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10 décembre 2014 3 10 /12 /décembre /2014 12:19

 

 

 

S.A.I.  Louis Nataniel de Rotschild

Certes ce n’est pas une personnalité médiocre que celle du baron Louis Nataniel de Rothschild, à qui il fut donné de tirer pour un temps les finances de son pays d'une bien fâ­cheuse posture. Il serait cependant exagéré d'affirmer que c'est une personnalité brillante.

Le baron Louis de Rothschild n'a pas la téna­cité farouche de son arrière-grand-père, Salo­mon Meyer, ni la conception originale de son père Albert Salomon. Il tient plutôt de son grand-père Anselme qui, en l'année noire de 1873, au plus fort de la crise économique, char­gea son intendant, Jules de Goldschmidt, de la mission délicate qui consistait à  casser les reins a de la spéculation en matant ainsi les banquiers qui s'opposaient encore à la suprématie des Rothschild, tandis que lui-même retiré des affaires dans son château, consacrait ses loisirs à sa collection de tableaux, de statues et surtout d'orfèvreries, dont il avait constitué un véri­table petit musée. Son petit-fils, le baron Louis, de Rothschild, est un homme frêle, tout en nerfs, à la parole douce, qui regarde le monde avec l'air désabusé de ceux qui n'ont pas eu à lutter pour conquérir leur haute posi­tion.

Encore en pleine force de l'âge et grand sportif, le baron Louis Nataniel ne parait pas avoir personnellement à souffrir du système matrimonial en vigueur chez les Rothschild qui veut que les mariages ne se contractent que dans les cadres de la famille, alors que son frère Oscar semble avoir été moins favorisé puisqu'il fut assez faible pour se suicider par chagrin d'amour. Le baron Louis ne ressembla pas non plus à ses deux autres frères Alphonse et Eugène. Loin de mener comme eux une existence oisive de grand seigneur, le baron Louis Nataniel, malgré les traditions de la famille, a pris personnellement la direction de la Kreditanstalt, la puissante banque fondée par son grand-père, tâche dont il s'acquittait merveilleusement, car il possède un sens des affaires particulier aux Rothschild qui permet, non seulement de voir clair dans une situation, mais encore d'en tirer parti.

 

Bien qu'il n'y ait pas de comparaison possi­ble entre cet homme et les spéculateurs âpres et avides de l'époque de l’inflation, son flair prodigieux ne lui a pas permis de laisser échapper l'occasion unique offerte par les temps fiévreux d'après guerre pour accroître son patrimoine.

Certes, il est toujours resté au-dessus de la mêlée, assistant en contempla­tif à cette véritable ruée vers l'or, où se dis­tinguaient des financiers nés de la veille, tel le fameux Castiglioni et son rival Bozel. Néanmoins il sut découvrir en l’un de ses directeurs, un nommé Ehrenfest, les mêmes talents qui avaient assuré le succès à ces deux aventu­riers de la finance. Ehrentest qui, trois ans durant, trans­porta infatigablement, dans des valises à po­che secrète, des milliards de couronnes de billets de banque autrichiens pour les conver­tir en valeur stable, dollars ou livres sterling. Grâce aux bénéfices ainsi réalisés, Ehrenlest fonda dans toutes les grandes villes d'Europe, de Vienne à Amsterdam, des entreprises indus­trielles les plus diverses.

Ce fut également lui, qui, basant toutes ses opérations de change sur l'avenir du franc, dans lequel il n'avait jamais cessé de croire, par un coup téméraire réduisit à la merci de son patron tous les rivaux de celui-ci...

Choix de texte et mise en forme

Jean Aikhenbaum

 

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commentaires

S
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> <br /> Cordialement
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