Je suis partout du n° 7 du 10.01.31 p1
Nous foisonnons de gens qui veulent s'entendre avec l'Allemagne et qui ne savent pas un mot de l'histoire allemande, ni de la manière dont les Allemands conçoivent les choses. La psychologie des peuples est à la mode, mais on fait de la psychologie comme si les peuples dataient d'hier, comme si une longue histoire ne les avait pas façonnés et comme si, depuis des siècles, ils n'avaient pas fait l'essai de tous les systèmes, de toutes les sagesses comme de toutes les folies.
M. Louis Reynaud, professeur à la Faculté de Clermont, est un des maîtres les plus éminents de notre Université. Depuis trente ans, il ne cesse d'étudier l'Allemagne, dans sa littérature, son art et sa pensée. D'importants travaux sur le romantisme, sur l'influence française en Allemagne et l'influence allemande en France l'ont fait connaître déjà d'un public plus large que le public des érudits. Il nous donne aujourd'hui, sous une forme ramassée rapide et brillante, l'essentiel de ses réflexions et de ses recherches. Jamais livre n'est venu plus à point.
M. Reynaud ne fait point l'histoire des relations politiques des Français et des Allemands, mais celle de leurs relations intellectuelles et sentimentales. Non seulement cette double enquête éclaire d'une lumière nouvelle le caractère des deux peuples, mais surtout elle montre dans quelle mesure le génie de l'un est assimilable par le génie de l'autre.
Depuis le moyen âge, la France a, par deux fois, imposé à l'Allemagne son goût, son art, sa littérature, sa conception de l'homme et de la vie ; par deux fois aussi, le génie allemand a, sinon subjugué, tout au moins envahi le génie français. Il y a ainsi deux grands siècles d'expansion française : le treizième et le dix-septième et deux grands siècles d'expansion germanique : le seizième et le dix-neuvième Deux siècles d'ordre et deux siècles de révolution.
Je suis partout du n° 7 du 10.01.31 p3
Le Volkischer Beobachter, organe central du parti national socialiste, a publié le 2 janvier un grand message d'Adolf Hitler à ses troupes pour l'année nouvelle.
La onzième année du combat mené par le mouvement national-socialiste est terminée. Un groupe obscur de sept individus est devenu un parti de huit millions d'hommes. Quelques-uns seulement savent quel travail représente ce progrès formidable, et quels sacrifices ! Le destin ne nous a rien épargné et rien n'a été obtenu sans amertume. Onze années durant, le mouvement a couru de danger en danger ; un jour assailli par la haine, le lendemain tourné en dérision ; bientôt accablé sous le silence ou, au contraire, sous les mensonges et les calomnies ; interdit, dissous, puis renaissant pour surgir à la fin de chaque année plus vaillant et plus fort.
Le mouvement national socialiste a fait én. Allemagne le point pour les esprits. Si aujourd'hui, à l'époque de notre pire abaissement, des millions d'hommes soulevés par notre foi relèvent fièrement la tête, c'est que brille à leurs yeux le symbole que notre aigle tient dans ses serres : la croix gammée domine l'étoile soviétique.
Auparavant, dans la presse, dans la vie publique au Parlement, partout régnaient le bolchevisme juif et les ennemis de la Nation. Le travailleur allemand, mésestimé par la bourgeoisie, devenait irrémédiablement la proie des marxistes dupeurs du peuple. Aujourd'hui, il y a huit millions d'hommes derrière la pure pensée allemande, qui disposent du parti le plus magnifiquement organisé. Contre les criminels marxistes, marche dorénavant le fanatisme national. Ce dont on se moquait hier est redouté aujourd'hui.
Et tout cela, partisans, hommes et femmes est notre œuvre, votre œuvre.
............A tous ceux qui ont combattu et saigné dans nos combats, nous ne pouvons donner en guise de « merci » que cette assurance :
VOUS AVEZ MARCHÉ POUR LA NATION ET POUR LE PAYS ALLEMANDS ; NOUS CONTINUERONS A MARCHER POUR LA NATION ET LE PAYS ALLEMANDS, MAINTENANT, DEMAIN, ET TOUJOURS DANS L'AVENIR, AUSSI LONGTEMPS QUE LE SEIGNEUR NOUS LAISSERA EN VIE. NOUS SERVIRONS TOUJOURS L'ÉTENDARD QU'UN JOUR NOUS AVONS CHOISI COMME NOTRE SYMBOLE. SIGNE DU REICH QUI VIENT, IL VOUS A ENVELOPPÉS, VOUS QUE LE DUR DESTIN A ÉLOIGNÉS DE NOUS ; A L'HEURE DERNIÈRE A LAQUELLE LE DESTIN NOUS APPELLERA A NOTRE TOUR, NOUS VOUDRONS AUSSI NE PAS AVOIR D'AUTRE PAVILLON QUE CELUI DU RELÈVEMENT DE L'ALLEMAGNE ! NOTRE DRAPEAU, NOTRE BANNIÈRE ! »
La douzième année de lutte commence pour notre mouvement.
Nous sommes tous persuadés que le cycle de la passion allemande s'achèvera cette année.
Nous savons tous que la liberté comme don gratuit n'existe pas. Depuis toujours, le bonheur est lié aux larmes, et Beni celui qui a souffert éprouve la suprême jouissance. Le mouvement national socialiste engage un combat difficile....
Je suis partout du n° 7 du 10.01.31 p7
Tout comme les états à régime parlementaire, la Russie soviétique vient d'avoir, elle aussi, sa crise ministérielle. Du reste, cette crise couvait depuis longtemps ; la dictature de Staline était loin de plaire aux grands chefs du bolchevisme, vétérans chevronnés des grandes luttes politiques et nouveaux venus aux ambitions démesurées. Ils ne supportaient qu'avec impatience l'arrogance de ce Géorgien, que Lénine lui-même avait qualifié, dans son célèbre testament, d'individu ignorant, grossier et borné, en recommandant à ses successeurs de ne jamais lui confier aucun poste important et responsable.
Pour bien comprendre la signification des derniers événements, il faut se rappeler que l'Union des Républiques socialistes soviétiques, ou l'U.R.S.S., est composée de plusieurs républiques, dont la plus importante est la république russe ou R. S. F. S. P. D'après la constitution soviétique, chacun de ces Etats a son propre conseil des commissaires du peuple (Sovnarkom) ; la fédération elle-même est gouvernée par un conseil central, le Sovnarkom de l'U. R. S. S. présidé par Rykov. Au dessus de cette organisation, il y a encore le Comité Central Exécutif des Soviets ou Zik 7, dont le président, Kalinine, est, en quelque sorte, le chef de l'Etat.
Alexis Ivanovitch Rykov, dit Alexis >, dit Rojkov, dit Vlassov, dit le Bègue, dit Vassili, dit Sevostian, né en 1881, avait fait un peu tous les métiers, mais surtout celui de conspirateur. Surveillé par la police, il obtient l'autorisation de se rendre à l'étranger, ou il organise avec Lénine une école de préparation bolcheviste à Longjumeau. De retour en Russie, il se lance dans une active propagande révolutionnaire et se fait pincer par les gendarmes en février 1910 ; déporté en Sibérie, il s'en échappe aussitôt pour se faire reprendre, déporter à nouveau en 1913 et s'évader encore une fois l'année suivante. Puis, c'est la guerre, le bolchevisme, la montée au pouvoir. Malgré ces brillants états de services, révolutionnaires, Rykov a. toujours été et est resté un hésitant et un timoré ; beaucoup plus enclin au socialisme doré qu'au bolchevisme, Rykov ne suivit Lénine que sous l'influence du terrible ascendant que ce dernier exerçait sur les natures faibles. Il subit plus tard Staline, comme il avait subi Lénine, mais avec moins de patience et plus de palinodie.
Quoi qu'il en soit, avec Rykov disparaît l'un des derniers grands lieutenants de Lénine. Sverdlov assommé par les ouvriers, Dzerzinsky mort, Trotzky, Zinoviev, Kamenev, Radek écartés définitivement par Staline, Lounatcharsky réduit à des rôles de troisième ordre, il ne reste plus guère de la grande équipe que Meer Enoch, Moiseevitch,. Vallach, dit Litvinov, dit Finkelstein, dit Maximovitch, ancien bandit, expulsé en 1908 de France pour recel des sommes volées à la Banque de Tiflis et présentement commissaire aux Affaires étrangères de l'U.R.S.S. C'est un fait capital à retenir : le bolchevisme est en train de se dévorer lui-même, comme l'a fait la révolution française, et Staline, dans son intolérante méfiance, en est arrivé à rester seul, comme Robespierre avant Thermidor.
Allemagne - Les textes désagréables.
On sait que Nietzsche est un auteur dont se recommandent volontiers les nationalistes de tous pays. Sa sœur et héritière, Mme Forster-Nietzsche, qui est une raciste convaincue, a tout fait pour répandre cette interprétation de son œuvre : elle a été jusqu'à publier un recueil de maximes tirées des différents ouvrages de son frère, éliminant soigneusement les critiques parfois violentes qu'il dirigea contre l'empire allemand et contre ses compatriotes en général. Un journal berlinois, le Montag Morgen, s'est amusé à rechercher quelques passages, d'ailleurs assez connus, de Nietzsche, qui ne sont pas précisément faits pour enchanter Hitler et son entourage. Par exemple ceux-ci : « Les juifs, qui ont le sentiment d'être le peuple élu, parce qu'il possède, plus que tout autre peuple, le génie moral... » ou encore : « En lisant Montaigne, La Rochefoucauld, La Bruyère, Fontenelle, Vauvenargues, Chamfort, on se sent plus près de l'antiquité qu'en lisant six autres auteurs de n'importe quel pays. Ils contiennent plus de véritables pensées que tous les livres des philosophes allemands »... ou encore ceci : « Les Allemands ont sur la conscience cette maladie, la plus contraire à toute culture et à toute raison, le nationalisme, cette névrose nationale dont l'Europe est malade, ce maintien à perpétuité des petits pays et de la petite politique ; ils ont fait perdre à l'Europe sa signification, sa raison, ils l'ont poussée dans un cul-de-sac. »
Je suis partout du n° 8 du 17.01.31 p3
On se moquait en Allemagne, il y a peu de temps encore, de la jeunesse des troupes hitlériennes. Dans la presse quotidienne et dans les hebdomadaires, ce n’était que haussement d’épaules, brocarts, photographies et caricatures tendant à ridiculiser le parti national-socialiste et à traiter ses manifestations non pas comme une affaire d’Etat, mais comme une affaire d’enfance. On oubliait pas tout à fait, cependant, le chiffre des voix abstenus par les racistes aux élections générales 6 millions et demi de voies, accrues encore lors des élections partielles ou municipales ! mais l’on soutenait que la moitié des électeurs hitlériens votaient par « jeunesse » et l’on se proposait en guise de remède, de relevé la première limite de l’âge électoral...
L'article publié le même jour par le Berliner Tageblatt, « Jeunesse et national-socialisme », est un appel analogue, mais destiné, celui-là, à toucher non pas la jeunesse catholique, mais celle des milieux libéraux ou libres-penseurs, démocrates et républicains de gauche, qui paraît elle-même en danger d'abandonner les opinions paternelles.
En tout cas, le Berliner Tageblatt ne semble pas en douter. Le national-socialisme a réussi auprès de la jeunesse en plaçant « la parole de jeunesse au cœur de ses revendications ». Tout parti qui l'oublie trop perd, à notre époque, la plupart de ses adhérents. Le parti d'Hitler en a bénéficié par masses compactes. « Le passage de la jeunesse allemande au radicalisme est le plus grave de tous les graves dangers que court le Reich ; Et tandis que les Nazis appliquaient les meilleurs moyens de conquérir les jeunes, les républicains brillaient par leur incompréhension de ce qui peut enthousiasmer un jeune homme. On accordera que, sous la plume d'un rédacteur du grand journal démocrate, pareil aveu est assez inquiétant. Il serait fou, conclut-il, de se faire des illusions : l'adhésion de la jeunesse à l'idéal du Troisième Reich, à l'Etat mâle où la liaison est étroite entre le chef et chacun de ses hommes, est d'ores et déjà très avancée. L'idéal de la fidélité, de la discipline et de la libération nationale, voilà la nouvelle trinité qui rallie désormais une foule de jeunes gens à Hitler, la majorité des étudiants, notamment, et la fraction des jeunes ouvriers que les Nazis ont pu enlever aux communistes et aux organisations de la gauche socialiste.
Je suis partout du n° 8 du 17.01.31 p7
URSS -La justice des camarades...
Le retentissant procès qui s'est déroulé dernièrement à Moscou et où des places avaient été obligeamment réservées, au banc des accusés, à M. Poincaré, au maréchal Pétain et autres personnalités, a attiré l'attention sur la justice en U.R.S.S.
Ce qui donna la victoire aux bolchevistes sur le gouvernement provisoire, c'est qu'ils avaient un programme, tandis que Kerensky n'en avait pas et flottait au gré des courants. Mais si les nouveaux maîtres de la Russie appliquèrent leurs théories économiques et politiques avec une obstination, une ténacité de maniaques, ils se trouvèrent fort embarrassés pour régler une question qu'ils n'avaient pas prévue : celle de la Justice. La conception matérialiste de Karl Marx, ce messie du socialisme, ne reconnaît pas, on le sait, l'existence d'idées, de principes abstraits : Justice, Droit, Religion, autant d'attrape-nigauds, ou, selon l'expression consacrée : de superstructures sur les fondations économiques. Que le système économique change, et ces édifices en carton-pâte s'écroulent aussitôt. Après avoir bafoué la justice « bourgeoise », cette arme servant à opprimer le prolétariat, les bolchevistes, une fois au pouvoir, se virent obligés de faire face aux devoirs qui incombent à tout gouvernement, à tout pouvoir, fût-il celui des camarades. Malgré les formidables bouleversements politiques qui s'étaient succédé depuis huit mois, la vie suivait son cours, avec ses joies, ses peines, ses misères ; on naissait et on mourait, on se mariait et on divorçait, on volait et on assassinait. Il fallait donc protéger les uns, punir les autres, trancher des différends, bref, exercer la justice. Situation difficile, paradoxale même pour des marxistes bon teint ! On en discuta à perte d'haleine, l'idée de « sauver la face », de supprimer toute justice, tous juges, tous tribunaux, fut même sérieusement agitée dans la presse soviétique. Pourtant, Lénine et ses acolytes se résignèrent finalement à donner une entorse au marxisme ; on en avait donné bien d'autres !
Tribunaux du peuple, tribunaux révolutionnaires
Ainsi, c'est la loi des suspects dans tout son sanglant cynisme. Point n'est besoin de commettre un crime, c'est-à-dire de ne pas payer ses impôts à temps, de déblatérer contre les Soviets, de refuser à entrer dans un « Kolkhoz », d'écrire une lettre à un ami à l'étranger ; il suffit d'être soupçonné de pouvoir accomplir un de ces forfaits pour être collé au mur.
Et, ne l'oublions pas, ce code de sang est également applicable dans toutes ses dispositions aux étrangers qui ont prudence de se fourrer dans le guêpier soviétique : les articles 70 et 71 le spécifient expressément. Un Français, un Anglais, un Italien, voyageant en Russie pour ses affaires ou son plaisir, peut être coffré, condamné et fusillé, non seulement pour avoir correspondu avec ses amis de Paris, Londres ou Rome, mais simplement pour avoir été soupçonné de pouvoir le faire. Et aucun recours n'est possible aux ressortissants des puissances qui ont reconnu les Soviets et, par conséquent, toute leur législation ; aucune chance ne leur reste d'échapper aux bourreaux bolchevistes, si ce n'est la fuite, comme l'a fait, il y a quelques jours, cet ingénieur anglais qu'on a trouvé agrippé à l'essieu d'un wagon du train venant de Moscou.