas enduisent leur visage de jus d'Aloès pour attirer les garçons. "La capacité phéronomique" (capacité à attirer) a été observée et utilisée en Afrique du Sud où les Afrikaaners et les Zoulous affirment que "l'odeur de l'aloès est un puissant "parfum sexuel".
Les vertus des aloès sont multiples: ils sont cicatrisant en usage externe, cholalogue, laxatif et purgatif, en usage interne. Ils ont une solide réputation dans le traitement des brûlures, et même celles occasionnées par des irradiations. Certaines tribus de l'Afrique du Sud l'utilisent comme traitement antisyphilitique et antibiotique. Le Dr Jeffrey Bland, qui a étudié l'influence de l'Aloès sur le système digestif note que cette plante améliore le pH gastrique et permet une meilleure assimilation des protéines. La tradition africaine et les recherches américaines attribuent à l'aloès une action bienfaisante dans les maladies des yeux. L'aloès a été utilisé en ophtalmologie par docteur Vladimir Filatow, l'auteur de la théorie sur les biostimulateurs. Enfin, certains chercheurs font état de sa capacité à diminuer les risques de maladies coronariennes. Il est également prescrit dans la chirurgie buccale.
Il est naturel qu'une telle plante ait suscité des recherches, et particulièrement l'étude de ses composants phytochimiques.
Il semble que la majorité des vertus de l'aloès est liée aux hétérosides anthracéniques (au moins une quinzaine, dont l'aloine) et à certaines substances aromatiques. Les autres éléments (les vitamines, les enzymes, les acides aminées) ne lui sont pas spécifiques, car ils sont présents en abondance dans le monde végétal.
La grande richesse des espèces du genre Aloès, ainsi que l'existence de nombreuses différences biochimiques obligent à les identifier avec rigueur.
Certaines sources démontrent que les aloès de Curaçao ne contiennent pas d'aloine. Thomas Gthens dans "Drug Plants of Africa" suppose que les espèces médicinales sont limitées à quelques-unes: ce sont "l'Aloès succotrina", l'Aloès perryi" et des aloès du Cap (A. ferox, A. africana, A. plicatilis). Quant à ceux que l'on trouve, ce sont probablement des mélanges, dont l'origine est incertaine. Les plantes cultivées sont plus homogènes et plus facilement identifiables, mais peut-on être certain de préserver toute la richesse biochimique que l'on trouve dans les espèces sauvages ? L'expérience démontre que les monocultures appauvrissent les composants génétiques des plantes, ce qui a obligatoirement des répercussions sur leur richesse biochimique. On sait que certains aloès sauvages renferment jusqu'à dix-huit pour cent d'aloine. Qu'en est-il pour les plantes de cultures ? De nombreuses espèces sont actuellement menacées par l'homme, et notre seule façon de les préserver est de cultiver celles que l'on peut acclimater. L' Aloe albida est en voie de disparition (le niveau très faible de germination des graines est probablement, l'un des facteurs responsables). Il n'en reste que quelques centaines et peut-être moins (certaines sources font état de 200) d'aloe polyphylla. Il est pratiquement impossible de la cultiver hors de ses sites naturels.
Le Jardin Botanique de Kew, la plus prestigieuse institution en la matière, va appeler à des manifestations pour sa protection.
Des amalgames douteux.
Certaines des "interprétations biochimiques" de l'histoire de cette plante sont difficiles à accepter. Les Grecs ont utilisé l'Aloè succorina (ils la récoltait dans l'île de Socatra). C'est probablement cette espèce qui a été utilisée par les Egyptiens et les Somaliens.
A l'heure actuelle, de nombreux auteurs et (surtout) de producteurs transposent les vertus traditionnelles de l'Aloè succorina sur l'Aloès vera (plante de culture). Cette pratique n'est guère acceptable. Les différences biochimiques entre des espèces voisines doivent inciter le consommateur à une certaine réserve. Les produits à base d'Aloès devraient faire l'objet d'études sérieuses avant d'être vendus comme "produits naturels". Le manque de données et de communications sur ces produits, nous fait conseiller aux lecteurs de cultiver en pot, chez eux leur Aloès, et de faire leurs produits. Si l'Aloès a fait l'objet d'étude de la part des pharmacobotanistes, il ne faut pas oublier que de nombreux charlatans s'en sont emparer uniquement pour en tirer profit. L'intérêt de tous est d'éviter qu'une plante aussi précieuse se trouve discréditée par des simplifications rapides, douteuses et peu crédibles.
Les recettes produites à base d'aloès
-Le jus d'aloès pressé
80 ml de solution aqueuse du jus de feuilles fraîches d'aloès (Aloe ferox, les feuilles sont conservées au frais et dans un endroit sombre 12 à 14 jours auparavant)
20 ml d'alcool à 95%
Les feuilles doivent être lavées avec soin à l'eau chaude.
Elles seront ensuite finement concassées, enveloppées dans de la gaze et pressées.
La suspension qui en découle doit être filtrée. (avec de la gaze ou du papier filtre)
Le filtrat est réchauffé pendant 8 à 10 minutes jusqu'à ébullition et versé dans un récipient de décantation. On y ajoute la quantité d'alcool nécessaire. On laisse ce mélange dans un endroit frais et sombre pendant 14 jours, en le remuant une fois par jour. On filtre ensuite.
-Crème à l'aloès pour la protection de la peau
Composition:
6 g de cire d'abeilles (blanche)
6g d'huile de jojoba
40g d'huile d'amandes douces
20g de Teinture D1 faite de feuilles biostimulées d'aloès (toutes les sortes d'aloès à l'exception d'Aloès ne contenant pas d'aloïde)
Jean Aikhenbaum
sources :
Réussir votre santé 1997
Le pouvoir de guérir par la nature – Editions Christian Godefroy – Aikhenbaum Jean – Daszkiewicz Piotr