vu à travers la presse :
L'INCROYABLE PROJET DE DIVISION
DE LA PALESTINE
Londres, 7 juillet. La commission royale d'enquête sur les
affaires de Palestine a
publié ce soir son rapport, accompagné de recommandations qui ont déjà été
approuvées par le gouvernement britannique.
Deux Etats ?
La commission déclare qu'elle ne voit aucun espoir de pacification de la Palestine,
si ce n'est dans la
division du pays…….
La commission propose donc de constituer deux Etats souverains
l'un juif, l'autre arabe
le premier couvrant un tiers environ du pays, l'autre
les deux tiers.
La Grande-Bretagne continuerait à avoir un mandat permanent sur
Jérusalem. Bethléem, Nazareth, et sur un couloir allant de Jérusalem à Jaffa. Certaines villes, dont Haïfa; Tibériade
et Saint-Jean-d'Acre, resteraient sous mandat britannique temporaire. ….Malgré cette division, il
y aurait encore 225.000
Arabes environ, vivant en territoire juif et 1.200 juifs
seulement, vivant en territoire arabe.
Manifestations à Vienne
Autorités britanniques indécises
La déclaration Balfour a reconnu aux Juifs du monde entier le droit de s'établir en Palestine.
l'Angleterre était rappelée à la stricte observation des promesses — dont l'imprudence commence à apparaître — faites en son nom par lord Balfour, en 1917. Les Juifs de Vienne, de leur côté, organisèrent, en janvier dernier, trois grandes manifestations contre la mise en vigueur d'un régime parlementaire en Palestine.
On conçoit sans peine la perplexité des autorités britanniques devant les protestations auxquelles donnait lieu l'institution du Conseil législatif. D'autant plus que des indices certains prouvaient que les adversaires en présence n'entendaient rien céder de leurs prétentions respectives.
Ligue d’auto-défense juive
Les Juifs organisèrent une ligue d'autodéfense, appelée Haganah. Au début de l'année, 5.500 membres, militarisés et armés, en faisaient partie. Grâce aux libéralités de riches capitalistes juifs, cette ligue disposait d'un budget de £ 100.000. Ce qui lui permettait d'avoir 200 autos pour assurer les déplacements de ces troupes paramilitaires et d'organiser un service sanitaire et un service de renseignements.
Les Arabes, de leur côté, ne restaient pas inactifs. Ils créaient des sections de Chemises vertes, sur le modèle des wafdistes égyptiens. Un de leurs chefs, Emil el Ghouri, ne cachait pas que ses compatriotes s'armaient pour la lutte. Il ne faisait pas mystère non plus du projet qui avait été formé d'affamer la population juive qui était massée dans quelques villes et dont l'approvisionnement dépendait des campagnes où les Arabes se trouvent en énorme majorité.
Les autorités chrétiennes inquiètes
Enfin, brochant sur le tout, les autorités chrétiennes elles-mêmes ne cachèrent pas leurs inquiétudes aux autorités britanniques. L'importance de l'immigration juive, au cours des dernières années, devenait une menace pour les droits traditionnels des religions chrétiennes en Terre Sainte et pour les intérêts spirituels et matériels des diverses congrégations qui y sont entretenues par les diverses Eglises.
Un immigrant juif assassiné
Dans ces conditions, il ne fallait qu'un incident pour mettre le feu aux poudres. Un immigrant juif, Ispali liazan, avait été tué, le 15 avril, par des bandits arabes. Les Juifs voulurent faire de ses funérailles une grande manifestation de protestation. Des Arabes ayant été attaqués à Tel-Aviv, des représailles immédiates furent exercées, à Jaffa, contre les Juifs. Ces derniers, ne se sentant plus en sécurité, abandonnèrent leurs maisons pour se réfugier à Tel-Aviv. Les maisons vides furent incendiées par les Arabes. Le bilan des troubles, au bout de quelques jours, atteignait 21 tués, dont 5 Arabes, et plus de 150 blessés.
Le mufti de Jérusalem, Haganin Hussein, président du Conseil suprême musulman, est l'âme de la résistance. A son instigation, les Arabes ont décrété la grève générale et ont décimé qu'ils la poursuivraient jusqu'à ce que les conditions mises par eux à l'institution d'un Conseil législatif aient été acceptées.
…..Les Arabes se sont révoltés contre les Juifs qui demandent aux autorités britanniques d'assurer leur protection. La situation est délicate pour le gouvernement de Londres. Il est pris entre les exigences des Juifs, les protestations des Arabes et la nécessité de rétablir l'ordre en Palestine, dont l’occupation paisible est devenue plus que jamais nécessaire à l'Empire britannique. N'est-ce pas à Haïfa qu'aboutit le pipe-line amenant le pétrole de l'Irak ? Et la tension qui règne en Méditerranée depuis l'été dernier a souligné encore l'importance de la Palestine comme base pour la flotte et pour l'aviation britanniques.
Ibn Seoud attend….
Les choses en sont là. Cependant, énigmatique, le roi Ibn Saoub surveille toutes les manifestations d'effervescence dans le monde arabe. Tout se passe comme s'il attendait son heure pour intervenir dans une situation déjà si délicate. La politique suivie à Londres et à Genève dans le conflit italo-éthiopien pourrait bien réserver encore de pénibles surprises.
Sans attendre le rapport de la Commission d’enquête, Juifs et Arabes ont repris une lutte dont l’Angleterre n’est pas la seule à suivre les péripéties.
Le pays serait divisé suivant une ligne allant de la mer de Galilée à la mer Morte. A l'ouest de cette démarcation, serait constitué l'Etat juif, qui deviendrait un dominion dans l'Empire britannique. A l'est, serait créé l'Etat arabe, qui serait placé sous la suzeraineté d'Abdullah, émir de Transjordanie. Haïfa deviendrait un port international, tandis que les villes saintes de Jérusalem, Bethléem et Nazareth resteraient sous mandat britannique.
Plans de partage rejetés par les Juifs et les Arabes
La commission proposerait la constitution d'un Etat fédéral composé de cantons juifs et de cantons arabes. Certains ont même parlé de provinces autonomes.
Dans tous les cas, ces divers projets aussitôt divulgués ont réalisé l'unanimité des Juifs et des Arabes qui ont été, pour une fois, d'accord et ont déclaré avec véhémence et indignation que ces plans de partage étaient inacceptables.
Il semble même que les Juifs aient été plus violents que les Arabes dans leurs protestations. Elles ont redoublé lorsque le contingent d'immigration du 1er avril au 31 juillet a été publié. Les autorités britanniques ont admis l'entrée, durant cette période, de 400 Juifs d'Allemagne et de 220 provenant d'autres pays. Les demandes s'élevant respectivement à 700 et à 11.250, l'Agence juive n'a accepté que le contingent pour les Juifs d'Allemagne....
Jean Aikhenbaum
sources :
articles de presse - l'Hulanité - Je suis partout
L'antisémitisme de plume ouvrage collectif sous la direction de P.A Taguieff - Berg International éditeurs