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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 09:28

Quand Pierre Gaxotte collaborait à « Je suis partout »

Présentation de Pierre Gaxotte sur le site de l’Académie française

Né à Revigny-sur-Ornain (Meuse), le 19 novembre 1895.

Après des études au lycée de Bar-le-Duc, puis à Henri IV, Pierre Gaxotte entra à l’École normale supérieure en 1917, et fut reçu premier à l’agrégation d’histoire en 1920, en obtenant parallèlement une licence de sciences.

Ayant entamé une carrière de professeur d’histoire au lycée Charlemagne puis au lycée d'Évreux, il se lia d’amitié avec Arthème Fayard, grâce auquel il fut présenté à Charles Maurras, dont il devint un temps le secrétaire. L’éditeur lui confia ensuite la direction de la collection des « Grandes Études historiques » ainsi que la responsabilité de l’hebdomadaire Candide.

Auteur de nombreuses études historiques : La Révolution française (1928), Le Siècle de Louis XV (1933), Frédéric II (1938), La France de Louis XIV (1946), Histoire des Français (1951), Histoire de l’Allemagne (1963), Aujourd’hui, thèmes et variations (1965), Pierre Gaxotte défendait dans ses ouvrages une vision traditionnelle et classique de l’Histoire, cependant que ses choix politiques le situaient nettement à droite sur l’échiquier politique.

Esprit fin, très cultivé et volontiers caustique, chroniqueur au Figaro dans les années d’après-guerre, Pierre Gaxotte a laissé des souvenirs : Mon village et moi, Les autres et moi, ainsi qu’un ouvrage sur l’Académie française, où il fut élu le 29 janvier 1953 par 18 voix, contre 12 à André Chamson, au fauteuil de René Grousset.

Successeur au fauteuil 36 occupé par Pierre Gaxotte

Jacques SOUSTELLE (1912-1990)

Élu en 1983 au fauteuil 36

Commandeur de la Légion d'honneur

Prédécesseur : Pierre GAXOTTE

Successeur : Jean François DENIAU

Œuvres
Discours et travaux académiqu
es

Américaniste, ethnologue, homme politique, essayiste Biographie

Né le 3 février 1912, à Montpellier. Jacques Soustelle a fait ses études (lettres, philosophie) à Lyon. Reçu premier au concours de l’École normale supérieure en 1929, il est diplômé d’ethnologie (1930), professeur agrégé de l’université (1932) et docteur ès lettres (1937). Chargé de plusieurs missions scientifiques au Mexique de 1932 à 1940, spécialiste des civilisations autochtones de l’Amérique, il a été sous-directeur du musée de l’Homme. Après l’armistice de juin 1940, il rejoint les Forces françaises libres à Londres. Les principales étapes de sa carrière politique sont énumérées ci-après : directeur général des Services d’action en France, à Alger (1943-1944)…..Ministre de l’Information dans le gouvernement de Gaulle (1958). Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé du Sahara, des DOM et TOM et des Affaires atomiques dans le gouvernement Debré (1959-1960). Missions économiques et culturelles au Mexique et en Amérique du Sud. …. Élu à l’Académie française, le 2 juin 1983, au fauteuil de Pierre Gaxotte (36e) et reçu sous la coupole le 24 mai 1984 par Jean Dutourd. Mort le 6 août 1990.

Il est intéressant de noter que Jacques Soustelle est l’auteur de : La longue marche d’Israël et préfacier de l’ouvrage de Menahem Begin : La révolte d’Israël.... et que son parcours politique se situe à l’opposé de celui de Gaxotte.

Voilà un texte que Pierre Gaxotte, n’a pas revendiqué à notre connaissance après la guerre et lors de son élection à l’Académie française en 1953.... apparemment ses historiens oublient également d’y faire référence...

– Comment Pierre Gaxotte (futur académicien, à travers un fait divers, voyait les Juifs).

En droite ligne de ses idées, il fut reçu à l’Académie française le 29 octobre 1953 par le tristement célèbre Général Weygand– antidreyfusard et antisémite : il fait appliquer les lois raciales de Vichy, exclusion des Juifs de la fonction publique, biens sous séquestre. Mais il a été beaucoup plus loin que Vichy, en excluant, les enfants juifs des écoles et lycées, avec l'appui du recteur Georges Hardy. Il instaure en effet, par une simple note de service n°343QJ du 30 septembre 1941, un « numerus clausus » scolaire excluant la quasi-totalité des enfants juifs des établissements publics, d'enseignement, y compris des écoles primaires, « par analogie avec la législation de l’Enseignement supérieur », ce qui n'arriva pas en métropole. Le général de Gaulle, refusera à sa mort qu’une cérémonie officielle se déroule aux Invalides.

Je suis partout n° 403 du 12.08.38 P.1

L’enlèvement du Rabbin ou les mystères du Talmud...

... LL.MM britanniques rentrées dans leur royaume, nous étions en danger de manquer d'actualités. Les dépêches Havas sonnaient le creux et plusieurs secrétaires de rédaction songeaient à se jeter sous un train après s'être arraché leur dernier cheveu.

Le voyage de lord Runciman ? Bien ennuyeux. Bien abstrus. Comment expliquer eu lecteur que ce noble Anglais est chargé d'une mission qui est une médiation sans être un arbitrage, à moins que ce ne soit un arbitrage sans être une médiation ? Et puis, entre nous, le lecteur en a un peu soupé des Tchèques. Les élections, les sokols, les fusillades à la frontière : ça va, c'est mouve­menté, pittoresque, angoissant. Mais ces histoires de déterminations linguistiques...

Le serpent de mer ? Depuis qu'on l'a vu dans la Seine entouré de gardes mobiles, hissant sa petite tête et dressant son long cou au milieu des fontaines et des jets d'eau, il a perdu le mystère et l'attrait.

L'offensive des rouges sur l'Ebre ? Bon départ, qui mit en transes MM. Rosenfeld, Ivanovitch, Couçi-Couça, Lévy-Lopez, Ben­da, Schrameck-Atchoum et autres vieux Bretons. Mais, hélas ! l'affaire tourne au dé­sastre pour l'armée rouge.

Le mari meurtrier d'Evian-les-Bains ? Le maladroit a avoué son crime dans les qua­rante-huit heures et interrompu au deuxième numéro un feuilleton qui s'annonçait bien.

L'offensive de M. Mussolini contre le faux-col ? Vieille histoire qui a déjà inspiré à M. de Waleffe deux tomes d'inégalables chroniques.

Le Tour de France ? Hélas ! Après nos tapes en athlétisme, ballon, tennis et autres sports, on nous avait expliqué qu'il nous restait un espoir, le cyclisme, sport populaire par excellence, où les qualités démocratiques de la race peuvent se manifester avec une exubérance toute française et toute répu­blicaine. Pan ! C'est un Italien, un fasciste, qui gagne et le second est un Belge....

Heureusement dans ce désastre, l’Eternel veillait et il nous a envoyé le rabbin.

Cher rabbin ! Rabbin providentiel ! Rabbin miraculeux !

Dans mon village, on ne s’intéresse plus qu’au rabbin, on s’arrache « Paris sucre » pour avoir des nouvelles du rabbin. Car, enfin, le drame est patent, est rabbin ou n’est-il pas rabbin ?

Un premier point est malheureusement acquis. Il nous faut nous rendre à la triste évidence : le rabbin est Juif. Oui, cet Isaac Leifer qui expédiait dans les deux mondes des centaines de Talmuds truffés d’héroïne est Juif. « Paris-Sucre l’a dit », et s’il y avait le moindre doute, la plus infime possibilité d’émettre le moindre petit doute, « Paris-Sucre » ne l’aurait pas dit.

Pleurons, pleurons....

Mais il reste un espoir. Est-il vraiment rabbin ? Authentiquement rabbin ? Rabbin diplômé, garanti, assuré, reconnu ? Surtout est-il grand rabbin ?

Au premier abord pas la moindre hésitation. Le Temps lui-même était affirmatif :

Les faits divers d’aujourd’hui

Au début du mois dernier, la police était avisée qu’un étranger, jouissant d’une grande influence dans la colonie juive de New-York et de passage à Paris était susceptible de se livrer au trafic international de stupéfiants entre la France, l’Amérique et la Palestine.

.... L’étranger signalé fit chargé dans un taxi un nombre impressionnant de paquets...Au bureau de poste de la Bourse les paquets furent enregistrés... A ce moment le commissaire et l’inspecteur principal arrêtèrent les deux clients. Il s’agissait des nommés Isaac Leifer, de nationalité américaine, par naturalisation et grand rabbin de Brooklyn. Il se trouvait en compagnie d’un coreligionnaire, Hermann Gottdiener sujet hongrois... dans la voiture se trouvait de nombreux livres de prières en langue hébraïque ... la reliure avait été soigneusement évidée... et contenait deux paquets d’héroïne d’un poids total de 160 grammes environ ...

Rabbin, rabbin, grand rabbin, rabbin, grand rabbin, personnalité jouissant dune grande influence dans la colonie juive de New-York (...ils ont donc aussi des colonies ? le mot y est, répété avec insistance).

Et puis le lendemain c'est le doute, la négation, le démenti. Non seulement le rabbin n'est pas grand rabbin, mais il n'est — ni petit, ni moyen. C'est un faux rabbin, un rabbin de pacotille, un rabbin qui n'est pas rabbin, bref un abominable imposteur, et son imposture est établie par les textes les plus formels, les témoignages les plus irrécusables. Le dictionnaire du rab­binat l'ignore ; l'annuaire cabbalique ne le mentionne pas ; le tout-Jérusalem n'en porte pas trace ; la rue des Rosiers le renie ; l’avenue du Bois n'en a jamais entendu parler, et par câble les 785.387 Levy de New-York mandent à Paris-Sucre » que jamais rabbin brooklynois ne s'est appelé Isaac-Leifer.

Sans doute, nous apprend « Ce soir », il y a bien à Brooklyn un rabbin (petit, pas grand) qui se nomme Isak Leifer, mais Isaak n'est pas Isaac, pas plus que chou-vert n'est vert-chou.

Là-dessus, interrogatoire du rabbin. Et le faux rabbin redevient vrai rabbin.

  • Je suis, dit-il, l'Isak de Brooklyn, car Isaac et Isak, c'est comme oui dirait Veil et Nozière, Wiener et Croisset, Poznanski et Savoir, Weiskopf et Gombaud, Brunswick et Montehus, en d'autres termes le même nom écrit autrement. Je suis rabbin, et très rab­bin. Quant au grand, j'avoue que cette épithète est d'usage plus que de droit. Pas plus qu'il n'y a de généraux en Suisse, il n'y a de « grands rabbins » aux Etats-Unis. La démocratie s'y oppose. Cependant, de même qu'il y a chez vous des Dupont qui sont marqués par le consentement de leurs relations et la courtoisie de leurs domesti­ques, de même qu'il y a des sucriers qui sont baptisés « grands industriels » par les ligues qui les tapent et des journaux que les autres appellent « notre grand confrère du soir », il y a des rabbins qui sont grands, non par le galon, mais par leur science en hébreu ou parce que leur papa et leur grand-papa étaient eux-mêmes rabbins. Tel est mon cas. Ma grandesse n'est pas un grade, c'est un signe de respect qu'on me donne, une marque de prééminence et d'honneur. Grand je suis et grand je resterai. Au surplus, j'ignore tout de l'accusation : adressez-vous à M. Jacob.

Je guettai le câble des 785.387 Lévy de New-York : rien ne vint. Je feuilletai fiévreu­sement « Paris-Sucre » : je ne trouvai rien. Comme ces romans que l'on finit sans expli­cation quand les abonnés protestent ou ces campagnes antialcooliques qui disparaissent du jour au lendemain, le rabbin était coupé. Plus de Talmud, plus de reliures, plus de contrebande, plus d'héroïne. Plus de rabbin !

Le Seigneur nous l'a donné ; le Seigneur nous l'a repris.

Mais, entre nous, qu'est-ce que « Paris-sucre » a dû recevoir de lettres signées Blum! Ou Moch. Ou Rosenfeld. Ou Hirskowitz. Ou Zay. Ou Blumel. En confidence, il en a même reçu de trop. Car — inoffensive plaisanterie du temps chaud — à la première apparition du vieil Isaac, je lui avais expédié moi-même une belle protestation racique que j'avais signée Mandel.

Références : Je suis partout 403 du 12.08.38 P.1 –

Choix de texte

Jean Aikhenbaum

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commentaires

O
On en veut plus avec autant d\'humour. Merci.
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